La Russie a violé les termes d'un accord passé avec les États-Unis conçu pour empêcher les accidents dans l'espace aérien syrien, risquant ainsi une confrontation qui aggraverait la crise syrienne, expliquent des experts à Diyaruna.
Par ces actions, la Russie « parie » sur une réponse des États-Unis, ont-ils indiqué.
Lors d'un incident le 13 décembre, des avions de chasse furtifs américains F-22 ont intercepté deux avions russes après qu'ils eurent franchi l'Euphrate, volant à l'est de la « ligne anticonflit » qui est censée séparer les avions russes de ceux de la coalition, a rapporté CNN.
D'autres avions russes ont volé à distance de tir ou directement au-dessus des forces terrestres de la coalition en Syrie, augmentant les tensions et le risque d'être abattus, a rapporté le New York Times le 8 décembre.
Depuis que des commandants américains et russes se sont mis d'accord en novembre pour voler chacun de leur côté d'un tronçon de 70 km de l'Euphrate dans l'est de la Syrie, des avions de chasse russes ont bafoué l'accord une demi-douzaine de fois par jours, a ajouté le journal.
Des commandants américains déclarent que la Russie essaie de tester la détermination des États-Unis, de pousser les pilotes de l'armée de l'air des États-Unis à réagir de façon imprudente, et d'aider le régime syrien à solidifier ses gains territoriaux avant les pourparlers diplomatiques visant à trouver une solution à la guerre du pays.
Deux ans plus tôt, les armées russe et américaine ont créé une ligne directe pour prévenir les désastres dans les airs.
Chaque jour, un officier de l'armée de l'air des États-Unis appelle un homologue russe sur la base aérienne de Latakia pour éviter tout problème concernant la Syrie, selon le New York Times.
Empêcher les tensions militaires
La Russie et les États-Unis se sont mis d'accord en 2015 sur un cadre militaire qui laisserait les voies de communication directes ouvertes entre les deux pays, ce que l'on a appelé l'accord « anticonflit » entre les deux camps, a déclaré Abdoul Karim Ahmed, analyste militaire à la retraite de l'armée égyptienne.
Cet accord est destiné à éviter les incidents aériens, a-t-il rapporté à Diyaruna, ajoutant qu'il s'agit « d'une norme internationale dans le cas des conflits armés où sont impliqués au moins deux pays possédant une force aérienne conséquente ».
Ce mécanisme a jusqu'ici permis d'empêcher les frictions militaires en Syrie entre les deux puissances, malgré quelques accrocs par les avions russes.
L'accord définit également un protocole spécifique pour résoudre tout désaccord ou conflit par les plus hauts gradés d'un rang équivalent des deux camps.
Selon cet accord, les parties doivent garantir que leurs déplacements n'interfèrent pas les uns avec les autres en termes d'horaires et de lieux, a précisé Ahmed, et elles doivent travailler ensemble pour s'assurer que les avions de l'un ne sont pas pris pour cibles par les systèmes de défense de l'autre, ou par le régime syrien.
Provocations continues
La Russie « joue » dans l'espace aérien syrien en continuant à provoquer l'US Air Force, a affirmé Farhad Khoja, officier des Forces démocratiques syriennes (FDS) stationné dans la zone frontalière entre les provinces de Deir Ezzor et d'al-Hasakeh.
Les forces américaines ont « fait preuve de la plus grande retenue », a-t-il rapporté à Diyaruna.
L'accord russo-américain de partage de l'espace aérien de la Syrie n'est pas secret, et c'est une façon de procéder naturelle compte tenu de la nature des opérations militaires en cours, a déclaré à Diyaruna le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.
Plusieurs manquements ont récemment été observés de la part d'appareils russes, a-t-il fait savoir, dont un incident le 15 novembre, lors duquel un avion de chasse russe s'est approché à moins de 100 m de deux A-10 des États-Unis, forçant les avions américains à virer pour éviter une collision.
Durant les jours suivants, un avion russe est passé deux fois directement sous des avions américains dans l'espace aérien à l'est de l'Euphrate.
Lors d'un autre incident, un avion russe a survolé des forces de la coalition et de leurs alliés syriens, sans répondre à une demande de retrait de la part de la coalition.