Les résidents d'Idlib ont peur après que Tahrir al-Sham - une alliance extrémiste qui comprend l'ancien Front d'al-Nosra (FAN) - a saisi le contrôle de la ville et la plupart des zones rurales autour d'elle, ont déclaré des militants locaux à Diyaruna.

Leurs craintes proviennent d'informations régionales selon lesquelles la ville pourrait devenir la cible d'attaques aériennes de la coalition ou une offensive terrestre pour expulser les extrémistes, comme c'était le cas dans la ville irakienne de Mossoul et dans la ville syrienne d'al-Raqa.

Tahrir al-Sham a pris le contrôle d'Idlib dimanche 23 juillet après le retrait de l'alliance rival d'Ahrar al-Sham.

Les éléments d'Ahrar al-Sham ont quitté la ville, se dirigeant vers le sud de la province, après un accord de cessez-le-feu conclu vendredi après des jours de violents combats entre les deux groupes qui ont tué et blessé des dizaines.

Tahrir al-Sham a également renforcé son contrôle sur les passages frontaliers de Bab al-Hawa et Khirbet al-Jawz avec la Turquie et saisi toutes les installations civiles et militaires dans la ville d'Idlib.

"Toute la région est maintenant sous le contrôle de Tahrir al-Sham et des dizaines de petites factions lui ont prêté leur allégeance au cours des derniers jours", a déclaré l'activiste médiatique Idlib, Moussab Assaf, qui utilise un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

Les craintes se sont accrues après une nouvelle propagation de la possibilité que la ville sera soumise à des attaques aériennes de la coalition, une offensive au sol et un siège, a-t-il déclaré à Diyaruna, notant que les résidents d'Idlib essayaient sans succès de garder la ville neutre.

Certains villages des régions périphériques ont conclu des accords avec Tahrir al-Sham pour garder ses combattants à l'exterieur de leurs zones, a-t-il indiqué, en échange du départ de tous les militants vers des zones convenues, en particulier Jarablous, al-Ghab et Jabal al-Zawiyah .

Remplacement des drapeaux à Idlib

A l'intérieur de la ville d'Idlib, a noté Assaf, Tahrir al-Sham a remplacé le drapeau de la révolution syrienne avec son propre et a émis une interdiction de hisser ce drapeau.

L'alliance a immédiatement capturer les activistes et les figures qui s'y opposent, a-t-il ajouté, et a imposé une interdiction de tous les médias ou activités sociales, sauf la sienne.

Des centaines de combattants alliés ont été amenés pour fortifier la ville contre les usurpateurs potentiels, a-t-il souligné, ajoutant que "l'alliance a mis en place des points de contrôle à l'intérieur de la ville et à ses entrées, en inspectant les documents de tous ceux qui y entrent ou partent".

Les résidents se sont également inquiétés de la possibilité de nouveaux combats et de l'utilisation d'engins explosifs improvisés, après qu'un certain nombre d'éléments de Tahrir al-Sham ont été tués lors d'un attentat-suicide du dimanche au rond-point d'al-Ziraa.

En plus des craintes pour leur sécurité, les résidents d'Idlib et de la zone rurale environnante sont confrontés à une situation économique désastreuse.

De nombreuses organisations humanitaires ont suspendu leurs opérations dans la région après l'expansion de l'alliance extrémiste, qui a affecté des centaines de familles, a déclaré à Diyaruna l'activiste et professionnel des médias, Sumer Agha, du comité de coordination de Salamiyah.

"Après la fermeture du passage frontalier de Bab al-Hawa - une artère vitale à travers laquelle les aliments, les fournitures, les médicaments et d'autres nécessités passent - le prix de la nourriture et d'autres commodités a connu une augmentation astronomique", a indiqué Agha.

Tahrir al-Sham et Ahrar al-Sham ont conclu un accord entre eux pour qu'un groupe de civils gère le passage frontalier puis les recettes seront partagées entre les deux groupes, mettant ainsi fin au monopole d'Ahrar al-Sham sur le passage dans le passé, a-t-il ajouté.