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Les champs pétroliers d'Irak restent vulnérables, affirment des responsables

Par Faris Omran

Des techniciens irakiens réparent un oléoduc endommagé par des terroristes sur le champ pétrolier d'Ajil, dans la province de Salaheddine. [Photo extraite de la page Facebook de la North Oil Company]

Des techniciens irakiens réparent un oléoduc endommagé par des terroristes sur le champ pétrolier d'Ajil, dans la province de Salaheddine. [Photo extraite de la page Facebook de la North Oil Company]

Bien que « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) ait été chassé des champs de pétrole du nord de l'Irak qui apportaient au groupe la majeure partie de ses revenus, ces champs restent vulnérables à l'exploitation, ont expliqué des experts et des responsables à Diyaruna.

Au faîte de sa puissance, l'EIIS contrôlait une énorme production de pétrole, car près d'un tiers des réserves de l'Irak se trouve dans le nord du pays, avait expliqué en 2016 à Diyaruna Sadiq al-Bahadli, professeur de finance et de banque à l'université al-Mustansiriya.

Le groupe avait ainsi pu tirer des millions de dollars de ses activités de vol et de trafic de pétrole.

Mais alors que l'EIIS est parti, les champs de pétrole du nord de l'Irak souffrent encore du vol et du trafic de pétrole, selon des responsables locaux et certains rapports parus dans les médias irakiens.

Ces rapports pointent du doigt certaines milices qui opèrent sous le drapeau des Forces de la mobilisation populaire (FMP), qui contrôlent la majorité de la zone s'étendant du sud de Mossoul aux montagnes de Hamrine.

Cette région comprend les champs de pétrole d'al-Qayyarah et de Najmah dans la province de Ninive, et les champs d'Allas et d'Ajil, à l'est de Tikrit, dans la province de Salaheddine.

« Ces champs ont été exploités en permanence, d'abord par les terroristes, et maintenant par des factions des FMP », a expliqué à Diyaruna le porte-parole tribal de Ninive, Mazahim al-Huwayet. « Les ressources naturelles du pays ont été pillées. »

Certaines factions profitent de leur influence

Certaines factions « influentes » qui exercent le contrôle sur le terrain sont considérées avec suspicion, a expliqué al-Huwayet, soulignant que toutes les factions des FMP ne sont toutefois pas à blâmer.

Des vols ont lieu tous les jours, a-t-il ajouté, et des camions-citernes à grande capacité trafiquent de grandes quantités de pétrole vers l'Iran depuis Ninive, Kirkouk et Salaheddine.

Cette activité est facilitée par certaines factions, qui « exploitent leur avantage militaire et contrôlent les routes de contrebande du pétrole », a-t-il souligné.

« Les habitants locaux sont parfaitement conscients de ces vols, mais ils ont peur d'en avertir les autorités », a-t-il expliqué, ajoutant que certains d'entre eux avaient certes prévenu les autorités, mais qu'ils avaient ensuite été arrêtés par des membres de ces factions.

Al-Huwayet a demandé au gouvernement de monter une intervention d'urgence contre ce qu'il a qualifié « d'activité criminelle organisée », demandant que soit « mis un terme à ce drainage du pétrole irakien ».

« L'EIIS a mis à profit nos réserves de pétrole pour financer ses activités criminelles, et aujourd'hui, ces factions agissent de même », a-t-il ajouté.

Si ces opérations se poursuivent sans qu'aucune mesure ne soit prise, le pays en subira les conséquences, a-t-il poursuivi, car il sera « difficile de maintenir la stabilité et l'activité économique si de tels crimes sont commis ».

La contrebande de pétrole, un problème récurrent

Des accusations de trafic de pétrole avaient déjà été prononcées.

Fin 2016, selon plusieurs articles parus dans les médias, des combattants des FMP avaient réussi à transporter 40 000 barils de pétrole par jour vers l'Iran depuis les champs pétroliers de Salaheddine, Ajil et Allas, afin de les vendre à des prix inférieurs à ceux du marché.

Les accusations actuelles désignent quatre factions des FMP soutenues par l'Iran: les Brigades Imam Ali, la Brigade Sayed al-Shuhada, Asaib ahl al-Haq et al-Mumahadoun.

De récents rapports indiquent que 70 % du trafic de pétrole brut viennent de Najmah et d'al-Qayyarah, et que les opérations se font durant la nuit, à un rythme quotidien de 30 camions par jour qui transportent environ 15 000 barils de brut par semaine.

Le vol et la contrebande de pétrole avaient précédé l'invasion de l'EIIS en juin 2014, a expliqué à Diyaruna Humam al-Shamaa, spécialiste du pétrole.

« Les terroristes volaient le pétrole, mais des gangs participaient aussi à ces opérations, et ce phénomène n'a rien de nouveau », a-t-il poursuivi, soulignant que les forces de sécurité découvrent régulièrement des actes de sabotage et de vandalisme sur les oléoducs.

Conséquences sur l'économie et la santé publique

« Il arrive que ces gangs stockent le pétrole de contrebande dans des installations de stockage ou le volent d'une manière qui endommage le champ et déclenche des incendies », a expliqué al-Shamaa.

Ces incendies présentent un risque pour la vie des personnes, a-t-il poursuivi, tout comme la pollution de l'air, de l'eau et des sols qui résulte de la manutention et du stockage impropres du pétrole.

« Mais la plus grosse conséquence touche toutefois l'économie », a-t-il précisé, soulignant que la perte de pétrole signifie également une baisse des recettes de l'État.

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