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Terrorisme

Tahrir al-Sham secoué par des dissensions internes

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des membres de Tahrir al-Sham participent à la récente arrestation de leaders d'al-Qaïda dans la ville de Sarmin, non loin d'Idlib. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Des membres de Tahrir al-Sham participent à la récente arrestation de leaders d'al-Qaïda dans la ville de Sarmin, non loin d'Idlib. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Les tensions sont encore vives dans certaines parties des provinces d'Alep et d'Idlib contrôlées par Tahrir al-Sham, une alliance extrémiste dominée par l'ancien Front al-Nosra (FAN), à la suite de l'arrestation par l'alliance de leaders et d'éléments affiliés à al-Qaïda.

Ces tensions s'étendent jusqu'aux cercles internes de l'alliance, expliquent des militants à Diyaruna, et ont poussé des dizaines de leaders à annoncer qu'ils rejetaient cette campagne d'arrestations et suspendaient leur travail pour le groupe.

Certains ont même menacé de quitter l'alliance et de rompre leur serment d'allégeance si ceux qui ont été arrêtés ne sont pas libérés.

Mercredi 29 novembre, des dizaines de personnalités importantes de Tahrir al-Sham ont multiplié les déclarations dans lesquelles ils dénoncent la récente vague d'arrestations de dizaines de leaders et de juristes d'al-Qaïda, a expliqué à Diyaruna le militant basé à Idlib Moussab Assaf.

Des combattants des forces d'élite de Tahrir al-Sham ont annoncé cette semaine suspendre leur travail au sein de l'alliance pour protester contre sa campagne d'arrestations. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Des combattants des forces d'élite de Tahrir al-Sham ont annoncé cette semaine suspendre leur travail au sein de l'alliance pour protester contre sa campagne d'arrestations. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Les forces d'élite de Tahrir al-Sham, vues sur cette photo, comptent parmi les groupes qui ont annoncé l'interruption de leur travail au sein de l'alliance pour protester contre la récente arrestation d'éléments d'al-Qaïda. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Les forces d'élite de Tahrir al-Sham, vues sur cette photo, comptent parmi les groupes qui ont annoncé l'interruption de leur travail au sein de l'alliance pour protester contre la récente arrestation d'éléments d'al-Qaïda. [Photo fournie par Moussab Assaf]

Une soixantaine de leaders de diverses nationalités, parmi lesquels des commandants militaires et des responsables de la charia et de l'administration se sont opposés à cette campagne et ont suspendu leur travail, a expliqué Assaf, sous couvert d'un pseudonyme par crainte pour sa sécurité.

L'objection soulevée par les forces d'élite de l'alliance mérite d'être notée, a-t-il insisté.

Des tensions internes secouent Tahrir al-Sham

Assaf a expliqué à Diyaruna qu'il avait appris de plusieurs sources que des tensions bouillonnaient dans les rangs de Tahrir al-Sham à Idlib, et qu'une séparation importante devrait bientôt être annoncée.

À la suite de cette campagne d'arrestations, les secteurs désertiques du nord, de l'ouest et de l'est de Tahrir al-Sham, ainsi que son Armée du désert et son administration militaire ont suspendu leur travail avec l'alliance, a expliqué Assaf.

« Parmi les importants leaders faisant part de leur dissidence se trouvent Abou Hamam, le chef des véhicules de l'alliance, et le juriste Abou Aqaba al-Kurdi », a-t-il indiqué. Ils sont rejoints par Abou Mariam al-Tunisi, Abou al-Miqdad al-Ourdouni, Abou Salma al-Ourdouni, Abdoul Ghani al-Maqdisi, Abou Ali al-Ansari, Mouhajir al-Shami et Abou Hassan al-Nuaimi.

La rapide initiative de l'alliance pour arrêter ces membres d'al-Qaïda est liée à la progression de « l'État islamique » (Daech) vers Idlib, a expliqué le major général Yahya Mohammed Ali, stratégiste et officier à la retraite de l'armée égyptienne.

