Depuis que les forces irakiennes ont chassé « l'État islamique » (Daech) le 17 novembre de la ville de Raoua, dans l'ouest de l'Anbar, les habitants travaillent à supprimer toutes les traces et les souvenirs de l'occupation de leur ville par le groupe.
Le 24 décembre, la ville a lancé une campagne auprès de sa population pour nettoyer tous les monuments portant des marques de Daech et débarrasser les rues de tous les signes des combats.
« Au départ, l'administration locale avait invité les habitants à participer à une campagne pour faire renaître la ville », s'est rappelé le maire de Raoua Hussein Ali.
Mais l'ampleur et la rapidité de la réponse ont dépassé toutes les attentes.
« Dès que cet appel a été lancé, de nombreux citoyens sont venus proposer leur aide, ont apporté [des équipements lourds] et ont commencé à travailler avec nos équipes », a-t-il ajouté.
Ils ont retiré tous les symboles et les signes de la propagande de Daech qui avaient été placardés sur les murs, ainsi que les drapeaux du groupe qui avaient été installés dans les rues et sur les bâtiments officiels, a-t-il raconté.
Les graffitis sont recouverts de peinture, les cratères créés par les engins explosifs improvisés (EEI) sont comblés, et les rues sont débarrassées des débris et des résidus des combats, a poursuivi Ali.
« Nous voulons nous débarrasser de tout ce qui peut nous rappeler les jours sombres que notre ville a traversés », a-t-il expliqué.
Les EEI : « le pire legs des terroristes »
Bénévoles et employés du secteur public travaillent de concert pour retirer les débris des bâtiments et des maisons détruits dans les quartiers d'habitation, notamment Raoua al-Jadida, Raoua al-Qadima, al-Qalaa et al-Salam.
« Les poteaux électriques ont été remis en service après que les habitants ont apporté leur concours à leur rétablissement et à la repose des câbles électriques », a poursuivi Ali.
Les membres des forces de la mobilisation tribale bénéficiant d'une formation adéquate se sont portés volontaires pour déminer les EEI et les maisons piégées, a-t-il précisé.
Ces explosifs qui restent sont « le pire legs des terroristes » et constituent le principal obstacle au retour des personnes déplacées dans leurs foyers, a-t-il indiqué.
« Nous avons terminé le déminage de treize maisons, mais l'on pense que de nombreuses autres sont encore piégées avec des EEI », a-t-il expliqué.
« Nous pensons qu'au moins 200 maisons ont été piégées et représentent un danger pour les personnes », a ajouté Athal al-Fahdawi, membre du conseil provincial de l'Anbar.
La campagne destinée à débarrasser la ville de toutes les traces de Daech témoigne « du rejet et de la vengeance [des habitants] envers les terroristes et de leur désir de vivre en paix », et montre leur désir de contribuer à la reconstruction de leur ville, a-t-il ajouté.
« C'est notre devoir »
« Effacer les empreintes de Daech est une bonne initiative », a déclaré Cheikh Abdoullah al-Jughaifi, leader tribal de Haditha et chef d'Ahrar al-Furat.
« L'aspect le plus manifeste de cette volonté de contribution populaire est qu'elle montre la détermination des habitants à tourner la page du terrorisme », a-t-il déclaré à Diyaruna.
Les gens s'impliquent activement dans les efforts de nettoyage et de reconstruction de leur ville, montrant qu'une nouvelle phase de travail collectif et de coopération dans la consolidation de la stabilité a débuté, a-t-il poursuivi.
Les services de base sont progressivement rétablis à Raoua, et la situation sécuritaire y est stable et calme, a-t-il indiqué.
Qassim Mohammed, habitant de Raoua engagé dans cette campagne, a expliqué à Diyaruna sa fierté de contribuer aux efforts de nettoyage de toutes les traces de Daech.
« C'est notre devoir », a-t-il déclaré. « Nous nous sommes débarrassés des terroristes, nous voulons maintenant nous débarrasser de tout ce qui leur appartenait. »
« Les tragédies que nous avons vécues avec le terrorisme doivent nous motiver pour surmonter tous les défis et pour reconstruire », a-t-il conclu. « La voie est maintenant tracée pour servir notre ville. »