Après que les forces irakiennes eurent chassé « l'État islamique » (Daech) de Mossoul, la tragédie humaine est apparue au grand jour, les enfants orphelins ou abandonnés des combattants étrangers du groupe étant livrés à leur triste sort.
Les forces irakiennes ont à ce jour trouvé une douzaine d'enfants étrangers arpentant seuls les rues, dont la plupart paraît être de descendance asiatique et ne sachant rien de ce qu'il est advenu de leurs parents, a expliqué un responsable irakien.
La découverte de ces enfants, qui pour la plupart ne parlent pas l'arabe, représente un défi énorme pour le gouvernement irakien.
Le ministère du Travail et des Affaires sociales a acheminé ces enfants vers des orphelinats de Bagdad, en attendant qu'ils puissent être rapatriés vers leurs pays d'origine et remis à leurs proches, après qu'ils aient été formellement identifiés.
Ces enfants sont de nationalités différentes, notamment tchétchène, afghane, tadjike et chinoise, a précisé à Diyaruna Ammar Munim, porte-parole du ministère.
Sur la base d'un ordre du tribunal pour enfants d'Irak, le gouvernement a pris ces enfants sous sa protection et les logera dans des orphelinats en attendant qu'ils soient identifiés et remis à leurs pays d'origine, a-t-il poursuivi.
Identifier les enfants de Daech
« Plusieurs enfants ont été identifiés par chance lors d'un documentaire télévisé sur la situation en Irak qui était diffusé sur une chaîne étrangère », a raconté Munim.
Les proches d'un enfant tchétchène porté disparu l'ont reconnu lors de cette émission, a-t-il précisé, ce qui a incité le gouvernement de Tchétchénie à formellement demander son rapatriement et celui d'autres enfants dans des situations similaires.
Le ministre du Travail et des Affaires sociales Mohammed Shaya al-Soudani a affirmé que ces enfants sont considérés comme des victimes de leurs familles terroristes.
Les pourparlers entre les deux pays ont déjà conduit à la remise à leur gouvernement de cinq enfants tchétchènes placés dans des orphelinats irakiens, après avoir été identifiés par leurs proches, un effort coordonné par la Cellule de crise irakienne.
Le ministère travaille avec l'UNICEF et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour s'occuper des enfants étrangers retrouvés à Mossoul, a expliqué Abeer Chalabi, directrice de l'Autorité pour la protection des femmes et des enfants du ministère.
« L'autorité a donné à ces enfants les premiers soins et les a aidés à affronter le traumatisme qu'ils avaient subi, avant de les placer dans des maisons pour enfants gérées par le gouvernement », a-t-elle précisé à Diyaruna.
Le ministère travaille à remettre les enfants identifiés à leurs familles et à leurs pays, a-t-elle poursuivi, ajoutant que les enfants qui ne possèdent aucun document d'identité officielle seront considérés de descendance inconnue en vertu de la loi irakienne.
« Dans ce cas, les procédures légales demandent que leurs visages soient présentés dans les médias et dans des circulaires officielles et d'attendre un an », a-t-elle expliqué. Si passé ce délai personne n'a pu les identifier, ils se voient remettre de nouveaux papiers d'identité par le ministère.
Une crise internationale
« Les enfants de Daech retrouvés à Mossoul ne sont qu'une petite partie du problème », a expliqué le sociologue irakien Mohammed Abdoul Hassan à Diyaruna, soulignant que le problème plus général est que partout, des enfants naissent de terroristes.
Réfléchissant au sort de ces enfants, il s'est demandé : « Doivent-ils être adoptés par le gouvernement irakien et pris en charge dans des orphelinats, afin qu'ils puissent être rééduqués et transformés en citoyens irakiens, ou doivent-ils être renvoyés dans leurs pays d'origine où ils risquent de devenir des bombes à retardement ? »
Il s'agit-là d'un problème qui exige une perspective sociétale informée et une approche gouvernementale responsable, a-t-il dit, ajoutant que l'Irak doit obtenir l'aide des Nations unies pour trouver une solution raisonnable qui prenne en compte l'aspect humanitaire.
« Un enfant né de parents terroristes dans de telles circonstances aura indubitablement un avenir assez sombre », a poursuivi Abdoul Hassan.
Si les droits de l'Homme et les pratiques d'éducation des enfants généralement acceptées ne sont pas scrupuleusement respectés, ces enfants grandiront pour devenir de futurs terroristes, a-t-il estimé.
Abdoul Hassan a appelé de ses vœux une solution qui prenne en compte les causes profondes du problème, « qui font que nous ne sommes pas choqués de voir des enfants parmi les victimes sur un champ de bataille ».
Il a estimé que les agences onusiennes avaient un rôle à jouer dans l'élaboration de ressources d'éducation partout dans le monde, qui contreront l'influence des idéologies extrémistes et favoriseront la modération.
Selon son évaluation de la situation, l'Irak est parfaitement qualifié pour entreprendre la mise en place de programmes de réinsertion pour les enfants, en collaboration avec les organisations de la société civile.
Déraciner l'idéologie extrémiste.
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L'idéologie extrémiste est plus forte que toutes les causes.
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