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Les syriens des anciennes zones de l'opposition en difficulté après que les groupes d'aide ont perdu l'autorisation du régime

AFP

Des enfants syriens sont assis dans la rue lorsqu'un convoi humanitaire transportant de la nourriture arrive le 15 mars dans la ville de Douma, dans la Ghouta orientale, qui est sous le contrôle de l'opposition. Alors que des villes sont passées des mains de l'opposition à celles du régime, de nombreux groupes d'aide internationaux ont été contraints de mettre fin à leurs services. [Hamza al-Ajweh/AFP]

Des enfants syriens sont assis dans la rue lorsqu'un convoi humanitaire transportant de la nourriture arrive le 15 mars dans la ville de Douma, dans la Ghouta orientale, qui est sous le contrôle de l'opposition. Alors que des villes sont passées des mains de l'opposition à celles du régime, de nombreux groupes d'aide internationaux ont été contraints de mettre fin à leurs services. [Hamza al-Ajweh/AFP]

Des dizaines de milliers de syriens habitant des zones reprises cette année par les forces du régime sont toujours coupés de l'aide humanitaire, les agences d'aide qui leur ont porté assistance pendant des années ne pouvant plus les atteindre.

Alors que des villes sont passées des mains de l'opposition à celles du régime, des groupes d'aide internationaux ont été contraints d'interrompre leurs services vitaux de santé, de nourriture et de protection, car ils ne disposent d'aucune autorisation gouvernementale pour travailler.

Depuis avril, cela a laissé des civils vulnérables dans le sud de la Syrie, dans la région de la Ghouta orientale près de Damas et dans les zones rurales de la province d'Homs sans l'aide vitale dont ils dépendaient.

« Au total, des dizaines de milliers de personnes sont touchées par l'arrêt de l'aide humanitaire », a fait savoir Joelle Bassoul, porte-parole de CARE International, une organisation qui envoyait de l'aide dans les régions tenues par l'opposition.

« De fait, lorsque nous mettons fin à nos opérations, cela signifie que nos partenaires ont mis fin à leurs opérations et que nous ne disposons plus d'aucune capacité humanitaire dans cette région. »

Selon l'ONU, plus de sept ans après le début du conflit syrien, treize millions de personnes dans tout le pays ont encore besoin d'aide humanitaire.

L'aide s'est politisée dès le début, et deux opérations distinctes se sont développées.

Dans l'une d'elles, à Damas, l'ONU et d'autres agences ont fourni de l'aide uniquement avec l'autorisation du régime.

Dans le même temps, des organisations non gouvernementales (ONG) basées en Turquie ou en Jordanie ont aidé des civils des régions tenues par l'opposition grâce à un système parallèle.

Cette année, le régime a récupéré le contrôle de beaucoup de ces zones grâce à une série de victoires militaires, forçant ces agences internationales à se retirer.

Les cliniques ferment

« L'aide qui provenait d'agences internationales dans le sud s'est soudainement arrêtée », a déclaré Mohammad al-Zoabi, âgé de 29 ans et originaire d'Al-Mseifra dans le sud de la Syrie.

« Désormais il manque de la farine, du matériel médical et des hôpitaux en général après la fermeture de points médicaux et de cliniques de campagne, ce qui a eu un impact négatif sur les habitants », a-t-il affirmé.

Selon l'ONU, 66 camions d'aide sont entrés dans le sud de la Jordanie en juin, mais aucun en juillet, lorsque les forces du régime se sont emparées de la zone.

Les habitants du sud de la Syrie ont signalé la fermeture des hôpitaux et la pénurie de médicaments et de farine.

Ils ont indiqué que des docteurs et des travailleurs humanitaires syriens ont fui, qu'ils étaient recherchés par les forces de sécurité pour avoir travaillé dans les zones d'opposition, ou qu'ils avaient demandé sans succès l'autorisation du régime pour reprendre leur travail humanitaire.

L'International Rescue Committee (IRC), Mercy Corps et Save the Children ont tous confirmé avoir mis fin à leurs programmes d'aide.

« Pendant la guerre, lorsque des zones sont passées sous le contrôle du gouvernement, l'IRC a arrêté de fournir une aide dans ces régions », a fait savoir Lorraine Bramwell, directrice de l'IRC dans le pays.

L'IRC a déclaré avoir aidé l'année dernière 300 000 personnes dans le sud de la Syrie, et avoir soutenu six cliniques dans la Ghouta orientale.

Le régime a repris la Ghouta en avril après une offensive qui a tué 1 700 civils.

Accès « restreint »

Les habitants de Talbisseh, une ville d'Homs capturée par le régime en mai, ont rapporté que les médicaments et la nourriture sont devenus indisponibles ou trop chers.

« Avant l'arrivée du régime, il y avait un hôpital et trois points médicaux à Talbisseh, mais ils ont tous fermé, parce que maintenant ils ont besoin d'une autorisation des ministères », a déclaré Sami, âgé de 20 ans.

Les zones étant de nouveau sous le contrôle du régime peuvent accéder à des services fournis par l'État et recevoir de l'aide de la part du Croissant-Rouge arabe syrien, principal fournisseur d'aide approuvé par le gouvernement.

Mais les habitants ont déclaré que les hôpitaux du gouvernement sont souvent trop éloignés, et l'aide du Croissant-Rouge n'est pas au même niveau que celle qu'ils recevaient des ONG internationales.

D'autres ont dit avoir peur d'utiliser les services du régime, en cas de représailles pour les années passées sous le contrôle de l'opposition.

« L'accès humanitaire aux zones qui ont changé de mains est toujours restreint », a fait savoir l'ONU en août.

« Ceci empêche une réponse rapide aux besoins humanitaires, qui restent globalement importants suite au siège subi pendant une longue période. »

Des ONG internationales œuvrent encore dans le nord-est de la Syrie, contrôlé par les Kurdes, et à Idlib, dernier bastion majeur dans le nord-ouest.

Certaines organisations pourraient demander l'autorisation au régime pour travailler à Damas.

Mercy Corps a déjà fait sa demande, a indiqué le directeur national Arnaud Quemin, soulignant cependant que l'ampleur des opérations transfrontalières ne sera pas facilement remplacée.

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