La nouvelle chaîne satellitaire financée par l'Iran qui a commencé à diffuser le soir du samedi 25 novembre en Syrie donne à l'Iran un nouveau moyen de s'implanter dans la région et de mettre en avant son programme et ses idéologies, ont mis en garde des experts des médias.

Cette initiative est conforme à la politique du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et lui offre un moyen d'exercer son influence et son contrôle, ont-ils ajouté.

Al-Alam TV-Syrie a lancé une diffusion test samedi soir avec trois heures de temps d'antenne, et devrait accroître ses heures de diffusion dans les mois qui viennent.

Cette chaîne basée à Téhéran créera par la suite des bureaux en Syrie, ont indiqué plusieurs médias syriens.

« Cette nouvelle chaîne donnera au CGRI un moyen d'accentuer sa pénétration de la société syrienne », a estimé le professeur Hassan Afifi, de la faculté des médias de l'université du Caire.

Les organes médiatiques et les contenus que ceux-ci diffusent sont parmi les moyens les plus importants pour influencer les gens, fonctionnant en tandem avec le contrôle militaire, sécuritaire, politique et économique de la zone, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Bien que cette chaîne diffuse des contenus syriens, elle reste hors du contrôle du régime syrien et ces contenus ne sont soumis à aucune surveillance syrienne, a souligné Afifi.

Un outil de recrutement

« Pour cette raison, les contenus qu'elle diffusera contribueront certainement au processus de recrutement du CGRI », a-t-il poursuivi, soulignant que le but de ce dernier est de mettre en place des groupes locaux sur le modèle du Hezbollah au Liban.

Afifi a indiqué qu'il s'attendait à voir cette nouvelle chaîne être utilisée pour attiser les conflits sectaires.

Cela accroîtra les tensions sur le front intérieur syrien, a-t-il ajouté, notant que ce conflit interne est l'un des facteurs contribuant à « la survie et l'expansion » du CGRI.

Le lancement de la chaîne s'est accompagné de celui d'un site internet affilié, ce qui accentuera la propagation de son message politique, a-t-il indiqué.

Cette stratégie est similaire à la mise en place au Liban et par le CGRI de la chaîne de télévision Al-Manar, affiliée au Hezbollah.

Peu après le lancement d'Al-Manar, a souligné Afifi, une organisation médiatique a été mise en place, comprenant des sites internet, des journaux et des stations de radio.

« Tous ont contribué à la propagation de l'idéologie du CGRI et à son processus de recrutement au Liban », a-t-il expliqué, et cela a aidé le Hezbollah à s'étendre.

Les pays qui luttent contre l'extrémisme devraient bloquer cette nouvelle chaîne et son site internet, et accentuer leurs efforts de lutte contre les médias visant le front intérieur syrien.