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L'Irak à la recherche d'une stratégie nationale pour éradiquer l'idéologie extrémiste

Par Khalid al-Taie

Des prédicateurs et des imams de la province de Ninive bénéficient d'une orientation sur la meilleure manière de lutter contre l'idéologie extrémiste de « l'État islamique », sur cette photo publiée en ligne le 11 décembre. [Photo fournie par l'Autorité des dotations sunnites de Ninive]

Des prédicateurs et des imams de la province de Ninive bénéficient d'une orientation sur la meilleure manière de lutter contre l'idéologie extrémiste de « l'État islamique », sur cette photo publiée en ligne le 11 décembre. [Photo fournie par l'Autorité des dotations sunnites de Ninive]

Après la défaite militaire de « l'État islamique » (Daech), le gouvernement irakien cherche maintenant à adopter une stratégie nationale pour lutter contre l'extrémisme et débarrasser les régions libérées de cette idéologie extrémiste et déviante.

Durant la période où il contrôlait de vastes portions du territoire irakien, le groupe avait imposé aux civils un code de conduite très rigoureux, fondé sur une interprétation extrême de la charia.

Il utilisait ces interprétations extrémistes pour justifier ses crimes et ses abus, trompant les gens en essayant de les convaincre de la véracité de sa version déformée de l'islam et en les punissant lorsqu'ils ne se conformaient pas à ses ordres.

Les efforts visant à dissiper l'influence du groupe doivent commencer en contrant son idéologie déviante, très éloignée des enseignements de l'islam, a expliqué Abou Bakr Kanaan, directeur de l'Autorité des dotations sunnites dans la province de Ninive.

Il a souligné que cette responsabilité revient aux responsables religieux, qui doivent « orienter la pensée concernant cela vers les principes corrects de la foi ».

Kanaan a expliqué à Diyaruna que ses services œuvrent dans ce but depuis le début de l'année de plusieurs façons.

Celles-ci comprennent « la communication directe avec les gens dans les mosquées, ainsi que l'organisation de conférences et de séminaires pour faire la lumière sur la nature trompeuse des terroristes et de leurs interprétations religieuses », a-t-il ajouté.

« Nous travaillons aussi avec le Conseil de l'éducation de Ninive pour organiser ces types d'activités dans les écoles », a-t-il poursuivi, soulignant que cela est important, parce que les enfants et les adolescents ont été l'une des premières cibles du lavage de cerveau par Daech.

La première mesure prise par Daech après avoir imposé son contrôle dans les régions d'Irak qu'il avait conquises avait été de remplacer les programmes scolaires par des contenus incitant à la violence et à l'extrémisme et de lancer des campagnes de recrutement forcé des enfants, a-t-il précisé.

Lutte contre l'extrémisme

Pour atténuer les dommages sociaux infligés par Daech, la Fondation pour les dotations sunnites de Ninive a élaboré des programmes visant à lutter contre les effets du terrorisme dans l'esprit des gens et à développer leurs compétences basées sur la connaissance, a expliqué Kanaan.

« Nous avons fait en sorte que tous nos responsables religieux membres suivent des cours qui leur présentent les orientations émises par l'Autorité des dotations sunnites, qui favorisent toutes une approche modérée du discours religieux », a-t-il précisé.

« Nous avons aussi un sermon du vendredi unifié qui est rédigé chaque semaine par des comités religieux spécialisés et est distribué aux imams et aux prédicateurs dans les mosquées pour qu'ils le transmettent aux fidèles », a-t-il ajouté.

Si ces sermons ne sont pas prononcés comme prévu, le prédicateur ou l'imam doit s'engager par écrit à ne pas renouveler cette violation, faute de quoi il risque d'être suspendu de ses activités, a précisé Kanaan.

Mais les prédicateurs et les imams de Ninive ont toutefois respecté cette initiative, a-t-il souligné.

Éradiquer l'idéologie de Daech nécessite « des contre-mesures complètes et intégrées », a estimé Nouha Derwish, professeur de psychologie et de sociologie à l'université de Bagdad.

Elle a déclaré à Diyaruna que « toute stratégie doit prendre en compte tous les aspects de la question, et chaque institution nationale doit jouer un rôle précis dans la lutte contre l'extrémisme ».

« Nous devons renforcer l'éducation et le rôle des médias et des réseaux sociaux dans la sensibilisation de lutte contre le terrorisme et contre les différentes tentatives de polluer les esprits par une vision déviante », a-t-elle indiqué.

Renforcement de la législation

Derwish a également souligné le besoin d'aider les jeunes à cultiver l'ouverture d'esprit et l'importance de les exposer à une grande variété de cultures et d'identités, afin qu'ils acceptent les différences comme une source de force pour la société.

Lorsque l'on élabore une stratégie de lutte contre l'extrémisme, a expliqué à Diyaruna Hana Edward, présidente de la fondation Hope, il est important de fournir un soutien aux personnes qui ont été affectées par le terrorisme, « en particulier les femmes et les enfants ».

Ces personnes doivent pouvoir bénéficier de services de soutien psychologique et d'un soutien financier, ainsi que d'autres formes d'assistance qui leur permettront de jouer un rôle actif dans la construction de leurs communautés, a-t-elle ajouté.

La confiance doit être rétablie au sein des communautés affectées en renforçant l'État de droit et en évitant toute situation où des personnes innocentes sont mises en détention sur de simples soupçons de terrorisme ou en raison de liens de famille avec des terroristes.

Une partie de la solution doit être un programme de réconciliation nationale, a-t-elle suggéré.

Les organisations de la société civile et les leaders communautaires doivent également être impliqués dans les mesures visant à lutter contre les climats de représailles et à créer à la place une société pacifique qui ne laisse aucune place à l'extrémisme et à la violence, a-t-elle conclu.

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