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Malgré la guerre, les habitants de la Ghouta orientale refusent de partir

Waleed Abou al-Khair au Caire

Un enfant syrien profite d'une accalmie dans les bombardements pour sortir de son abri dans la Ghouta orientale. [Photo fournie par le centre de presse de la Ghouta]

Un enfant syrien profite d'une accalmie dans les bombardements pour sortir de son abri dans la Ghouta orientale. [Photo fournie par le centre de presse de la Ghouta]

La trêve humanitaire quotidienne de cinq heures dans les combats qui font actuellement rage dans la Ghouta orientale pour permettre aux civils d'évacuer cette enclave de l'opposition assiégée et de se rendre en territoire détenu par le gouvernement n'a reçu qu'un faible écho de la part des habitants, ont indiqué les militants présents dans la zone.

Ils ont estimé que cette trêve, ordonnée par la Russie, alliée du régime, n'était rien d'autre que de l'encre sur du papier, et que les bombardements et les frappes aériennes se poursuivaient, tuant plusieurs personnes.

« Rien n'a changé » dans cette enclave proche de Damas depuis l'annonce d'une trêve quotidienne de cinq heures à compter de mardi 27 février, a expliqué le militant Mohammed al-Beik, membre du comité de coordination de la Ghouta orientale.

Mercredi, les bombardements et les frappes aériennes ont quelque peu diminué d'intensité, sans pour autant cesser totalement pendant cette trêve de cinq heures, a-t-il déclaré à Diyaruna.

Un habitant de l'enclave de l'opposition de la Ghouta orientale examine ce qu'il reste de sa maison après les intenses bombardements du régime. [Photo fournie par le centre de presse de la Ghouta]

Un habitant de l'enclave de l'opposition de la Ghouta orientale examine ce qu'il reste de sa maison après les intenses bombardements du régime. [Photo fournie par le centre de presse de la Ghouta]

Des bus et des ambulances vides au point de franchissement d'al-Wafideen, par lequel il a été demandé aux habitants de la Ghouta orientale de partir lors de la trêve humanitaire instaurée mardi 27 février. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Des bus et des ambulances vides au point de franchissement d'al-Wafideen, par lequel il a été demandé aux habitants de la Ghouta orientale de partir lors de la trêve humanitaire instaurée mardi 27 février. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Cela a été particulièrement le cas dans les zones de combat direct, comme Hosh al-Zawahira et Shaifuniyeh​​, où les forces du régime tentent de progresser, a-t-il indiqué.

Un couloir humanitaire non utilisé

Un couloir humanitaire défini a été mis en place près du camp d'al-Wafideen, a indiqué al-Beik, ajoutant qu'aucun habitant, civil ou autre, n'avait osé l'emprunter pour se rendre dans les zones contrôlées par le régime.

« Les opposants militaires au régime craignent le sort qui les attend s'ils partent, en particulier les arrestations », a-t-il expliqué, « tandis que les civils craignent d'être soumis à un interrogatoire par les agences de sécurité et transférés vers des lieux inconnus ».

Les habitants redoutent également les mandats d'arrêt par contumace émis pour leurs jeunes fils, en particulier ceux qui sont en âge d'effectuer leur service militaire obligatoire, a-t-il ajouté.

Ces jeunes « pourraient être arrêtés sur-le-champ, emmenés dans des camps d'entraînement et contraints de participer au conflit en cours » pour le compte du régime, a-t-il ajouté.

Selon al-Beik, chacun dans la Ghouta orientale souhaite que la guerre et le bain de sang s'arrêtent, mais pas en quittant la région, comme le stipulent les termes de cette trêve.

Les zones frappées par les bombardements de mercredi ont touché la ville de Beit Sawa, où deux personnes ont été tuées, celles de Harasta, Douma, Otaya et Hosh al-Zawahira, a-t-il précisé.

Alors que les décombres sont déblayés à l'emplacement des bâtiments qui se sont effondrés par suite des bombardements, on déplore d'importantes pertes civiles, a-t-il expliqué, et six corps ont été découverts mercredi à Shaifuniyeh, ensevelis durant trois jours.

Convoi d'aide bloqué

Mercredi, le sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock, a indiqué qu'aucun accès n'avait été assuré pour les convois humanitaires, ni aucune autorisation délivrée par le régime d'entrer dans cette région assiégée, ni aucune évacuation médicale assurée depuis l'adoption samedi de la résolution sur le cessez-le-feu du Conseil de sécurité.

Une quarantaine de camions sont chargés, prêts à livrer des fournitures humanitaires à la Ghouta orientale, mais aucun répit dans les combats n'a été constaté, a-t-il indiqué.

« Quand votre résolution sera-t-elle mise en œuvre ? », a-t-il demandé, regardant fixement dans les yeux les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, qui l'écoutaient dans un silence absolu.

Lowcock a précisé que ces camions chargés de fournitures devaient se rendre dans dix zones assiégées, notamment Douma, depuis samedi.

Carl Skau, ambassadeur suppléant de la Suède auprès des Nations unies, a demandé un « accès immédiat » pour l'aide humanitaire.

« Il n'y a pas de temps à perdre », a-t-il déclaré.

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