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Terrorisme

L'exécution du « mufti en Irak » de Daech fait apparaître les dissensions internes

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Abou Bakr al-Qahtani, responsable de la charia de « L'État islamique », aurait été exécuté par des éléments ultraconservateurs de son propre groupe à Deir Ezzor, en Syrie. [Photo diffusée sur des sites de réseaux sociaux extrémistes]

Abou Bakr al-Qahtani, responsable de la charia de « L'État islamique », aurait été exécuté par des éléments ultraconservateurs de son propre groupe à Deir Ezzor, en Syrie. [Photo diffusée sur des sites de réseaux sociaux extrémistes]

L'assassinat du soi-disant mufti en Irak de « l'État islamique » (Daech) témoigne des profondes divisions idéologiques qui règnent au sein du groupe, ont expliqué des activistes syriens à Diyaruna.

Omar al-Qahtani, également connu sous le nom d'Abou Bakr al-Qahtani, Saoudien d'origine, s'était rendu en Syrie pour rejoindre Daech en 2012, se hissant par la suite au rang de principal « responsable de la charia » du groupe.

Al-Qahtani aurait été exécuté par certains éléments de Daech partisans de l'idéologie ultraconservatrice prônée par le Saoudien Ahmed al-Hazimi, collectivement appelés les « hazimis » et connus pour leurs opinions ultra-extrémistes.

Ces éléments hazimis contrôlent l'essentiel de Deir Ezzor, selon des médias syriens, dans lesquels des informations concernant les dissensions entre al-Qahtani et des responsables de la charia de Daech partisans de la ligne dure seraient récemment apparues au grand jour.

Bien que Daech eut affirmé qu'al-Qahtani avait été tué par une frappe aérienne de la coalition à Tal Afar en Irak, des informations parues dans les médias affirment qu'il aurait en fait été exécuté par des éléments radicaux de son propre groupe le 7 août, dans la ville rurale d'al-Mayadeen, dans la région de Deir Ezzor en Syrie.

Al-Qahtani, un ancien d'al-Qaïda âgé de 42 ans, était un proche du leader de Daech Abou Bakr al-Baghdadi, a expliqué à Diyaruna le militant des médias Jameel al-Abed.

« Sa fatwa la plus célèbre est celle qui condamnait la lutte contre le Front al-Nosra (FAN) et d'autres groupes de l'opposition, notamment par l'emploi de kamikazes », a ajouté al-Abed.

Profondes divisions entre les émirs

Des informations sur l'exécution d'al-Qahtani à al-Mayadeen ont circulé parmi les éléments de Daech « d'une manière qui semblait envoyer un message à quiconque s'opposait aux idées et aux orientations de la faction hazimie au sein du groupe », a poursuivi al-Abed.

« Les militants politiques et militaires de la région rurale de Deir Ezzor sont pleinement conscients de la nature de la relation entre les émirs et les responsables de la charia du groupe, et de l'existence de fortes dissensions entre eux », a-t-il précisé.

Ces divisions ont atteint un point tel que le territoire du groupe a été tacitement divisé entre les différentes factions constituant Daech, a-t-il ajouté, chacune conservant ses adeptes et ses partisans.

« Cela s'applique également à al-Qahtani, dont l'influence avait fortement diminué durant la période récente », a-t-il indiqué.

De récents rapports indiquent qu'al-Qahtani avait été assigné à résidence et ses déplacements réduits en vertu d'une décision d'une commission composée de responsables de la charia du groupe qui répondent directement à al-Baghdadi, a ajouté al-Abed.

Conflits idéologiques internes

Ce n'est pas la première fois qu'un responsable de la charia ou une personnalité influente au sein de Daech est exécuté par le groupe, a expliqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Cela peut être attribué à des conflits idéologiques concernant des questions liées au takfir et à l'extrémisme entre les factions, a-t-il poursuivi, notamment entre les hazimis et la faction préalablement dirigée par Turki al-Binali.

La faction la plus importante au sein du groupe reste celle dirigée par le chef de Daech Abou Bakr al-Baghdadi, qui semble se satisfaire des hazimis, qui contrôlent la région de Deir Ezzor, a-t-il expliqué.

« Malgré le fait qu'Abou Bakr al-Qahtani soit derrière la publication et la diffusion de la fatwa légitimant la lutte contre le FAN et l'Armée syrienne libre et toutes les autres factions d'opposition », cela ne lui a pas permis d'engranger plus de soutien au sein de Daech récemment.

Actuellement, Daech ressent le besoin de coopérer avec n'importe quel groupe en mesure de l'aider à conserver aussi longtemps que possible les territoires qu'il contrôle encore.

Fuite des chefs de première ligne

« La situation du groupe sur le terrain en Syrie et en Irak engendrera plus de disputes et plus de divisions dans ses rangs », a expliqué le major général Wael Abdoul Mouttalib, ancien officier en retraite de l'armée égyptienne et spécialiste des groupes extrémistes.

Cela est tout particulièrement vraisemblable parmi les chefs de première ligne, a-t-il expliqué à Diyaruna, car ils sont originaires de pays divers et adhèrent à des courants idéologiques différents et ont été regroupés sous l'ombrelle de Daech.

« Au cours de la période antérieure, chacun était préoccupé par le pouvoir, l'influence, l'argent et le commerce illégal », a-t-il indiqué. « Maintenant que tout cela est terminé, il est devenu nécessaire pour le groupe de liquider ses principales figures. »

Si l'on en croit différents articles parus dans les médias, plusieurs leaders de Daech ont abandonné leur poste, obligeant le groupe à resserrer ses contrôles aux frontières des zones qu'il contrôle à Deir Ezzor, de manière à prévenir toute évasion.

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