La ville d'Alep, reprise en décembre dernier par le régime syrien, est désormais un terrain de jeu pour les milices appuyées par l'Iran, dont le contrôle sur certains quartiers de la ville a conduit à des affrontements et même des attaques contre les forces syriennes, ont expliqué des militants locaux à Diyaruna.
Faisal al-Ahmad, militant des médias basé à Alep, a expliqué que les tensions sont encore vives au lendemain des affrontements qui ont éclaté samedi 8 juillet entre milices dans le district de Sheikh Taha dans le centre de la ville.
Une milice locale appelée al-Mardal a échangé des coups de feu avec la milice progouvernementale des Forces de défense nationale (FDN) à la suite d'un affrontement verbal entre leurs membres près d'une école de Cheikh Taha.
Les forces syriennes de sécurité et de renseignements de l'armée de l'air ont été prises pour cibles par des snipers lorsqu'elles ont tenté de pénétrer de force dans cette école pour y arrêter plusieurs membres de la milice al-Mardal, un incident qui a dégénéré en affrontements directs qui ont duré plusieurs heures.
Les forces de sécurité ont dû finalement battre en retraite.
Al-Ahmad a expliqué à Diyaruna que la situation sécuritaire dans la ville n'était pas aussi stable que ce que le régime prétend.
Les forces du régime syrien ont certes officiellement pris le contrôle de la ville, mais le contrôle réel de celle-ci est exercé par des milices appuyées par l'Iran, et qui opèrent sous la bannière des FDN, a-t-il précisé.
« Chaque milice revendique le contrôle d'une zone donnée, qui devient alors un îlot sécuritaire où seules s'appliquent les lois du commandant de cette milice », a-t-il ajouté.
Selon al-Ahmad, la situation s'est détériorée au point que des affrontements éclatent presque chaque jour entre les forces du régime et des membres de ces milices.
Mauvaises conditions de vie
« Les commerçants de la ville d'Alep et de ses environs sont contraints de payer des tributs imposés par les groupes armés et les forces de sécurité », a-t-il poursuivi.
Ils sont soumis à un chantage permanent pour payer pour leur protection, a-t-il ajouté.
« Des tributs sont également imposés aux camions transportant des marchandises et qui entrent ou sortent de la ville, ce qui a entraîné une forte augmentation des prix, car les commerçants tentent de compenser les sommes dont ils doivent s'acquitter », a encore expliqué al-Ahmad.
Au moins cinq personnes ont été blessées après que des habitants eurent manifesté pour se plaindre de cette situation, a-t-il raconté.
« Ils ont été attaqués à la fois par les milices et les forces de sécurité pour les disperser », a-t-il ajouté.
Ghaleb al-Tahan, fonctionnaire à la retraite et habitant d'Alep, a précisé qu'en plus de la situation de sécurité, les habitants d'Alep souffrent du manque de services de base.
Il y a une sévère pénurie d'eau, et l'électricité est devenue un luxe, a-t-il raconté à Diyaruna.
Dans le même temps, « certains quartiers habités par des responsables gouvernementaux et de la sécurité bénéficient de ces services 24h/24 », a-t-il ajouté.
Al-Tahan a indiqué que la plupart des rues de la ville sont encombrées de détritus et de débris.
« Les [plateformes] médias du régime tentent de véhiculer une fausse image de la situation, en filmant et en rapportant des informations seulement dans les quartiers habités par des personnalités influentes », a-t-il indiqué.
« Les habitants de la ville ne se sentent pas en sécurité, et les jeunes filles et les femmes ne peuvent circuler librement parce qu'elles ont été à plusieurs reprises agressées par des activistes, et parfois même enlevées », a-t-il expliqué.
Les habitants en appellent sans cesse au gouvernement pour qu'il résolve cette situation sécuritaire, a-t-il poursuivi, « mais ils ne reçoivent en retour que des promesses ».