Les ruines de l'Institut des Beaux-Arts de Ninive, où les murs noircis par les flammes sont truffés d'impacts de balles et les ruines jonchent le sol, ont récemment servi de décor à une nouvelle production théâtrale montée par les étudiants.
Le cadre de la pièce « Tickets et voyageurs », tel qu'énoncé dans le titre, décrit l'occupation de Mossoul pendant plus de deux ans par « l'État islamique » (Daech) et les souffrances de ses habitants jusqu'à sa libération.
Écrite et mise en scène par Dhafir Sabah, professeur à l'institut, cette pièce comprend une équipe composée d'étudiants de divers départements, dont le théâtre, l'interprétation, la composition musicale et la calligraphie.
À cause de l'espace restreint de la salle, seul un nombre limité de sièges était disponible.
« Cette production a été comme la répétition en vue d'un festival artistique plus important qui aura bientôt lieu dans la ville », a expliqué à Diyaruna Falah Abd Hamdoun, directeur provisoire de l'institut.
Elle reflète également la détermination des étudiants et des enseignants à surmonter les défis afin que la scène artistique et la normalité puissent de nouveau régner sur Mossoul.
« La production artistique ne doit pas être affectée par les crises et les guerres, où qu'elles surviennent » a-t-il déclaré, ajoutant que « les gens doivent répondre aux périodes sombres en se concentrant sur les arts, la créativité et la vie, comme c'est aujourd'hui le cas à Mossoul ».
Retour des artistes à Mossoul
Les artistes de Mossoul avaient senti le danger de Daech dès que le groupe avait pris le contrôle de la ville, et étaient partis se réfugier vers des zones plus sûres, a expliqué à Diyaruna le musicien irakien Saleem Salem, soulignant qu'il était resté en contact avec de nombreux artistes de la ville durant toute la crise.
Nombre d'artistes, de musiciens et de scénaristes sont maintenant rentrés après des années de déplacement et de souffrances, et ils sont plus que jamais déterminés à faire revivre la scène artistique, a-t-il affirmé, prédisant que la plupart des autres reviendront également.
« Je ne pense pas que la scène artistique s'arrêtera », a-t-il ajouté. « Au contraire, elle sera meilleure qu'avant, après que les terroristes auront définitivement été vaincus et éliminés. »
Mais cela ne signifie pas que son renouveau sera chose aisée.
Aujourd'hui, les artistes de Mossoul sont confrontés à de nombreux problèmes, notamment un moral en berne, qui pourraient affecter leur production artistique, a-t-il indiqué, laissant entendre qu'il faudra peut-être un certain temps avant que les artistes ne puissent à nouveau être productifs.
Soutien du gouvernement irakien
Salem a appelé le gouvernement irakien à reconstruire les infrastructures endommagées de Mossoul, afin que les artistes puissent à nouveau mettre en œuvre tout leur potentiel.
« S'ils continuent à travailler dans un champ de ruines et dans ces conditions difficiles, cela constituera la créativité pour laquelle ils sont admirés », a-t-il indiqué.
Les autorités locales sont déterminées à apporter leur soutien à la scène artistique et à faire revivre les événements culturels et littéraires à Mossoul, a expliqué Hiyam Abdal, membre du conseil provincial de Ninive.
Il y a à peine quelques jours, a-t-elle poursuivi, elle a reçu une demande émanant d'un groupe de poètes pour aider à organiser un festival de poésie dans la ville, et elle a travaillé avec les autorités pour faire aboutir ce projet.
Ce festival débutera dans les prochains jours en présence de responsables gouvernementaux.
« Malgré leur simplicité, ce futur festival et d'autres manifestations artistiques témoignent du désir des habitants de Ninive de faire renaître la scène artistique, même s'il leur manque ce dont la province a besoin pour y parvenir », a-t-elle poursuivi.
Avec la renaissance du théâtre à l'Institut des Beaux-Arts, a affirmé Abdal, les autorités locales affirment leur volonté de rouvrir cet institut dans les meilleurs délais possible.
Elle se dit optimiste quant au fait que de nouvelles productions théâtrales y verront le jour, et que les arts du spectacle seront à nouveau vivants à Mossoul.