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Procès pour corruption en vue en France pour l'oncle d'al-Assad

AFP

Un membre de la Garde civile espagnole porte un carton lors d'une opération portant sur les avoirs de la famille du leader syrien Bashar al-Assad dans la marina Puerto Banus, dans la station balnéaire de Marbella, le 4 avril 2017. Ces opérations, résultat d'une enquête pour corruption lancée en France contre l'oncle d'Assad, Rifaat al-Assad, ont permis de saisir les avoirs de Rifaat al-Assad et de sa famille en Espagne, évalués à 736 millions de dollars. [Jorge Guerrero/AFP]

Un membre de la Garde civile espagnole porte un carton lors d'une opération portant sur les avoirs de la famille du leader syrien Bashar al-Assad dans la marina Puerto Banus, dans la station balnéaire de Marbella, le 4 avril 2017. Ces opérations, résultat d'une enquête pour corruption lancée en France contre l'oncle d'Assad, Rifaat al-Assad, ont permis de saisir les avoirs de Rifaat al-Assad et de sa famille en Espagne, évalués à 736 millions de dollars. [Jorge Guerrero/AFP]

L'oncle du président syrien Bashar al-Assad pourrait prochainement comparaître en justice pour répondre de gains apparemment mal acquis, évalués à plusieurs centaines de millions d'euros, dans le cadre d'une enquête de quatre ans sur ses avoirs en Europe qui arrive à son terme.

Surnommé « le boucher de Hama », Rifaat al-Assad, aujourd'hui âgé de 80 ans, avait dirigé une force d'élite qui avait réprimé une insurrection sunnite dans cette ville du centre du pays en février 1982, une opération qui avait coûté la vie à entre dix mille et quarante mille personnes, selon diverses estimations.

Deux ans plus tard; il avait fui le pays après avoir monté une tentative de coup d'Etat qui s'était soldée par un échec contre son frère Hafez al-Assad, le père de Bashar, qui avait dirigé la Syrie de 1971 à 2000.

L'importance de la fortune supposée d'al-Assad, amassée durant les années 1980, est stupéfiante : plus de cinq cents propriétés en Espagne, deux résidences à Paris, dont une de trois mille mètres carrés, un élevage d'étalons et un château près de la capitale française, et 7300 mètres carrés d'espace de bureaux à Lyon.

Des membres de la Garde civile espagnole à côté de véhicules saisis lors d'une opération visant les avoirs de la famille du dirigeant syrien Bashar al-Assad dans la marina de Puerto Banus de la station balnéaire de Marbella le 4 avril 2017. Ces opérations sont le fruit d'une enquête pour corruption lancée en France contre l'oncle d'Assad, Rifaat al-Assad. [Jorge Guerrero/AFP]

Des membres de la Garde civile espagnole à côté de véhicules saisis lors d'une opération visant les avoirs de la famille du dirigeant syrien Bashar al-Assad dans la marina de Puerto Banus de la station balnéaire de Marbella le 4 avril 2017. Ces opérations sont le fruit d'une enquête pour corruption lancée en France contre l'oncle d'Assad, Rifaat al-Assad. [Jorge Guerrero/AFP]

La plupart avaient été acquises par l'entremise de sociétés offshore au Panama, à Curacao, au Liechtenstein, au Luxembourg et à Gibraltar.

En France seulement, sa fortune a été évaluée à 90 millions d'euros (110 millions de dollars).

La plupart de ses biens ont été saisis.

L'année dernière, des biens d'une valeur de 691 millions d'euros (845 millions de dollars) appartenant à al-Assad ont été saisis en Espagne.

La famille serait également propriétaire de Witanhurst, la plus vaste résidence londonienne après le palais de Buckingham, acquise par le biais d'une société écran au Panama, avant d'être revendue en 2007.

« Il pleuvait des billets »

Une source proche de l'enquête a expliqué qu'un ancien gestionnaire en France avait raconté qu'il « pleuvait des billets » entre 1996 et 2010, se rappelant qu'il avait retiré environ 100 000 euros par mois (122 000 dollars) pour payer les nombreux employés d'al-Assad.

Les autorités françaises avaient ouvert une enquête en avril 2014, après que deux groupes anti-corruption, Sherpa et Transparency International, eurent alerté sur cette affaire.

Deux ans plus tard, elles avaient accusé al-Assad de fraude fiscale et de détournement de fonds publics.

Comparaissant pour la première fois devant un magistrat français en janvier 2015, al-Assad était resté évasif, expliquant ne pas avoir géré personnellement sa fortune. « Je ne m'occupe que de politique », avait-il alors insisté.

Mais des enregistrements d'écoutes téléphoniques et des témoins suggéraient le contraire, dépeignant un homme qui ne délégait rien de ses affaires et qui gardait un oeil précis sur ses affaires.

Allégations de corruption

Des allégations de corruption et de détournement proviennent d'un grand nombre de sources.

L'ancien patron des services secrets roumains, Ion Mihai Pacepa, a écrit dans un livre que l'ancien dictateur Nicolae Ceaucescu faisait référence à Rifaat al-Assad comme son agent en Syrie, qui lui rendait des services en échange d'importantes sommes d'argent.

Les enquêteurs font également état de déclarations de l'ancien ministre syrien des Affaires étrangères Abdel Halim Khaddam, qui a expliqué que Hafez al-Assad avait versé quelques 300 millions de dollars à son frère en 1984 comme moyen de se débarrasser de lui à la suite de son coup d'Etat avorté.

Deux tiers de cette somme auraient été prélevés sur le budget présidentiel, le reste provenait d'un prêt lybien.

Les enquêteurs ont souligné que ce budget avait atteint son point culminant en 1984.

L'ancien ministre de la Défense Moustafa Tlas a laissé entendre que les hommes d'al-Assad « se servaient eux-mêmes sur des palettes chargées de billets de banque provenant de la banque centrale syrienne et de biens culturels.

Un autre témoin a parlé de pillage archéologique, racontant aux enquêteurs que l'oncle du président avait volé « un trésor de grande valeur » sur des terres détenues par son grand-père en Syrie.

Al-Assad a réfuté ces allégations, parlant de tentatives de ses rivaux pour le salir.

Il pourrait également devoir répondre d'accusations en Suisse, où il fait l'objet d'une enquête depuis 2013 pour crimes de guerre commis dans les années 1980.

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