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Daeshgram : des hackers irakiens s'en prennent à l'EIIS sur internet

Khalid al-Taie

Depuis novembre 2017, un groupe de hackers irakiens se faisant appeler Daeshgram pirate les publications et les canaux en ligne de l'EIIS afin de discréditer les médias du groupe auprès de ses partisans.

Depuis novembre 2017, un groupe de hackers irakiens se faisant appeler Daeshgram pirate les publications et les canaux en ligne de l'EIIS afin de discréditer les médias du groupe auprès de ses partisans.

Un groupe de hackers irakiens infiltrent les canaux de propagande de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) dans une guerre qu'il mène contre les médias et les adeptes de cette organisation extrémiste.

Ces jeunes pirates informatiques, qui se font appeler « Daeshgram », ont lancé leur opération contre l'EIIS en novembre 2017.

Lors de leur attaque la plus récente contre le groupe, Daeshgram a piraté un compte chargé de distribuer le magazine hebdomadaire al-Nabaa de l'EIIS.

Les utilisateurs accédant au fichier partagé par le compte piraté ont découvert une couverture modifiée montrant le leader de l'EIIS, Abou Bakr al-Baghdadi, entouré de femmes légèrement vêtues sous le titre « Le calife fête la qualification de l'équipe de foot de l'EIIS pour les 16e de finale », en référence aux 16e de finale de la Coupe du monde.

Des Irakiens assistent à un cours d'informatique à Bagdad. Un groupe de hackers irakiens a récemment mené une guerre contre les canaux en ligne de « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par la division al-Karkh du ministère de l'Éducation]

Des Irakiens assistent à un cours d'informatique à Bagdad. Un groupe de hackers irakiens a récemment mené une guerre contre les canaux en ligne de « l'État islamique en Irak et en Syrie ». [Photo fournie par la division al-Karkh du ministère de l'Éducation]

Dans le magazine, une autre image d'al-Baghdadi porte la légende « The Dark Knight Rises ».

Semer la confusion

Depuis le lancement de leur compte Twitter en septembre 2017, Daeshgram a également pris pour cible Amaq, l'agence de propagande de l'EIIS.

Le groupe a commencé par inonder Amaq de trafic, jusqu'à ce qu'il soit hors ligne, a rapporté la chaîne d'actualités britannique Sky News en novembre 2017.

Une fois le site inaccessible, Daeshgram a publié des liens vers de fausses versions d'Amaq, créées avec le même langage et selon les mêmes modèles, a révélé un membre du groupe à Sky News.

Sur l'un de ces sites, ils ont annoncé la mort d'un combattant de l'EIIS. Sur d'autres, ils ont publié des messages destinés à ridiculiser ou saper l'idéologie de l'EIIS.

« Ils ne savaient pas ce qui était vrai, ce qui était faux, et quelle source croire, alors ils ont arrêté de faire confiance à Amaq », a précisé ce membre de Daeshgram.

L'intention des pirates était d'inonder le marché de faux contenus d'Amaq pour diminuer la crédibilité de l'agence et semer la confusion chez ses partisans.

Ils souhaitaient également identifier les adresses IP de ceux qui téléchargeaient les « faux fichiers » publiés par Daeshgram sur les canaux de l'EIIS, et qui contenaient un code malveillant à cette fin.

Des images tirées de discussions dans des salons de discussion pro-EIIS sur Telegram ont montré l'étendue de la méfiance et de la confusion qui a régné chez les partisans de l'EIIS suite à ces incidents de piratage.

« Ils utilisent nos hashtags pour nous tromper », a déclaré un utilisateur.

Effort spontané

Cette activité en ligne semble être « une initiative spontanée de jeunes Irakiens », a fait savoir le journaliste Hadi Jalou Merhi.

Leur but est de saper « les efforts de l'EIIS sur internet visant à attirer des recrues par la tromperie et l'incitation ».

Les attaques de Daeshgram ont provoqué un état de confusion et de dissension chez les membres de l'EIIS, a-t-il rapporté à Diyaruna, ce qui a forcé le groupe à s'adresser à ses adeptes par le biais l'agence de presse sur internet al-Farouq, leur demandant de faire attention et de bien identifier les contenus sur internet avant de les partager.

« Par conséquent, les interactions sur internet avec des documents publiés et les visites de sites ont chuté par peur des fausses informations », a-t-il indiqué.

L'un des objectifs des pirates était de trouver de faux comptes appartenant à des extrémistes qui interagissent avec des contenus de l'EIIS, afin de découvrir leur identité, a expliqué Merhi.

« Cela peut être une ressource importante pour obtenir des informations sensibles liées aux actions de sécurité et de contre-terrorisme », a-t-il déclaré.

« Une arme nouvelle et efficace »

Kadhim al-Muqdadi, directeur du service média de l'université Al-Farabi, qui enseigne le journalisme international, a salué le piratage de sites de l'EIIS par Daeshgram.

« L'EIIS utilise depuis longtemps internet et les réseaux sociaux pour sa propagande terroriste et comme moyen de recrutement pour attirer les volontaires et les partisans de son idéologie sanglante », a-t-il déclaré à Diyaruna.

La présence de l'EIIS sur internet a été difficile à contenir, malgré les actions internationales pour « fermer ces comptes et sites terroristes et bannir les contenus en ligne qui incitent à la violence et à la haine », a-t-il ajouté.

Il est important de « soutenir les pirates et de bien utiliser leurs efforts pour combattre l'EIIS », a affirmé le journaliste Falih al-Jawari à Diyaruna.

« C'est une arme nouvelle et efficace contre le terrorisme », a-t-il conclu. « Nous devons combattre les terroristes avec toutes les armes disponibles et ne pas leur donner l'occasion d'utiliser les technologies modernes. »

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