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Sécurité

Al-Raqqa se prépare pour l'après-libération

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Une cérémonie de remise de diplôme du 12e contingent des Forces de sécurité intérieures qui prendront la relève des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour assurer désormais la sécurité dans al-Raqqa. [Photo fournie par les FDS]

Une cérémonie de remise de diplôme du 12e contingent des Forces de sécurité intérieures qui prendront la relève des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour assurer désormais la sécurité dans al-Raqqa. [Photo fournie par les FDS]

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) préparent la ville d'al-Raqqa pour l'après-libération grâce à des mesures à long terme destinées à maintenir la sécurité, ont expliqué des responsables des FDS à Diyaruna.

Parmi ces mesures, la formation de forces de sécurité intérieure et d'équipes de contrôle de la circulation pour qu'elles s'occupent de la sécurité et de l'application de la loi, et le nettoyage de la ville et de ses environs de toutes les mines et de tous les engins explosifs improvisés (EEI) posés par Daech.

Le 20 octobre, les FDS ont annoncé une « victoire historique » sur « l'État islamique » (Daech) à al-Raqqa et se sont engagées à remettre le pouvoir à une administration civile.

Mais les FDS n'ont jusqu'à présent pas été en mesure de remettre les clés de la ville au conseil civil d'al-Raqqa, car il reste selon elles énormément de travail de déminage à faire avant que la ville ne puisse être remise aux civils.

Un membre d'une agence de déminage affiliée aux Forces démocratiques syriennes (FDS) participe aux opérations de déminage à l'entrée de la ville d'al-Raqqa. [Photo fournie par les FDS]

Un membre d'une agence de déminage affiliée aux Forces démocratiques syriennes (FDS) participe aux opérations de déminage à l'entrée de la ville d'al-Raqqa. [Photo fournie par les FDS]

« Après la fin des opérations de nettoyage [...] nous remettrons la ville au conseil civil d'al-Raqqa », a promis le porte-parole des FDS Talal Sello.

« Les FDS tiendront la promesse faite aux habitants de former et d'équiper des équipes de sécurité composées entièrement de natifs d'al-Raqqa pour administrer les zones libérées », a déclaré Mahmoud Ismail, commandant des FDS originaire de la province d'al-Raqqa.

Les habitants se sont manifestés en grands nombres pour rejoindre les Forces de sécurité intérieures (FSI), le département de la circulation de la province et tous les autres secteurs de services, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« Ils veulent participer activement et autant que faire se peut au processus de reconstruction et de retour des choses à la normale », a-t-il déclaré.

Ismail a indiqué que ce transfert d'administration aux FSI sera reporté jusqu'à ce que la ville et ses zones environnantes soient totalement débarrassées des mines et des EEI.

« Les centres de sécurité seront prêts à temps pour que les habitants retrouvent leurs maisons et leurs biens », a-t-il ajouté, notant que certaines unités des FSI sont actuellement stationnées aux entrées de la ville, aux côtés d'éléments des FDS.

La sécurité « aux mains du peuple »

Abdoullah Haidar, un habitant d'Ayn Issa qui a rejoint les FSI après avoir combattu dans les rangs des FDS, a expliqué qu'une fois les opérations de déminage terminées, la ville sera remise à la garde des FSI.

« Les académies militaires des FDS ont formé des centaines de jeunes qui se sont portés volontaires pour travailler au sein des FSI », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Plusieurs contingents sont sortis diplômés de ces académies, a-t-il poursuivi, le dernier comptant 253 diplômés à Ayn Issa.

« Ces nouveaux diplômés se verront affectés à diverses missions de sécurité dans la ville d'al-Raqqa et ses zones rurales », a encore ajouté Haidar.

La plupart des diplômés de ces cours de formation des FSI sont originaires de la province d'al-Raqqa, a-t-il précisé, et sont désormais prêts à remplir leur mission.

« La sécurité de la région sera placée entre les mains de ses propres habitants », s'est-il félicité.

Fahim Darwish, 20 ans, originaire de la partie rurale d'al-Raqqa, a indiqué s'être porté volontaire pour les FSI afin de participer à la protection des zones libérées de Daech.

Il a expliqué à Diyaruna que ses camarades et lui étaient de plus en plus convaincus qu'ils devaient protéger leur région par eux-mêmes.

« Les FDS ont joué un rôle essentiel durant la phase de libération et de l'après-libération », a-t-il estimé. « Elles n'ont pas abandonné les habitants d'al-Raqqa par le passé et ne le feront pas maintenant. Elles et les forces Asayesh nous forment et nous équipent pour que nous puissions assurer la sécurité des zones libérées. »

Darwish, contraint de quitter l'école à cause de la guerre en Syrie, a dit espérer que son rôle dans le maintien de la sécurité dans sa ville permettra aux enfants syriens de recevoir une éducation loin des groupes extrémistes et du conflit.

