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Sécurité

La chute de Daech précipitée par ses défaites successives en Irak

Par Khalid al-Taie

Des forces irakiennes arrêtent des éléments de « l'État islamique » qui avaient fui la bataille de Tal Afar sur cette photo publiée en ligne le 29 août. [Photo extraite de la page Facebook du Réseau des médias de l'ouest du Tigre]

Des forces irakiennes arrêtent des éléments de « l'État islamique » qui avaient fui la bataille de Tal Afar sur cette photo publiée en ligne le 29 août. [Photo extraite de la page Facebook du Réseau des médias de l'ouest du Tigre]

« L'État islamique » (Daech) va-t-il disparaître en Irak ?

Bien que le groupe soit encore présent dans une petite partie du pays, d'un point de vue structurel ou organisationnel, la réponse est oui, estiment des analystes irakiens.

Pour étayer cette assertion, ils en indiquent la preuve principale : la mystérieuse disparition du leader de Daech Abou Bakr al-Baghdadi, dont même les commandants du groupe ignorent le destin.

Mais l'indication la plus claire de la défaite du groupe se trouve dans les féroces luttes intestines, alimentées par une défiance mutuelle et par des accusations de trahison et de laxisme.

Selon les estimations actuelles, il reste environ 7 000 éléments de Daech sur le terrain dans les quelques zones que le groupe contrôle encore dans le nord et l'ouest du pays.

Mais ils ne sont plus les combattants jusqu'au-boutistes qu'ils étaient, a expliqué Cheikh Awad Saeed al-Jughaifi, commandant des forces tribales à Haditha, qui décrit les combattants de Daech comme « perdus et confus ».

Dans la région du Haut-Euphrate, a-t-il précisé, on estime qu'il y a environ 1 500 éléments de Daech, dont certains ont fui Mossoul et Tal Afar pour al-Qaim, pour s'y réfugier ou tenter de s'échapper en Syrie.

« Nos informations indiquent que la confusion et le chaos règnent dans les rangs des terroristes, et qu'ils sont dans un état d'extrême peur et d'angoisse », a-t-il précisé à Diyaruna.

Les récentes défaites que le groupe a subies et les pertes humaines et matérielles qui s'en sont suivies sont les principales raisons de cet effondrement, a-t-il poursuivi, soulignant que « la disparition d'al-Baghdadi » a également eu une forte incidence.

Les soldats de Daech ne savent pas si leur chef est mort ou vivant, et, s'il est vivant, ils se demandent pourquoi il reste silencieux au vu de la situation dans laquelle ils se trouvent, a expliqué al-Jughaifi.

Par ailleurs, de nombreux leaders du groupe dans l'ouest de l'Anbar se sont évanouis avec leurs familles, a-t-il ajouté.

« Il est difficile d'affirmer que Daech existe encore, d'un point de vue structurel ou organisationnel, au vu des crises qui secouent l'organisation et de la contraction de près de 90 % du territoire qui était jadis sous son contrôle », a-t-il précisé.

La victoire éclair obtenue par les forces irakiennes dans la bataille pour libérer Tal Afar et la mort ou l'arrestation de nombreux combattants témoignent du réalisme de la probabilité de disparition du groupe, a poursuivi al-Jughaifi.

« Le rideau est tombé sur Daech »

Dans les faits, la bataille de Tal Afar « a fait tomber le rideau sur le groupe », a estimé le député irakien Majed al-Gharawi, membre de la commission parlementaire de la sécurité.

« Les leaders et les membres de ce groupe sont maintenant morts ou se sont rendus, et ceux qui restent dans les territoires encore à libérer souffrent d'un effondrement moral et sont comme morts », a-t-il déclaré à Diyaruna.

La structure du groupe a été mise à mal par la perte de ceux qui étaient décrits comme ses membres d'élite et ses idéologues, a-t-il ajouté, soulignant que maintenant plus que jamais, il est secoué par des divisions internes et des conflits.

« Cela a été confirmé par des rapports des renseignements, qui montrent que le groupe liquide ses membres pour diverses accusations, notamment la trahison, le fait de communiquer avec les services de renseignements et de leur fournir des informations secrètes, ainsi que l'absence de résistance au combat », a ajouté al-Gharawi.

Il a toutefois mis en garde sur la menace que constituent les réseaux secrets de Daech, « car c'est peut-être la seule arme qui leur reste ».

« C'est le travail de nos services de renseignements, et nous avons confiance en leur capacité à contrer cette menace », a-t-il ajouté.

Al-Gharawi a également appelé à renforcer les efforts visant à éradiquer l'idéologie extrémiste et à empêcher les activistes de mettre en place des incubateurs dans les régions libérées.

Démanteler l'appareil administratif

Un autre signe de la disparition imminente de Daech est l'abolition et le démantèlement de son appareil administratif dans les zones qui étaient jadis sous son contrôle en Irak, a expliqué à Diyaruna le spécialiste de la sécurité Fadel Abou Raghif.

Le groupe appelle ces secteurs administratifs des « wilayaat » (provinces).

Plusieurs de ces wilayaat, telles que Ninive, Salaheddine et Falloujah, ont cessé d'exister depuis que les éléments de Daech qui les peuplaient ont été éliminés, a expliqué Abou Raghif.

« Maintenant, la wilayat al-Furat (la province de l'Euphrate), qui comprend les régions frontalières entre l'Irak et la Syrie, est la plus importante du groupe, qui l'appelle al-Tamkeen (le pays du renforcement) », a poursuivi Abou Raghif.

« Or, même cette wilayat est sur le point de s'effondrer, et sa chute est inévitable. »

Ces crises ont également contraint le groupe à supprimer de nombreuses entités de sa structure organisationnelle baptisées dawaween (pluriel de diwan ou bureau).

Parmi elles se trouvent le diwan al-rakaz, qui gère les ressources naturelles comme le pétrole et le gaz naturel, le diwan al-ghanaem (le bureau des tribus de guerre), et le diwan al-Elam (le bureau des médias ou de l'information), qui a bel et bien disparu, a conclu Abou Raghif.

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