Les forces irakiennes se sont battues pour éliminer les dernières proches de résistance de « l'État islamique » (Daech) à Mossoul lundi 10 juillet, après que le Premier ministre se fut rendu dans la ville dévastée pour féliciter les troupes pour leur victoire.
Les extrémistes étant pris au piège dans une minuscule partie de la vieille ville de Mossoul, l'attention se tourne vers l'immense tâche de reconstruction de la ville et d'aide aux civils, les groupes d'aide mettant en garde que la crise humanitaire en Irak est loin d'être finie.
Le député Haider al-Abbadi s'est rendu à Mossoul dimanche, et a salué « les forces héroïques » d'Irak qui ont repris la majorité de la ville en ruines après des mois de combats acharnés.
La Vieille Ville en particulier a été dévastée, de nombreux bâtiments ayant été réduits en gravats encombrant les rues.
À son arrivée dans la ville, le bureau d'al-Abbadi a indiqué qu'il visitait Mossoul « libérée » pour féliciter les troupes de leur « victoire majeure ».
Le député a ensuite déclaré que, bien que « la victoire soit certaine », il allait attendre avant de faire une déclaration formelle « par respect et appréciation pour nos [...] forces qui continuent leur opération de nettoyage ».
Des commandants hauts gradés ont indiqué lundi que les forces irakiennes étaient engagées dans de « lourds » affrontements contre les restes de Daech, mais que la bataille touchait à sa fin.
Les forces irakiennes ont hissé le drapeau irakien sur les rives du Tigre, a fait savoir à Diyaruna le lieutenant général Abdoul Ameer Rashid Yarallah, commandant des opérations de Ninive.
« Nous apportons aux Irakiens la bonne nouvelle de la victoire du bien contre le mal à Mossoul », a-t-il ajouté.
« Il reste encore quelques poches de terroristes se cachant dans les maisons et que nous essayons d'éliminer avant d'annoncer officiellement la libération de Mossoul et la fin des opérations militaires », a-t-il déclaré.
Les forces irakiennes mènent actuellement des opérations de recherche, évacuent les habitant et leur apportent de l'aide, a-t-il précisé.
Le lieutenant général Sami al-Aridhi, des Services antiterroristes (SAT) d'élite, a déclaré que les extrémistes avaient été confinés dans une zone de la Vielle Ville d'environ 200 mètres par 100.
« Ils n'acceptent pas de se rendre », a indiqué al-Aridhi à l'AFP.
Mais « les opérations en sont à leur phase finale », a-t-il expliqué, et « il est probable que [les combats] prennent fin demain ».
Civils piégés
Al-Aridhi a déclaré que ses forces possédaient des informations selon lesquelles il y a entre 3 000 et 4 000 civils dans cette zone, mais cela n'a pas pu être vérifié de façon indépendante.
Appuyées par la coalition internationale, les forces irakiennes avaient lancé leur campagne en octobre pour reprendre Mossoul, laquelle avait été capturée par les extrémistes pendant l'offensive de 2014 qui leur avait permis de prendre le contrôle d'une grande partie de l'Irak et de la Syrie voisine.
L'armée, la police et les forces spéciales, appuyées par des vagues de frappes aériennes, avaient repris la partie est de la ville en janvier, et lancé la bataille pour la partie ouest le mois suivant.
Les combats se sont intensifiés lorsque les forces de sécurité ont pénétré dans la Vieille Ville densément peuplée, sur la rive ouest du Tigre qui divise la ville, et de violents combats de rue en rue ont suivi.
Le coût de la victoire a été énorme : la majorité de Mossoul est en ruines, il y a des milliers de morts et de blessés, et près de la moitié des habitants de la ville ont dû quitter leurs foyers.
L'ONU a fait savoir que 920 000 personnes avaient quitté leurs domiciles pendant l'opération de Mossoul, et bien que certaines soient revenues, la plus grande partie est toujours déplacée.
« C'est un soulagement de savoir que la campagne militaire de Mossoul touche à sa fin. Les combats sont peut-être finis, mais la crise humanitaire ne l'est pas », a déclaré dans un communiqué Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l'ONU en Irak.
Lundi, l'agence des réfugiés de l'ONU a indiqué qu'il pourrait se passer plusieurs mois avant que les civils puissent revenir chez eux.
« Il est probable que des milliers de gens devront rester en déplacement pendant les mois à venir », a indiqué le HCR dans un communiqué.
« Plus rien vers quoi revenir »
« Beaucoup n'ont plus rien vers quoi revenir à cause des lourds dégâts causés par le conflit, alors que les services de base comme l'eau, l'électricité et d'autres infrastructures essentielles, dont les écoles et les hôpitaux, devront être reconstruits ou réparés », a-t-il indiqué.
Vingt-huit groupes d'aide travaillant en Irak ont publié un communiqué appelant à un soutien international pour les efforts de reconstruction, et ont encouragé les autorités à ne pas presser les civils au retour.
« L'insécurité persistante, le manque de services de base, la présence d'explosifs et les dégâts causés aux maisons, aux entreprises et à l'infrastructure publique – dont les écoles et les hôpitaux – continuent de constituer des obstacles au retour », a expliqué le communiqué signé par des groupes comprenant le Norwegian Refugee Council, Oxfam et Save the Children.
Il a également fait part de son inquiétude pour les Irakiens qui se trouvent toujours dans les zones contrôlées par Daech, notamment les villes de Tal Afar et al-Hawijah au nord, ainsi que des zones dans l'ouest de la province de l'Anbar.
« Pour les offensives attendues à al-Hawijah, Tal Afar et dans l'ouest de l'Anbar, où environ 150 000 civils seraient encore pris au piège, il est vital que les leçons soient tirées des attaques précédentes », ont expliqué les groupes d'aide, demandant à ce que l'accès à la sécurité et à l'aide soit prioritaire.
La France, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont félicité dimanche les forces irakiennes, l'UE saluant « une étape décisive dans la campagne pour éliminer le contrôle des terroristes dans une partie de l'Irak ».