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Terrorisme

Une alliance extrémiste tente de chasser l'EIIS d'Idlib

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des membres de l'alliance extrémiste Tahrir al-Sham posent aux côtés de prisonniers de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie» à la suite de raids à Idlib. [Photo fournie par l'agence de presse Anbaa affiliée à Tahrir al-Sham]

Des membres de l'alliance extrémiste Tahrir al-Sham posent aux côtés de prisonniers de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie» à la suite de raids à Idlib. [Photo fournie par l'agence de presse Anbaa affiliée à Tahrir al-Sham]

L'alliance extrémiste Tahrir al-Sham a lancé une offensive dans la province d'Idlib pour éradiquer les cellules de « l'Etat islamique en Irak et Syrie» (EIIS), ont indiqué des activistes à Diyaruna.

Tahrir al-Sham, une alliance de factions extrémistes qui comprend l'ancien Front al-Nosra (FAN) -- désormais baptisé Front Fatah al-Sham -- a chargé une nouvelle unité des « forces d'élite » de mener ces opérations, qui ont débuté le 9 juillet et se sont concentrées sur les villes d'Idlib et de Sarmine.

Cette alliance accuse son rival l'EIIS de chercher à s'implanter dans ces villes.

Lors de cette offensive, les unités de Tahrir al-Sham ont totalement assiégé les villes et mené des opérations qui ont permis d'arrêter plus de cent éléments de l'EIIS et des collaborateurs.

Durant la nuit du 8 juillet, les combattants de Tahrir al-Sham ont bloqué toutes les entrées de Idlib et Sarmine, a indiqué à Diyaruna Mahmoud Haj Kamel, natif d'Idlib et militant dans les médias.

« Les éléments de l'EIIS envisageaient de semer le chaos dans la région, en y menant une série d'assassinats et d'attentats à la bombe, en vue de faciliter l'incursion du groupe dans ces zones », a-t-il expliqué.

Tahrir al-Sham a demandé aux habitants de rester chez eux et d'éviter de se rassembler dans des lieux publics comme les marchés, les boulangeries et les mosquées, a-t-il ajouté.

« Les unités de Tahrir al-Sham ont commencé à lancer des opérations sur la base de renseignements obtenus par avance sur la localisation de ces cellules », a poursuivi Haj Kamel.

Elles ont fouillé des dizaines de maisons, d'entrepôts et de magasins, et ont arrêté plus de cent cinquante éléments de l'EIIS et de collaborateurs le 9 juillet, a-t-il indiqué.

Parmi eux se trouvait « l'émir d'Idlib » de Daech, Abou Souleiman al-Roussi, un émir de l'EIIS dans le nord rural de la province, connu sous le nom d'Abou Ibrahim al-Iraqi, et un « responsable de la charia » connu comme Abou al-Saoudaa al-Masri, a-t-il précisé.

« Des affrontements sporadiques ont éclaté en liaison avec ces raids », a ajouté Haj Kamel.

Il a expliqué avoir appris que Tahrir al-Sham avait poussé de nouvelles unités des « forces d'élite » dans la bataille, équipées d'armes sophistiquées et disposant d'une formation avancée.

« Ces unités effectuent la plupart des raids, avec le soutien d'autres éléments qui sécurisent le périmètre de la zone fouillée », a-t-il expliqué.

L'EIIS a cherché à « instiguer le chaos »

Tahrir al-Sham a lancé son opération après que l'une de ses unités eut découvert un quartier général de l'EIIS près de Sarmine, a déclaré Sumer Agha, militant dans les médias au comité local de coordination de Salamiyah, qui a suivi la situation à Idlib.

Un affrontement a éclaté entre cette unité et des éléments de l'EIIS présents sur le site, qui s'est terminé par l'arrestation de huit membres de l'EIIS, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Le neuvième élément refusa de se rendre et se fit exploser avec une ceinture d'explosifs qu'il avait en sa possession », a-t-il poursuivi.

Agha a indiqué avoir appris que « l'opération lancée contre les caches utilisées par Daech avait conduit à la découverte d'importantes quantités d'argent et à la prise d'un grand nombre de pistolets équipés de silencieux ».

Des engins explosifs improvisés (EEI) prêts à être utilisés et des explosifs furent également retrouvés, a-t-il ajouté.

Selon ces sources, les objets découverts indiquent que des assassinats et des attentats à la bombe étaient prévus, « pour instiguer le chaos dans la région », a-t-il indiqué.

« Cela est corroboré par les événements qui ont eu lieu dans la période récente », a expliqué Agha, notamment l'assassinat du leader de Tahrir al-Sham, Abou Yahya al-Masri, de Bashar Sheikh Deeb et de son frère.

Éliminer l'EIIL, mais pas l'extrémisme

En s'en prenant de manière agressive à l'EIIL, Tahrir al-Sham tente de se présenter comme une composante de l'opposition modérée, a expliqué le général de division Wael Abdoul Mouttalib, ancien officier de l'armée égyptienne et spécialiste des groupes terroristes.

Cela s'inscrit dans le cadre de sa tentative de se requalifier et de prendre ses distances avec al-Qaïda, afin de pouvoir persuader la communauté internationale qu'il n'est plus engagé dans le terrorisme et peut jouer un rôle plus important, a-t-il précisé à Diyaruna.

Mais malgré ses efforts, Tahrir al-Sham conserve des liens forts avec al-Qaïda, et nombre de ses leaders « sont connus pour leur extrémisme et leur affiliation organique avec al-Qaïda », a indiqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdullah.

Abdoul Mouttalib a indiqué s'attendre à la poursuite des affrontements violents à Idlib dans le contexte de l'élimination de l'EIIS, qui compte actuellement « des cellules disséminées » dans la région, tandis que les factions de Tahrir al-Sham sont réparties sur une large zone.

Bien que l'alliance dispose d'un avantage géographique, a-t-il ajouté, il faudra au moins un mois pour qu'elle puisse nettoyer les principales villes et la partie rurale de la province d'Idlib de l'EIIS.

Si de nombreux habitants d'Idlib sont heureux de voir l'EIIS partir, ils n'accueillent pas pour autant Tahrir al-Sham à bras ouverts, parce que l'alliance avait par le passé tenté d'imposer une forme dure de la charia, qui prévoyait des punitions pour ceux qui ne la respectaient pas.

Ces délits étaient entre autres le fait de ne pas respecter un strict code vestimentaire islamique et le fait de fumer, avec des châtiments identiques à ceux imposés par l'EIIS.

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