Les éléments d'al-Qaïda à Idlib seront renforcés s'ils communiquent avec Daech, a-t-il dit, car les deux groupes sont idéologiquement et politiquement proches pour l'instant, à la lumière des récentes évolutions politiques en Syrie.

Affrontement au sein des branches d'al-Qaïda

« L'actuel conflit peut être caractérisé comme une lutte pour le contrôle et l'expansion entre les diverses branches d'al-Qaïda », a ajouté Ali.

Des vétérans d'al-Qaïda se sont rassemblés dans certaines parties d'Idlib sous le nom de « Partisans d'al-Furqan » (Ansar al-Furqan) et ont pris le contrôle de plusieurs villes, a-t-il indiqué.

Cela montre que le conflit entre les vétérans d'al-Qaïda dans le FAN et les partisans du leader du FAN Abou Mohammed al-Joulani était déjà présent, malgré les tentatives du FAN de minimiser les tensions entre les deux, a indiqué Ali.

« Il est possible qu'un grand nombre de leaders et d'éléments de Daech aient pu atteindre des zones contrôlées par [les vétérans d'al-Qaïda] après s'être échappés des régions que Daech avait récemment perdues, comme al-Raqqa, Deir Ezzor et Albou Kamal », a-t-il ajouté.

La préférence des combattants de Daech de s'associer avec des groupes affiliés à al-Qaïda est due aux efforts désespérés du FAN, y compris par le biais de la formation de Tahrir al-Sham, d'éviter d'être perçus comme des terroristes, a-t-il expliqué.

En prenant ses distances avec le nom et la marque al-Qaïda, le FAN cherche à éviter de devenir la cible des frappes aériennes de la coalition, notamment dans son principal fief d'Idlib, et à s'installer dans le processus politique syrien.

Le communiqué d'al-Zaouahiri est révélateur

Le communiqué publié par les opposants de Tahrir al-Sham a fait suite à une déclaration publiée par le leader d'al-Qaïda Ayman al-Zaouahiri, a expliqué le major général Abdoul Karim Ahmed, analyste militaire égyptien, spécialiste d'al-Qaïda et officier en retraite.

C'est la première fois qu'al-Zaouahiri a publiquement révélé que l'allégeance du FAN à al-Qaïda n'a pas été révoquée, a-t-il expliqué à Diyaruna, car sa déclaration que le FAN nécessite son accord sur ce point.

L'exhortation d'al-Zaouahiri selon laquelle « l'allégeance de quiconque à notre cause est un contrat obligatoire qui ne peut être rompu et doit être rempli », est une indication claire adressée aux éléments du FAN, notamment aux vétérans qui sont idéologiquement loyaux à al-Qaïda, que leur allégeance reste pour al-Qaïda, a-t-il souligné.

En appelant les éléments du FAN fidèles à al-Qaïda qui rejettent la récente arrestation des éléments d'al-Qaïda à communiquer avec ses leaders, al-Zaouahiri appelle à une confrontation ouverte avec le FAN, a poursuivi Ahmed.

« Cela signifie que la situation a atteint un point de non-retour entre les deux parties », a-t-il expliqué.

Al-Qaïda profite du déclin de Daech

Alors que décline l'influence de Daech en Syrie, a poursuivi Ahmed, al-Qaïda s'efforce d'inciter les éléments extrémistes à réintégrer ses rangs, et al-Zaouahiri est parfaitement conscient du fait que des centaines d'extrémistes ne sont pas d'accord avec l'actuelle position du FAN.

Ces combattants n'ont d'autre choix que de réintégrer l'organisation mère, a-t-il expliqué.

La situation en Syrie n'est pas en leur faveur, a-t-il ajouté, à la lumière de la guerre internationale contre le terrorisme qui fait courir aux groupes extrémistes le risque des frappes aériennes de la coalition.

Au vu de cette situation, a-t-il expliqué, « al-Zaouahiri exploite la situation délicate à laquelle sont confrontés ces combattants pour tenter de faire revivre l'entité al-Qaïda ».

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