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Les soufis peuvent de nouveau pratiquer leurs rites à Falloujah

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des soufis irakiens participent à une cérémonie rituelle pour honorer la naissance du prophète Mahomet dans la ville d'Akra sur cette photo datant du 1er janvier 2015. [Safin Hamed/AFP]

Des soufis irakiens participent à une cérémonie rituelle pour honorer la naissance du prophète Mahomet dans la ville d'Akra sur cette photo datant du 1er janvier 2015. [Safin Hamed/AFP]

Depuis juin 2016, les soufis de Falloujah ont progressivement regagné la liberté de pratiquer ouvertement leur foi.

Durant les mois qui ont suivi le départ de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS), les obstacles au culte ont été levés et le son des tambours qui accompagnent les chants soufis retentit à nouveau.

La population soufie avait souffert sous le règne de l'EIIS, qui l'avait qualifié d'hérétique, la tuait en grands nombres et avait contraint des milliers de ses membres à fuir vers le centre et le nord de l'Irak.

Après que l'EIIS a envahi l'Anbar, les partisans de ce courant mystique « ont été brutalement massacrés après que le groupe terroriste les a qualifiés d'idolâtres et d'infidèles à Falloujah », a raconté Mouath Yousif, un chanteur soufi.

« Dans de telles conditions, les soufis ont néanmoins continué à pratiquer leurs rites en secret », a-t-il expliqué à Diyaruna, ajoutant qu'une fois l'EIIS parti, « tout a complètement changé », et que les soufis peuvent désormais suivre leur foi sans crainte.

La pratique soufie comporte des hymnes religieux et des rencontres spirituelles pour conduire le dhikr, la récitation de courtes prières, a-t-il poursuivi.

Maintenant que l'EIIS a quitté la ville, les « tikyas » – des espaces désignés pour les séances de dhikr soufies – sont ouverts et peuvent même annoncer publiquement le calendrier de leurs sessions de dhikr, a-t-il ajouté.

Une tolérance historique

Historiquement, Falloujah a accueilli les adeptes de la voie soufie, a ajouté Yousif.

La ville est connue pour abriter différentes écoles religieuses, a expliqué Tariq al-Abdali, directeur des Dotations sunnites à Falloujah.

« Chacun a toujours été libre de pratiquer ses rites en toute sécurité », a-t-il déclaré à Diyaruna.

La situation centrale de Falloujah et sa proximité avec les bases de l'armée irakienne à Bagdad, al-Habbaniya et Ramadi en ont fait un point de convergence des Irakiens venus d'une grande variété de provinces, a poursuivi al-Abdali.

Cela a fait de la ville un véritable melting pot des divers courants religieux, a-t-il poursuivi.

Falloujah a été dépeinte comme un terreau de l'extrémisme, a-t-il dit, soulignant que ce n'est pas le cas, et que la population locale a su résister à l'incursion de l'EIIS.

« Les habitants de la ville n'ont pas permis que cela se produise, et ils ont eux-mêmes été victimes des extrémistes », a précisé al-Abdali.

La sécurité protège les libertés

« La stabilité de la sécurité à Falloujah a été l'un des facteurs les plus importants qui ont permis aux habitants de la ville d'accomplir leurs rites librement et sans crainte », a expliqué à Diyaruna Naeem al-Koud, membre du conseil provincial de l'Anbar.

La solidarité au sein de la population locale a contribué à créer une atmosphère de tolérance, et les habitants de Falloujah sont connus depuis longtemps pour leur diversité, a-t-il poursuivi.

« Aujourd'hui, les locaux veulent défendre leurs voisins d'autres confessions », a-t-il poursuivi, ajoutant que cela n'est « pas une nouveauté » pour Falloujah.

Pour maintenir une telle cohésion, « des procédures juridiques et de sécurité plus strictes empêchant les extrémistes de faire leur retour dans les rues de Falloujah » sont nécessaires, a conclu al-Koud.

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