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L'opposition syrienne et son plus haut dirigeant quittent la Ghouta

AFP

Un soldat syrien des forces gouvernementales parle avec une femme qui recherche sa maison dans un quartier détruit de l'ancienne ville de l'opposition de Zamalka dans la Ghouta orientale, le 11 avril. [Youssef Karwashan/AFP]

Un soldat syrien des forces gouvernementales parle avec une femme qui recherche sa maison dans un quartier détruit de l'ancienne ville de l'opposition de Zamalka dans la Ghouta orientale, le 11 avril. [Youssef Karwashan/AFP]

Les combattants de l'opposition de la Ghouta orientale, en Syrie, ont déposé leurs armes lourdes et leur chef a quitté l'enclave, a expliqué jeudi 12 avril un observateur, marquant ainsi la fin de l'une des batailles les plus sanglantes de cette guerre de sept ans en Syrie.

Le drapeau syrien a été hissé au-dessus de la mosquée centrale de Douma, site d'une attaque chimique présumée qui a suscité la réprobation et des menaces d'une action militaire occidentale.

Le président américain Donald Trump réfléchissait aux différentes options et la Première ministre britannique Theresa May a convoqué une réunion d'urgence de son gouvernement, tandis que l'armée syrienne se préparait à des frappes occidentales, cachant ses biens et désertant les principaux bâtiments.

Jaish al-Islam, qui contrôlait la principale ville de la Ghouta orientale depuis des années, s'était opposé à un accord négocié par les Russes, comme ceux qui avaient permis à d'autres factions d'être transportées en bus vers le nord de la Syrie.

Un Syrien évacué de l'enclave de Douma, dans la Ghouta orientale, se repose sur des sacs dans la ville d'al-Bab, dans le nord de la Syrie, en attendant de trouver un abri, le 12 avril 2018. [Nazeer al-Khatib/AFP]

Un Syrien évacué de l'enclave de Douma, dans la Ghouta orientale, se repose sur des sacs dans la ville d'al-Bab, dans le nord de la Syrie, en attendant de trouver un abri, le 12 avril 2018. [Nazeer al-Khatib/AFP]

Le 12 avril, des policiers syriens attendent à l'entrée du camp d'al-Wafideen l'arrivée des bus transportant des combattants de Jaish al-Islam et leurs familles, évacués de la ville de Douma, dans la Ghouta orientale. [Youssef Karwashan/AFP]

Le 12 avril, des policiers syriens attendent à l'entrée du camp d'al-Wafideen l'arrivée des bus transportant des combattants de Jaish al-Islam et leurs familles, évacués de la ville de Douma, dans la Ghouta orientale. [Youssef Karwashan/AFP]

Le responsable politique du groupe a déclaré à l'AFP que c'est une attaque chimique du régime qui les a contraints à accepter les conditions de la Russie et à évacuer leur ancien bastion.

« Naturellement, c'est cette attaque chimique qui nous a poussés à accepter » un retrait de Douma, a déclaré Yasser Dalwan.

Il s'agissait de la première reconnaissance par Jaish al-Islam d'un accord conclu pour Douma. Cet accord avait été annoncé dimanche matin par le gouvernement syrien et son allié russe.

Les forces du régime syrien devaient encore reprendre Douma jeudi, mais selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, les rebelles avaient déposé leurs armes lourdes.

« Les combattants de Jaish al-Islam ont remis mercredi leurs armes lourdes à la police militaire russe dans la ville de Douma », a expliqué l'observatoire.

Leur commandant Issam Buwaydani est monté à bord d'un convoi quittant la Ghouta en compagnie de milliers d'autres combattants et de leurs familles, a-t-il précisé.

« Tous les leaders ne sont pas encore partis. Les départs sont en cours », a expliqué Dalwan.

Drapeau hissé

Les habitants de Douma ont déclaré que le drapeau national syrien rouge, blanc et noir avec deux étoiles vertes avait été hissé mercredi au-dessus de la principale mosquée, qui était également utilisée comme le siège du conseil municipal d'opposition.

Mais une dispute a par la suite éclaté, des coups de feu ont été tirés et le drapeau a été abaissé, ont indiqué les habitants.

La police militaire russe, qui a commencé à se déployer dans la ville dans le cadre d'un accord qui permettrait à certains combattants de l'opposition de déposer les armes et de rester à Douma, est également partie après cet incident, ont rapporté les habitants.

Menant simultanément des frappes aériennes, négociant un cessez-le-feu et supervisant les opérations humanitaires, la Russie a été un acteur clé dans une attaque qui a coûté la vie à au moins 1 700 civils.

Selon l'armée russe, plus de 160 000 personnes ont été évacuées de la Ghouta orientale depuis le début de l'assaut sur la ville le 18 février.

Les forces du régime et de ses alliés devraient ensuite tourner leur attention vers certaines zones dans le sud de Damas qui sont presque vides de tout civil, mais sont encore contrôlées par « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

La Ghouta méconnaissable pour les habitants qui reviennent

Le chaos et la confusion dominaient dans les rues de Douma, où les civils semblaient disposer de très peu d'informations sur les derniers événements politiques.

De nombreux habitants se préparaient à monter à bord de ce qui devrait être les derniers bus à quitter la région en partance pour le nord de la Syrie.

« Quatre-vingts bus seront évacués aujourd'hui. Dix-sept d'entre eux se trouvent déjà au point de rassemblement, attendant le reste du convoi », a expliqué une source militaire syrienne sous couvert d'anonymat.

Ce responsable a ajouté que les combattants de l'opposition ont brûlé les chars qu'ils devaient remettre avant leur départ.

Quelques civils ont prudemment commencé à revenir dans la Ghouta orientale, mais ils y ont trouvé leurs quartiers totalement pulvérisés.

Les sourcils froncés, Oumm Mohammad examine une rangée de maisons à Zamalka, tentant de trouver quelque chose de familier dans cette ville lourdement endommagée.

« Je n'ai pas encore retrouvé ma maison. Le quartier a complètement changé, et j'ai perdu tous mes repères », a déclaré ce cinquantenaire qui avait quitté Zamalka en 2012 après y avoir vécu pendant plus de dix ans.

« Ma maison était proche du lycée de la rue al-Qabun, mais je n'ai pas pu retrouver l'école, ni même la rue. »

Les rangées de maisons se succèdent, éventrées, bloquées par des montagnes de gravats et de métal tordu. Nombre des bâtiments restants n'ont plus de toit, de balcons, ou ont perdu des pans de murs entiers.

En traversant Arbin, une autre ville dévastée de la Ghouta, une jeune fille regardait à l'extérieur depuis une maison endommagée.

« Ma fille n'a pas l'habitude de voir des voitures, alors cela était très étrange pour elle », a expliqué Abou Aziza, 34 ans, tandis que sa fille âgée de 8 ans observait.

Avant l'assaut contre la Ghouta, la zone avait subi un siège violent de cinq ans, qui avait rendu la nourriture, les médicaments et d'autres produits de première nécessité impossibles à trouver.

« Ce ne sont pas seulement les voitures ; ma fille ne sait pas ce que sont les pommes. Elle a vu une banane pour la première fois de sa vie il y a deux jours, et l'a mangée en entier, avec la peau », a ajouté Abou Aziza.

« Elle ne savait pas que l'on est censé peler une banane. »

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