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Des dirigeants de l'Anbar soignent les fractures sociales après l'EIIS

Par Khalid al-Taie

Des chefs tribaux et des responsables locaux de l'Anbar discutent de moyens d'arriver à la réconciliation dans la province. [Photo tirée de la page Facebook du maire d'al-Qaïm, Ahmed Jidyan al-Dulaimi]

Des chefs tribaux et des responsables locaux de l'Anbar discutent de moyens d'arriver à la réconciliation dans la province. [Photo tirée de la page Facebook du maire d'al-Qaïm, Ahmed Jidyan al-Dulaimi]

Le rétablissement de la paix sociale est un objectif stratégique pour la province de l'Anbar dans la période après « l'Etat islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Pour ce faire, des comités mixtes composés de responsables publics, de chefs de tribus et de militants civils mettent en place un projet intégré de réconciliation pour favoriser la paix dans la province et résoudre les conflits provoqués par l'EIIS, ont indiqué des responsables locaux à Diyaruna.

Le projet est basé sur l'Alliance des habitants de l'Anbar, soutenu par les dirigeants et les dignitaires de la province de l'Anbar en décembre 2016.

« Ce document a jeté les bases de l'établissement de la stabilité dans une période suivant l'élimination des terroristes », a déclaré le colonel Sabri Abdoullah Omar, du Directoire des affaires tribales du ministère de l'Intérieur.

« Nous étions convaincus que la chute de l'EIIS était inévitable et imminente, et nous devions nous y préparer grâce à un effort collectif basé sur un objectif stratégique, c'est-à-dire l'établissement de la paix sociale », a-t-il indiqué à Diyaruna.

La paix sociale peut être atteinte en « punissant les terroristes et les criminels selon les cadres juridiques et constitutionnels, et en dédommageant les victimes du terrorisme », a-t-il expliqué.

Projet intégré de réconciliation

Pour mettre l'alliance en pratique, « un projet complet de réconciliation a été développé par toutes les parties qui soutiennent l'instauration de la stabilité dans l'Anbar », a rapporté Omar.

Le gouverneur de l'Anbar dirige le comité central, et des sous-comités administratifs – un par district – comprennent des représentants du gouvernement local et fédéral, d'organisations de la société civile, des personnalités des tribus, des clercs et des universitaires.

Ces comités seront chargés de la mise en œuvre des clauses du document, a-t-il expliqué, notamment un article portant sur les familles des éléments de l'EIIS originaires de l'Anbar et qui ont été temporairement interdites de revenir.

Ces familles ne sont pas autorisées à revenir dans les zones libérées par crainte de la présence possible parmi elles d'individus influencés par l'idéologie du groupe, a-t-il fait savoir.

Leur retour pourrait déstabiliser la sécurité de l'Anbar, a-t-il déclaré, notant que la sécurité de ces familles est une préoccupation supplémentaire, car elles peuvent être sujettes à « des réactions émotionnelles et sans retenue de la part de certaines victimes du terrorisme ».

« Les comités examinent en ce moment les cas des personnes concernées par l'article, et jugent leurs cas pour leur permettre de revenir dans leurs communautés », a-t-il ajouté.

La réintégration de ces familles dans leurs régions en tant que citoyens adeptes de la modération et de la coexistence est « une tâche herculéenne qui demande d'énormes efforts de la part des comités », a-t-il fait remarquer.

« La langue du pardon »

La responsabilité des comités porte sur « la résolution des conflits créés par les terroristes dans le tissu social de l'Anbar », a expliqué à Diyaruna le maire d'al-Qaïm Ahmed Jidyan al-Dulaimi.

« Ce n'est certainement pas une tâche facile, mais nous sommes convaincus que nous sommes désormais capables de faire passer la langue du pardon avant la violence ou la vengeance », a-t-il affirmé.

« Des chefs locaux influents qui ont du poids dans leurs communautés » ont été sollicités pour siéger dans les comités, a-t-il rapporté, exprimant l'espoir que « nous serons au final capables de résoudre tous les conflits entre les familles et les tribus qui ont été causés par les crimes des terroristes ».

Les sous-comités ont commencé à tenir des réunions bimensuelles pour entendre les doléances des membres du public, pour discuter de la façon de les résoudre, et pour envoyer les résultats de ces délibérations au comité principal, a-t-il indiqué.

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