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Terrorisme

Face aux pertes dans leurs rangs, les éléments de Daech perdent l'envie de se battre

Par Khalid al-Taie

Les forces irakiennes, vues ici le 4 novembre, tiennent une position proche de la frontière syrienne après avoir repris la veille la ville frontalière d'al-Qaïm, dans l'ouest de l'Anbar, des mains de « l'État islamique ». [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Les forces irakiennes, vues ici le 4 novembre, tiennent une position proche de la frontière syrienne après avoir repris la veille la ville frontalière d'al-Qaïm, dans l'ouest de l'Anbar, des mains de « l'État islamique ». [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Après avoir perdu l'immense majorité du territoire qu'il occupait jadis en Irak et en Syrie, « l'État islamique » (Daech) doit désormais lutter contre la perte de moral et les désertions dans ses rangs, rapportent des experts à Diyaruna.

Les éléments de Daech ont tout simplement perdu la volonté de se battre, ont-ils signalé.

Cela est devenu évident après que le groupe eut souffert un revers cuisant à Mossoul, où de nombreux combattants ont fui le champ de bataille et d'autres se sont rendus en grands nombres.

Jadis, la propagande de Daech dépeignait ses combattants comme « invincibles, obéissant aux ordres sans faillir et combattant jusqu'à leur dernier souffle », ont-ils rappelé.

Mais il semblerait que ce ne soit plus le cas.

Plus aucune volonté de se battre

Le rêve du leader de Daech Abou Bakr al-Baghdadi de fonder un « califat » a viré au cauchemar, comme l'a expliqué Hashem al-Hashemi, spécialiste des groupes extrémistes.

Après avoir subi une série de défaites, la plus grande perte de Daech est désormais l'absence de volonté de se battre chez ses combattants, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Cet état d'esprit est le résultat de l'effondrement psychologique de ces combattants par suite de la mort de nombre de leurs camarades et de leurs chefs qui les motivaient », a-t-il poursuivi.

Alors que le territoire contrôlé par Daech s'est réduit à 2% de ce qu'il était autrefois, beaucoup d'éléments étrangers ont fui le champ de bataille pour retourner dans leur pays, a continué al-Hashemi.

La perte de moral et de la volonté de se battre se retrouvent également chez nombre de combattants irakiens locaux, dont la plupart avaient rejoint le groupe pour l'argent, l'influence et le pouvoir, a-t-il expliqué.

La majorité d'entre eux étaient « jeunes et sans éducation », a-t-il précisé.

À la fin de l'année dernière, les forces irakiennes ont trouvé des documents appartenant à Daech dans les zones libérées de la province de l'Anbar révélant l'ampleur de la dégradation du moral des éléments locaux.

Selon ces documents, les éléments en fuite de Daech justifiaient leur manque de volonté de se battre en expliquant que les salaires que leur versait le groupe n'étaient pas suffisants.

D'autres ont exprimé le besoin de quitter Daech pour subvenir aux besoins de leur famille, affirmant qu'ils avaient des enfants ou des parents malades qui avaient besoin d'eux.

Daech exécute les déserteurs

Daech a subi des revers douloureux, et l'augmentation du taux de fuite ou de défections dans ses rangs est une indication très claire du sentiment de défaite, a estimé Cheikh Ghazi Nafe al-Jughaifi, l'un des leaders de la tribu Jaghayfah à Haditha.

Les éléments du groupe sont « très déçus et frustrés », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Ils savent que tous leurs rêves de folie se sont évaporés et que leurs plans se sont envolés. »

« Le groupe est proche de la fin », a poursuivi al-Jughaifi, ajoutant qu'il était probable que le nombre de déserteurs ne fasse que s'accroître en dépit de la menace proférée par Daech d'exécuter chaque combattant qui reculera au combat ou qui n'obéira pas aux ordres.

Après la tentative avortée de Daech de s'emparer des zones entourant Ramadi le 27 septembre, trois des éléments du groupe ont réussi à fuir l'Irak vers la ville syrienne d'al-Raqqa, qui a depuis lors été reprise par les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Mais dès leur arrivée à al-Raqqa, tous trois furent exécutés par les commandants de Daech en Syrie pour désertion, a expliqué à Diyaruna Naeem al-Koud, membre du conseil provincial de l'Anbar.

En augmentant la gravité des peines pour les désertions, Daech tente de contraindre ses éléments restants à continuer de se battre, a-t-il expliqué.

« Mais ces tentatives n'ont pas eu l'effet recherché sur le groupe », a conclu al-Koud, « et Daech est désormais destiné à disparaître ».

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