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L'Irak souhaite combattre la corruption

Par Alaa Hussain à Bagdad

Le 15 septembre à Bagdad, des Irakiennes participent à une manifestation contre la corruption en Irak. Elles ont également demandé la réforme du système électoral. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Le 15 septembre à Bagdad, des Irakiennes participent à une manifestation contre la corruption en Irak. Elles ont également demandé la réforme du système électoral. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a assuré à plusieurs reprises au peuple irakien que la prochaine guerre du pays sera contre le fléau de la corruption.

Cette promesse a été renouvelée récemment lors d'un discours prononcé samedi 9 décembre annonçant la victoire irakienne contre « l'État islamique » (Daech).

Précédemment, le 21 novembre, le Premier ministre avait promis de sévir contre la corruption financière et administrative dans toutes les institutions gouvernementales.

« La guerre qui vient se fera contre les corrompus », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d'une réforme économique complète dans les secteurs publics et privés.

Cette photo d'archive prise le 5 octobre montre le Premier ministre irakien Haider al-Abadi donnant une conférence de presse à Paris. Annonçant « la fin de la guerre » en Irak contre Daech quelques jours plus tard, le 9 décembre, al-Abadi a déclaré que la prochaine guerre de l'Irak se fera contre la corruption. [Ludovic Marin/POOL/AFP]

Cette photo d'archive prise le 5 octobre montre le Premier ministre irakien Haider al-Abadi donnant une conférence de presse à Paris. Annonçant « la fin de la guerre » en Irak contre Daech quelques jours plus tard, le 9 décembre, al-Abadi a déclaré que la prochaine guerre de l'Irak se fera contre la corruption. [Ludovic Marin/POOL/AFP]

« Tout comme [les éléments de] Daech ont eu le choix entre se rendre ou mourir, j'offre aujourd'hui la possibilité aux personnes corrompues de rendre les fonds publics volés ou d'aller en prison », a-t-il indiqué.

« Les corrompus ont essayé de mettre le feu à l'Irak et de le détourner de sa guerre contre Daech », a-t-il déclaré. « Je jure à tous les Irakiens que nous triompherons de la corruption, comme nous l'avons fait de Daech. »

« Les deux faces d'une même médaille »

« Mener une guerre contre la corruption aujourd'hui est la prochaine étape naturelle après la guerre contre le terrorisme, car celui-ci repose sur les fonds illégaux, le blanchiment d'argent et l'extorsion », a affirmé le député irakien Faris al-Faris.

La corruption et le terrorisme sont les deux faces d'une même médaille, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Le terrorisme peut revenir si l'on permet à l'argent de la corruption de rester dans le système et si la corruption administrative et financière reste profondément ancrée dans les institutions gouvernementales, a-t-il déclaré.

« Si nous voulons préserver la victoire obtenue contre Daech, nous devons combattre la corruption d'une main de fer et couper toutes les sources qui permettraient au terrorisme de resurgir dans le pays », a-t-il ajouté.

Abdoul Rahman al-Loizi, député irakien de la province de Ninive, a déclaré que l'effet corrosif de la corruption se manifeste non seulement à travers « le financement direct ou indirect des groupes terroristes », mais également la fragilisation des institutions gouvernementales, parmi lesquelles se trouve l'armée.

Ceci permet au terrorisme de grandir et de s'enraciner, a-t-il déclaré à Diyaruna.

« Les institutions militaires d'un État corrompu seront elles aussi corrompues, et elles limiteront ainsi sa capacité à combattre le terrorisme », a-t-il précisé.

La guerre contre la corruption est de la plus haute importance, a-t-il ajouté, car il est nécessaire de garantir que chaque personne morale ou physique qui finance le terrorisme et l'aide à se renforcer soit bloquée.

« Toutes les composantes de cette guerre sont actuellement en place », a-t-il déclaré, des autorités compétentes, dont le Bureau de la surveillance fiscale, l'Institut de l'intégrité et le Parlement, jusqu'aux lois conçues pour traduire en justice les personnes corrompues.

Des mesures drastiques sont nécessaires

La lutte contre la corruption est « une bataille difficile à remporter », a déclaré à Diyaruna Ali al-Jubury, professeur de science politique à l'université de Bagdad.

« La source de l'argent de la corruption qui arrive jusqu'aux groupes terroristes et extrémistes ne sera pas facile à tarir, à moins que le gouvernement travaille main dans la main avec tous les secteurs de la société et tous les groupes politiques du pays », a-t-il affirmé.

Ce processus sera difficile et dangereux, a-t-il ajouté, car la corruption fait partie de la société et a créé au fil du temps des défenses importantes pour protéger ses intérêts.

« Par conséquent, se mettre en travers du chemin d'individus profondément corrompus ne sera pas facile, mais cela n'est pas impossible », a-t-il poursuivi.

Toute campagne anticorruption lancée maintenant bénéficiera d'un soutien populaire « sans précédent », a déclaré al-Jubury, car le citoyen moyen a été lésé par la corruption et des élus corrompus.

Le gouvernement doit prendre des mesures drastiques pour sévir contre la corruption et gagner la confiance du peuple, a-t-il expliqué, comme la détention des grands délinquants et le rapatriement de l'argent volé qui a été acheminé vers des pays étrangers.

Le succès de la guerre contre la corruption sera déterminé par la volonté du gouvernement et le soutien des institutions gouvernementales, des autorités pédagogiques et religieuses, des médias et des familles et des personnes elles-mêmes, a-t-il conclu.

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