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Des habitants déplacés d'al-Raqqa reviennent libérer leur ville de l'EIIS

AFP

Aux abords de la ville syrienne d'al-Raqqa, Khalil al-Hussein et ses collègues des Forces démocratiques syriennes se préparent à aller sur le front, rêvant de revenir chez lui dans le bastion djihadiste qu'il a fui il y a un an et demi. [AFPTV]

Khalil al-Hussein a quitté le bastion syrien de « l'Etat islamique en Irak et Syrie» (EIIS) d'al-Raqqa il y a 18 mois, mais il est de retour et il combat pour aider à chasser les extrémistes hors de sa ville natale.

Cet homme de 25 ans est l'un des membres de l'alliance arabo-kurde combattant l'EIIS originaires de la ville du nord.

Les Forces démocratiques syriennes ont commencé une opération pour s'emparer d'al-Raqqa l'année dernière, et sont enfin entrées dans la ville au début du mois.

C'était la première fois que Hussein se retrouvait dans sa ville d'origine après l'avoir fui après des années sous le règne terrifiant de l'EIIS.

De la fumée s'élève de bâtiments de la ville d'al-Raqqa, dans le nord de la Syrie lors d'une offensive le 18 juin par les Forces démocratiques syriennes visant à reprendre ce bastion de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie». [Delil Souleiman/AFP]

De la fumée s'élève de bâtiments de la ville d'al-Raqqa, dans le nord de la Syrie lors d'une offensive le 18 juin par les Forces démocratiques syriennes visant à reprendre ce bastion de « l'Etat islamique en Irak et en Syrie». [Delil Souleiman/AFP]

« J'ai fui al-Raqqa parce que les crimes perpétrés par l'EIIS étaient trop difficiles à supporter : les châtiments, les décapitations, la prison, les insultes », a-t-il raconté à l'AFP.

« Je veux retrouver ma maison, quel que soit le prix – même si je dois mourir », a déclaré Hussein, qui vivait dans le district d'al-Rumeilah, dans l'est de la ville.

Lorsque les FDS sont entrées pour la première fois dans la ville le 6 juin, Hussein était dans leurs rangs.

« Je souhaite libérer ma ville de l'EIIS», a-t-il déclaré avec fougue, dans les faubourgs de la ville, un foulard vert sur la tête.

« Je ne suis pas ici que pour ma maison, je suis ici pour libérer les habitants de ma ville».

« Bons souvenirs »

Située dans une région désertique isolée et bordée au sud par la rivière Euphrate, al-Raqqa n'était pas connue internationalement avant le début du conflit en mars 2011.

Ce fut la première capitale provinciale est tombée aux mains de l'opposition, mais des djihadistes de l'EIIS l'ont reprise aux combattants de l'opposition en 2014, la transformant en leur capitale syrienne.

La ville est depuis devenue synonyme des atrocités du groupe, un lieu d'exécutions publiques et de peines de prison pour des « crimes » tels que le fait de fumer ou de porter des jeans.

Mais la ville occupe toujours une place spéciale dans le cœur de ceux qui en viennent, comme Hussein, qui sourit lorsqu'il en parle.

« Il n'y a rien de plus beau qu'al-Raqqa », a-t-il affirmé, les yeux brillants.

« J'ai de bons souvenirs des jolies rues, des habitants généreux et de la cohabitation entre les communautés ».

Al-Raqqa comptait près de 300 000 habitants avant la guerre, la plupart étant des Arabes sunnites.

Mais il y avait aussi environ 20% de Kurdes et des milliers de chrétiens syriaques et arméniens.

Hussein s'est engagé dans les FDS après avoir fui al-Raqqa, rejoignant les rangs de ses combattants kurdes et arabes, beaucoup d'entre eux venant aussi de la ville d'al-Raqqa.

« Nous libérerons al-Raqqa »

A ses côtés, aux abords de la ville, ses frères d'armes discutent du déroulement de la bataille, au cours de laquelle les FDS ont jusqu'ici capturé quatre quartiers, deux dans l'est et deux dans l'ouest.

Le quartier d'Hussein, al-Rumeilah, reste cependant sous le contrôle de l'EIIS.

Certains des soldats fument, tandis que d'autres prennent des photos de la ville.

Plusieurs forment un groupe et se tiennent par la main, certains portant une arme sur les épaules, dansant le « dabke » traditionnel du Moyen-Orient pour fêter leur progression.

« Nous ressentons beaucoup de joie », a fait savoir Abou Saleh al-Hindawi, soldat commandant des membres arabes des FDS.

Lui aussi est d'al-Raqqa et a participé au soulèvement contre le gouvernement du président Bachar el-Assad en 2011, avant de rejoindre plus tard les FDS.

Walid al-Khalaf, perché sur un pick-up et portant une arme automatique, vient lui aussi du quartier d'al-Rumeilah, qu'il a quitté l'année dernière.

« Cela fait huit mois que je n'ai pas vu mon foyer. Je ne peux pas décrire ce que je ressens », a déclaré l'homme de 28 ans.

« J'ai quitté ma maison avec rien d'autre qu'une couverture et un matelas».

Maintenant, il n'a qu'une seule chose en tête.

« Nous libérerons al-Raqqa, et si Dieu le veut, la bataille ne sera pas longue », a-t-il affirmé.

« Et là où les djihadistes iront, nous les poursuivrons».

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