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Sécurité

Les groupes armés placés sous le contrôle de l'État en Irak

Par Khalid al-Taie

Des véhicules blindés et des bulldozers des Forces de la mobilisation populaire progressent dans la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, après que le gouvernement irakien a annoncé le lancement de l'opération destinée à la reprendre des mains de « l'État islamique », le 26 août 2017. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Des véhicules blindés et des bulldozers des Forces de la mobilisation populaire progressent dans la ville de Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, après que le gouvernement irakien a annoncé le lancement de l'opération destinée à la reprendre des mains de « l'État islamique », le 26 août 2017. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Le gouvernement irakien a annoncé une série de mesures visant à placer sous son contrôle les groupes armés qui ont participé à la lutte contre « l'État islamique » (Daech) aux côtés des forces irakiennes et à réglementer leur armement.

Ces mesures sont essentielles pour assurer une stabilité durable, maintenant que Daech a été chassé d'Irak, ont expliqué des responsables à Diyaruna.

Cette nouvelle décision permettrait de placer les armes des Forces de la mobilisation populaire (FMP) sous le contrôle du gouvernement, afin qu'elles ne soient utilisées que dans les limites des lois qui régissent toutes les institutions de l'État.

Le 15 décembre, le Premier ministre Haider al-Abbadi a confirmé que le gouvernement « a commencé à mettre en œuvre sa stratégie de contrôle des armes ».

Le gouvernement irakien « s'engage à garantir la stabilité et la paix sociale, à combattre les racines du terrorisme et à lutter contre la corruption », a-t-il déclaré lors d'une allocution.

« Le gouvernement veut placer les FMP dans un cadre gouvernemental légal », a-t-il dit, ajoutant que « disposer de [combattants des FMP] volontaires aux côtés des forces de sécurité relève de la politique gouvernementale définie ».

Dans un discours prononcé le 9 décembre, al-Abbadi a souligné l'importance qu'il y a à s'efforcer dans la période qui s'ouvre de « mettre en place le respect de la loi et empêcher toute détention d'armes en dehors du contrôle de l'État ».

Le gouvernement cherche à restaurer « l'État de droit »

Le contrôle des armes est une « saine décision », a déclaré à Diyaruna le député irakien Hamid al-Mutlaq, membre de la commission parlementaire de défense et de sécurité.

« Nous la jugeons favorablement, car elle témoigne de la pleine conscience des [implications] futures et d'un désir de restaurer l'État de droit afin de préserver l'unité et la stabilité du pays », a-t-il déclaré.

« Nous soutenons cette décision et souhaitons maintenant ouvrir le chapitre de la reconstruction après avoir refermé celui du terrorisme », a poursuivi al-Mutlaq.

Il a suggéré d'œuvrer durant la prochaine étape à intégrer les combattants locaux qui ont aidé les forces de sécurité dans leur guerre contre le terrorisme dans les « forces régulières ».

« Les combattants qualifiés pourront rejoindre les forces de sécurité et les institutions d'État, tandis que les combattants plus âgés ou moins qualifiés bénéficieront d'une mise en retraite avec les honneurs et percevront une pension », a-t-il ajouté.

Besoin de troupes supplémentaires

« Le gouvernement souhaite protéger les droits de tous les volontaires en reconnaissance de leur service et des sacrifices qu'ils ont consentis dans la lutte contre Daech », a déclaré pour sa part le député irakien Majed al-Gharawi, membre lui aussi de la commission de défense et de sécurité.

Ces volontaires doivent être « intégrés dans l'appareil de sécurité dans un cadre légal et sous le contrôle du gouvernement », a-t-il estimé.

« Les ministères de la Défense et de l'Intérieur ont besoin de troupes supplémentaires disposant d'une bonne expérience du combat, afin de tenir le territoire libéré et de protéger les frontières », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Les attaques lancées par des éléments de Daech s'infiltrant en Irak par la frontière syrienne n'ont pas totalement cessé, a poursuivi al-Gharawi, ajoutant qu'il existe encore des poches et des incubateurs de Daech dans le pays.

« Pour répondre à cette menace, il faut plus d'hommes, des armes et des technologies militaires de pointe, ainsi qu'une formation plus intensive », a-t-il ajouté.

Al-Gharawi a mis en garde contre le fait de « tirer parti de la participation des forces [FMP] durant la guerre contre le terrorisme à des fins promotionnelles », alors que s'approchent les élections, prévues pour mai 2018.

« Démilitariser la société »

Après sa victoire sur Daech, le gouvernement souhaite maintenant placer toutes les armes sous le contrôle de l'État, a expliqué Hisham al-Hashimi, chercheur spécialiste des mouvements extrémistes.

« Le gouvernement œuvre dans le sens d'une démilitarisation de la société et pour assurer aux Irakiens et au reste du monde qu'il interdira les groupes activistes et les armes non autorisées », a-t-il indiqué à Diyaruna.

La présence de tels groupes « porte atteinte à la stratégie de stabilité et de reconstruction », a-t-il poursuivi.

« Quelques-unes des plus importantes factions armées ont récemment annoncé qu'elles avaient placé leurs armes, notamment leurs armes lourdes, sous le contrôle et la gestion des forces de sécurité », a précisé al-Hashimi.

De plus, le gouvernement est en train d'organiser les FMP, d'identifier leur nombre et leur répartition géographique, ainsi que les camps militaires et les installations de stockage dont elles disposent, a-t-il conclu.

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