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Sécurité

Les forces irakiennes filtrent les familles de Daech dans un camp près de Mossoul

Par Khalid al-Taie

Des femmes déplacées dans un camp de Bartella reçoivent une aide alimentaire de la part du gouvernement irakien sur cette photo publiée en ligne le 15 juillet. Les forces irakiennes détiennent et interrogent les familles de combattants de « l'État islamique » dans un camp de la région. [Photo extraite de la page Facebook du ministère des Migrations et des Déplacements]

Des femmes déplacées dans un camp de Bartella reçoivent une aide alimentaire de la part du gouvernement irakien sur cette photo publiée en ligne le 15 juillet. Les forces irakiennes détiennent et interrogent les familles de combattants de « l'État islamique » dans un camp de la région. [Photo extraite de la page Facebook du ministère des Migrations et des Déplacements]

Dans un camp situé près de Mossoul et placé sous étroite surveillance, les forces irakiennes interrogent les membres des familles de combattants de « l'État islamique » (Daech).

Ce camp, situé à une quinzaine de kilomètres à l'est de Mossoul dans la ville de Bartella, abrite seulement les familles des combattants de Daech qui se sont enfuis ou qui ont été tués lors de la bataille de Mossoul.

À l'intérieur du camp, qui a ouvert le 9 juillet, les forces irakiennes vérifient l'identité des membres de familles de Daech et les interrogent pour s'assurer qu'ils n'ont participé à aucun crime et qu'ils n'ont pas apporté leur soutien aux activistes, ont expliqué des responsables.

Surveillé par les autorités locales, ce camp abrite environ mille personnes qui « reçoivent tous les soins médicaux et de santé dont elles ont besoin », a indiqué à Diyaruna Douraid Hekmat, conseiller auprès du gouverneur de la province de Ninive.

« Ce camp est similaire à d'autres camps de déplacés internes (DI) dans les villes de Khazer et d'al-Qayyarah, avec un centre médical permettant de traiter tous les cas, et les familles y reçoivent des fournitures humanitaires, de la nourriture et de l'eau », a-t-il poursuivi.

« Les membres de ces familles sont pour l'essentiel des femmes, dont les maris ont combattu dans les rangs de Daech ; certaines sont enceintes, d'autres mères d'enfants en bas âge », a-t-il encore expliqué. « On trouve aussi des adolescents et des hommes. »

Une commission de sécurité spécialisée vérifie les données personnelles de ces individus en les comparant à une base de données qui contient des informations et des témoignages d'habitants locaux, a-t-il précisé.

Besoin de réhabilitation

Hekmat a souligné le besoin de disposer de « centres permettant de réhabiliter les familles qui ne sont reconnues coupables d'aucun acte de terrorisme ni de soutien à Daech, en particulier les femmes qui ont été contraintes d'épouser des activistes et se sont retrouvées enceintes d'eux ».

Ces personnes ont vécu avec les terroristes « pendant longtemps et ont souffert à cause d'eux, et elles peuvent avoir été influencées par leurs idées extrémistes », a-t-il expliqué. « Elles doivent pouvoir bénéficier d'un traitement de réhabilitation et d'une psychothérapie pour faciliter leur réinsertion dans la communauté. »

Le 20 juin, le conseil du district de Mossoul a voté « pour interdire aux familles de Daech de retourner sur leur lieu de résidence d'origine à Mossoul et pour expulser celles qui se trouvent actuellement dans la ville ».

Une décision qui a toutefois rencontré des réactions mitigées.

Pour Hassan Shabib al-Sabaawi, membre du conseil provincial de Ninive, la question de ces familles constitue un réel défi pour le parlement irakien, lequel devra s'en saisir.

Une base de stabilité

« Nous devons dès à présent poser les fondations de stabilité et de justice à [Mossoul] en donnant aux victimes du terrorisme tous leurs droits et en accueillant les enfants innocents des familles de Daech afin qu'ils ne grandissent pas dans un environnement isolé et qu'ils ne deviennent pas à leur tour des extrémistes ou des ennemis de la société », a déclaré al-Sabaawi.

En revanche, les partisans de cette interdiction la voient comme un moyen d'empêcher toute forme de représailles contre ces familles dues au fait qu'elles ont des liens de parenté avec des activistes.

« La crainte du retour d'incubateurs du terrorisme suffit à elle seule à justifier pour le moment cette interdiction du retour des familles de militants », a estimé Mohammad Nouri Abed Rabbo, membre du conseil provincial de Ninive.

« Un retour est certes possible, mais seulement à l'issue du processus de vérification [de sécurité] et une fois que les innocents auront bien été séparés de ceux qui ont du sang sur les mains ou ont aidé leurs proches de Daech à commettre des crimes », a-t-il expliqué à Diyaruna.

À l'intérieur du camp, a-t-il ajouté, les familles de Daech « sont protégées et étroitement surveillées par les autorités locales et celles chargées de la sécurité ».

Elles subissent un processus d'interrogation et d'enquête pour bien s'assurer qu'elles sont irréprochables du point de vue de la sécurité, a-t-il ajouté, soulignant que « si leur innocence et leur sincérité sont avérées, elles retourneront inévitablement vivre au sein de la communauté ».

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1 COMMENTAIRE (S)
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Veuillez nous informer sur les familles des membres de l'EIIS des pays arabes. Quand vont-ils retourner dans leur pays? Nous attendons le retour des personnes trompées. Je prie Dieu de leur apporter un soulagement.

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