Al-Raqqa polluée par les mines

Il y a davantage de mines, d'engins explosifs et de pièges laissés par Daech à al-Raqqa que dans les autres villes autrefois contrôlées par le groupe, a fait savoir Moustafa Ceylan, membre d'une équipe de déminage au sein des Unités kurdes de protection du peuple (YPG).

« Il n'est pas exagéré de dire que chaque entrée de la ville et chacun de ses quartiers, chacune de ses rues, de ses maisons et de ses boutiques est piégée », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Ceylan a expliqué que l'ampleur des destructions dans la ville rendait très difficile la recherche de mines pouvant être dissimulées sous les décombres.

« Certains endroits sont des zones de désastre majeures, comme les ateliers que le groupe utilisait pour fabriquer des EEI et des mines », a-t-il poursuivi.

Des unités des FDS ont trouvé deux de ces ateliers, une usine de fabrication d'EEI et de mines dans le quartier de Tayyar, et un autre de préparation de voitures piégées dans le district d'al-Badou, a-t-il précisé.

Les civils ne pourront revenir qu'après que nous ayons procédé à un ratissage complet de toute la ville et que celle-ci soit totalement débarrassée de ces explosifs, a-t-il indiqué.

« Des travaux sont en cours aux entrées et dans le périmètre extérieur de la ville, ainsi que dans certains des principaux bâtiments de service qui n'ont pas été détruits », a expliqué Ceylan, ajoutant que les opérations de déminage se déplaceront ensuite vers le centre de la ville.

Des mines et des EEI laissés par le groupe sont enterrés, d'autres ont été utilisés pour piéger les portes des maisons, les meubles, les machines à laver, les réfrigérateurs et les fours, a précisé Ceylan.

Certains explosifs sont équipés de détonateurs très sophistiqués déclenchés au toucher ou par de faibles vibrations, a-t-il expliqué, et d'autres sont reliés à des produits chimiques qui réagissent aux changements de température.

Retour de quelques civils

Les FDS ont indiqué dimanche 5 novembre dans un communiqué publié en ligne que des centaines de familles avaient pu rentrer à al-Meshleb, le quartier le plus à l'est d'al-Raqqa.

« Les FDS ont informé les civils originaires d'al-Meshleb qu'ils pouvaient regagner leurs maisons après que les équipes de déminage eurent terminé de débarrasser l'ensemble du quartier des explosifs que Daech avait laissés sans distinction dans les maisons », a indiqué le centre de presse des forces.

Il a précisé que ce quartier était le premier à pouvoir être réintégré par ses habitants depuis que la ville « a été libérée de Daech », a indiqué l'AFP.

Les FDS restent toutefois en alerte maximale dans les faubourgs d'al-Raqqa pour empêcher les civils d'entrer dans la ville et de mettre leur vie en danger, a précisé Ghassan Ibrahim, commandant d'une unité des FDS.

« Malheureusement, certains civils n'ont pas respecté les instructions et ont tenté de revenir dans leur maison, ce qui a entraîné la mort de neuf personnes lorsqu'elles sont entrées chez elles et ont déclenché l'explosion d'une mine », a-t-il raconté à Diyaruna.

Les habitants de la ville sont bien conscients de la nécessité de respecter les instructions qui leur sont communiquées par les équipes déployées dans toute la ville, a-t-il ajouté.

Les habitants apprécient le difficile travail des FDS, et « sont convaincus que cette attente pour pouvoir regagner leurs maisons est absolument nécessaire », a rapporté Ibrahim.

Les mines ont également coûté la vie à plusieurs combattants des FDS qui participaient aux opérations de déminage, a-t-il poursuivi.

« À al-Raqqa, les mines sont bien camouflées, et leur emplacement est de ce fait difficile à connaître », a-t-il indiqué.

Sufyan al-Hillani, un habitant originaire d'al-Raqqa qui tenait un magasin dans la ville et réside actuellement à Ayn Issa, a déclaré qu'il ne retournera pas dans la ville avant qu'elle ne soit totalement débarrassée de ces explosifs.

« Les nouvelles qui nous parvenaient des villes et des zones libérées de Daech nous montraient comment le groupe avait tout piégé dans le seul but de causer des pertes », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Et de conclure : « Il serait totalement insensé d'avoir survécu au groupe et de rentrer maintenant dans les zones libérées pour aller stupidement y mettre nos vies en péril. »

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