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L'aide arrive à Douma alors que les militants demandent la fin du siège

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Un convoi d'aide humanitaire arrive à l'entrée de la ville de Douma dans la Ghouta orientale, dans les faubourgs de Damas. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Un convoi d'aide humanitaire arrive à l'entrée de la ville de Douma dans la Ghouta orientale, dans les faubourgs de Damas. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

L'aide désespérément attendue délivrée dimanche 12 novembre dans la Ghouta orientale, une région située dans les faubourgs de Damas assiégée par le régime syrien, ne sera suffisante que pour quelques jours, ont indiqué à Diyaruna des militants présents dans la zone.

L'arrivée de cette aide humanitaire a coïncidé avec le lancement d'une campagne populaire dans les médias qui tente de répondre au problème plus vaste, celui de la levée du siège, ont-ils expliqué.

Grâce à des négociations avec le régime syrien, les Nations unies ont pu garantir l'entrée de fournitures médicales dans la zone, a expliqué le Dr Anas Abou Yasser, qui travaille au bureau médical d'al-Marj, une zone de la Ghouta orientale.

Des fournitures médicales ont été amenées dimanche, et la distribution a pu commencer lundi, a expliqué Abou Yasser à Diyaruna.

Une délégation humanitaire entrée dimanche 12 novembre dans Douma avec de l'aide rencontre les travailleurs humanitaires présents dans la ville. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Une délégation humanitaire entrée dimanche 12 novembre dans Douma avec de l'aide rencontre les travailleurs humanitaires présents dans la ville. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Des représentants du Croissant-Rouge et d'organisations humanitaires rencontrent un enfant ayant des besoins spéciaux. Ses parents ont demandé à ce qu'il soit évacué de la zone pour suivre un traitement. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Des représentants du Croissant-Rouge et d'organisations humanitaires rencontrent un enfant ayant des besoins spéciaux. Ses parents ont demandé à ce qu'il soit évacué de la zone pour suivre un traitement. [Photo fournie par Mohammed al-Beik]

Le convoi de l'ONU était accompagné par une délégation d'organisations humanitaires internationales et du Croissant-Rouge syrien, a-t-il précisé.

Fournitures insuffisantes

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré qu'une opération conjointe avec l'ONU avait permis d'acheminer dans la ville de Douma 24 camions chargés de nourriture et de fournitures médicales, a rapporté l'AFP.

Cette livraison d'aide était la première dans la zone depuis près de trois mois, a précisé le CICR.

Bien que très attendue, elle a suscité une certaine frustration, a indiqué Abou Yasser à Diyaruna, car elle ne suffit pas à alimenter tous ceux qui sont dans le besoin, et ces fournitures ne dureront que quelques jours.

Il y a 27 000 familles rien qu'à Douma, a-t-il souligné, et près d'un demi-million d'habitants au total dans la zone assiégée.

Cette aide alimentaire se compose de légumes, de sucre, de riz, d'huile et de sel.

« Le conseil local, qui a été chargé d'en assurer la distribution, procédera à un réassortiment des paniers alimentaires, afin que cette aide puisse être apportée au plus grand nombre d'habitants possible », a-t-il indiqué.

Abou Yasser a mis en garde contre une catastrophe humanitaire qui se profile, en particulier pour les enfants, alors que leur taux de mortalité augmente.

Le décès le plus récent a été enregistré lundi dans la ville de Saqba, a-t-il précisé, où un manque de médicaments et de traitements a précipité le sort de Waleed Obeid, seulement âgé de 13 ans.

Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué qu'un civil serait décédé dimanche dans la Ghouta orientale d'une insuffisance rénale, et que d'autres patients de la zone avaient perdu la vie en raison des restrictions de l'aide, a indiqué l'AFP.

Appels à la levée du siège

Lundi, des activistes syriens ont lancé une campagne dans les médias pour demander la fin du siège de la Ghouta orientale imposé par le régime et ses alliés depuis 2014, a expliqué le militant Mohammed al-Beik, membre du comité de coordination de la Ghouta orientale.

Cette campagne, menée par des militants dans la région et au-delà, se concentre sur les médias sociaux avec le hashtag #BreakGhoutaSiege, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Cette campagne est une tentative de mobiliser la communauté internationale afin qu'elle fasse pression sur le régime syrien pour qu'il lève une fois pour toutes le siège imposé à la région », a-t-il ajouté.

« Les habitants de la Ghouta orientale ne veulent pas de cette aide misérable », a poursuivi al-Beik, « mais demandent plutôt que le siège soit levé afin qu'ils puissent mener leur vie normalement ».

Le prix des produits alimentaires et des autres denrées de base a fortement augmenté en raison du siège, a-t-il dit, les produits alimentaires de base entrés en fraude dans la région étant vendus dix fois le prix normal.

Outre les prix élevés et la pénurie alimentaire, a-t-il ajouté, la santé publique a atteint un niveau critique en raison de la pénurie actuelle de fournitures, et des milliers de personnes ont besoin d'être évacuées pour recevoir un traitement médical.

« Épicentre de la souffrance »

Jan Egeland, chef du groupe de travail humanitaire des Nations unies pour la Syrie, a qualifié dimanche la Ghouta orientale « d'épicentre de la souffrance » dans le pays.

« Près de 400 hommes, femmes, enfants [...] doivent être évacués maintenant », a-t-il déclaré, ajoutant que 29 d'entre eux, notamment 18 enfants, « mourront s'ils ne sont pas évacués ».

L'OMS a affirmé dimanche avoir préparé un plan d'évacuation de la Ghouta orientale.

« À ce stade toutefois, aucun accord officiel d'évacuation n'a été reçu des autorités nationales compétentes », a précisé l'organisation.

« Nous avons désormais atteint un point critique où les vies de centaines de personnes, dont de très nombreux enfants, sont en jeu », a déclaré Elizabeth Hoff, représentante de l'OMS, qualifiant la situation de « déchirante ».

Le CICR et le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) à Damas ont tous deux laissé entendre qu'aucune évacuation médicale n'était prévue dans le cadre de l'opération humanitaire de dimanche.

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