Des bâtiments militaires appartenant à plusieurs membres de la coalition internationale luttant contre « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), dont la France, sont positionnés en mer Méditerranée au large de la Syrie, a rapporté à Diyaruna un analyste militaire.
Ce dispositif fait partie d'un immense réseau de forces terrestres, navales et aériennes déployées dans tout le Moyen-Orient dans le cadre de l'opération Inherent Resolve, a déclaré le major général Abdoul Karim Ahmed, analyste militaire et officier à la retraite de l'armée égyptienne.
Dans ce cadre, la marine française joue un rôle essentiel pour la surveillance et l'intervention, a-t-il précisé, soulignant que les bâtiments français, parmi lesquels le Chevalier Paul et Auvergne avaient ajouté une nouvelle tâche à leur cadre de mission.
En plus d'être prêts à combattre l'EIIS, ils procèdent en effet à une surveillance afin de détecter et de réagir sur ordre à toute intervention militaire illégale pouvant intervenir en territoire syrien, en particulier l'utilisation d'armes chimiques par les forces du régime de Damas, a-t-il rapporté.
Les enquêteurs internationaux ont découvert que le régime syrien avait lancé au moins à trois reprises des attaques à l'arme chimique.
Le mois dernier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait prévenu que les attaques à l'arme chimique contre le bastion d'opposition d'Idlib entraîneraient des « conséquences » pour le régime syrien et qu'elles déclencheraient une réponse de Paris.
« La France met en garde contre l'utilisation d'armes chimiques », a-t-il déclaré, la qualifiant de « ligne rouge ».
Les remarques de Le Drian interviennent après une déclaration publiée en août, dans laquelle les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne menaçaient d'agir si le régime utilisait des armes chimiques lors d'une offensive pour reprendre la province d'Idlib.
Les trois puissances se sont dites « gravement préoccupées » par l'offensive militaire à Idlib et les conséquences humanitaires, et ont souligné leur inquiétude quant à une possible nouvelle utilisation d'armes chimiques.
Capacités de surveillance et d'attaque
« Les frégates françaises positionnées en Méditerranée sont équipées de technologies de surveillance de point par satellite et d'appareils aériens équipés de systèmes d'imagerie et de transmission d'informations », a déclaré Ahmed.
Ces navires sont connectés au commandement international des opérations et au commandement central des opérations de la marine française.
« Depuis leur position au large de Latakia, les bâtiments français sont capables de détecter tout déplacement suspect lié aux armes chimiques effectué par les forces du régime, et d'intervenir militairement pour empêcher une attaque », a-t-il fait savoir.
L'objectif est de protéger le peuple syrien des conséquences d'une telle attaque, a-t-il expliqué, précisant qu'une intervention militaire dans de telles circonstances est considérée comme « la réponse la plus appropriée » pour empêcher une effusion de sang.
L'intervention dans de tels cas est soumise à une vérification par le biais d'un système complexe de collecte d'informations qui utilise des images satellitaires et la détection des déplacements d'avions, a-t-il précisé.
Tout cela est vérifié par des informations récoltées par des avions de reconnaissance et des sources humaines sur le terrain, a-t-il indiqué. Comme ce genre d'attaque est mené par des avions militaires, la surveillance inclut les avions et les armes dont ils sont équipés.
Des frégates françaises au large de Latakia
Parmi les frégates françaises positionnées au large des côtes se trouve l'Auvergne (D654), vaisseau de classe FREMM mis en service en 2017 et capable de frapper directement depuis la mer, la terre ou les airs.
La frégate de défense aérienne Chevalier Paul (D621) fait partie du groupe aéronaval du porte-avions Charles de Gaulle, a rapporté Ahmed.
Ces deux frégates ont déjà pris part à des opérations militaires dans le Golfe, où la marine française effectue des patrouilles coordonnées avec la 5e flotte de la marine des États-Unis et aide aux opérations de détection des mines marines et de déminage.
L'engagement français comprend le commandement tournant de la Force opérationnelle combinée 150 (opérations de sécurité maritime et de lutte contre le terrorisme), spécialisée dans la surveillance des navires et l'intervention rapide dans les cas de trafic de drogue et de terrorisme.