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Réfugiés

Les Syriens bravent mines et exécutions pour échapper à Daech à al-Raqqa

De l'AFP

Des Syriens déplacés, qui ont fui la campagne entourant al-Raqqa, le fief de « l'État islamique », arrivent dans un camp provisoire à Aïn Issa le 1er mai. La partie principale de ce camp est pleine, mais les civils qui ont fui Daech continuent d'y affluer. [Delil Souleiman/AFP]

Des Syriens déplacés, qui ont fui la campagne entourant al-Raqqa, le fief de « l'État islamique », arrivent dans un camp provisoire à Aïn Issa le 1er mai. La partie principale de ce camp est pleine, mais les civils qui ont fui Daech continuent d'y affluer. [Delil Souleiman/AFP]

La partie principale d'un camp de personnes déplacées dans la ville d'Aïn Issa, dans le nord de la Syrie, est pleine, mais les civils qui fuient Daech continuent d'y arriver.

Ce camp offre des images de pure désolation, avec ses tentes poussiéreuses battant au vent sur un terrain fait de graviers blancs qui couvrent les habitants d'une légère couche de poussière blanche.

Cela fait maintenant des mois que les gens arrivent dans ce camp, mais le rythme s'est accentué alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS) renforcent leur offensive contre Daech.

L'alliance arabo-kurde se dirige vers la ville d'al-Raqqa, le dernier bastion important de Daech en Syrie.

Les derniers arrivants dans ce camp sont contraints de chercher refuge au-delà des zones délimitées, parfois même obligés de s'installer le long de la route toute proche.

« Le camp compte aujourd'hui plus de 20 000 personnes, et leur nombre ne cesse de croître d'heure en heure », a expliqué à l'AFP Jalal al-Ayyaf, directeur du camp.

« Depuis le début de la bataille d'al-Raqqa il y a six mois, plus de 100 000 personnes sont arrivées ici, dont certaines sont aujourd'hui retournées dans leurs villages ou sont parties vivre auprès de proches dans d'autres régions », a-t-il ajouté.

Il a demandé aux associations humanitaires internationales de « renforcer leur aide en faveur des personnes déplacées, dont le nombre dépasse la capacité que peut traiter le conseil local de la ville ».

Des centaines d'hommes et de femmes se massent autour d'un camion de distribution de rations, et une femme emporte sur sa tête une caisse du Programme alimentaire mondial.

Fuir l'horreur

Ailleurs, des femmes se regroupent près d'une citerne rouge pour y laver leurs vêtements, et deux jeunes garçons tentent de porter ensemble un bidon d'eau.

Le camp compte de nombreux enfants ; parmi eux, un petit enfant assis par terre, mâchant un bout de plastique, apparemment insensible à la poussière blanche qui recouvre son pantalon rouge.

Non loin de là, deux garçons jouent avec une balançoire improvisée, assis sur des boucles de corde jaune fixées à un cadre métallique.

Et dans une tente, une famille tente d'utiliser une tétine rose pour calmer un bébé qui pleure, couché dans un amas de couvertures disposées à l'intérieur d'un berceau fait de quelques câbles.

Mais malgré la rudesse des conditions de vie, le camp est sûr, et loin des horreurs que ses habitants disent avoir endurées sous le joug de Daech et lors de leur fuite.

Abou Ahmed, un nouvel arrivant de 47 ans, a fui la région des Fermes d'al-Rashid au nord d'al-Raqqa, décrivant un voyage extrêmement pénible.

« Ils tiraient sur nos véhicules et mettaient le feu à nos tentes pendant que nous tentions de fuir », a-t-il raconté.

« Ils avaient miné les ponts et des zones avant de se retirer », a-t-il expliqué à l'AFP.

Khalid, originaire du district d'al-Sabahiya à al-Raqqa, est arrivé au camp deux jours auparavant et avait toujours l'air épuisé.

« Nous n'arrivions pas à croire que nous étions arrivés », a-t-il déclaré.

« Daech empêche de partir ceux qui souhaitent venir ici -- ils endommagent leurs véhicules pour qu'ils ne puissent pas partir », a-t-il ajouté.

« À la recherche de la sécurité »

« Il y a quelques jours, ils ont exécuté plusieurs personnes qui tentaient de s'enfuir », a raconté Khalid.

Un autre habitant d'al-Raqqa, Talal, a expliqué que les combattants de Daech surveillaient les gens possédant des tentes, qu'ils pouvaient utiliser pour camper le long des voies d'évacuation.

« La situation est très mauvaise », a ajouté cet homme de 36 ans.

« Chacun dans la ville cherche la sécurité. »

Les combattants des FDS ne sont plus qu'à quelques kilomètres au nord et à l'est d'al-Raqqa, mais tentent encore de l'encercler par l'ouest et le sud.

Ils ont indiqué que l'assaut final pourrait être lancé le mois prochain, et les États-Unis ont promis un soutien supplémentaire pour leur donner du courage avant cela.

Hamza al-Hussein, un habitant du quartier d'al-Daraiya à al-Raqqa, a expliqué que les combattants de Daech s'étaient retranchés en prévision de la bataille.

« Ils ont entouré la zone de mines et ont monté des châssis en bois qu'ils ont amenés d'Irak », a-t-il ajouté.

Ces châssis sont installés au-dessus des rues et sont recouverts de tissus pour bloquer la vue aux appareils de la coalition qui survolent la ville.

« Ils ont même bloqué certaines rues avec des monticules de terre et de béton », a-t-il ajouté.

Il a expliqué que son neveu avait été tué par l'explosion d'une mine alors qu'ils tentaient de fuir la ville.

« Nous l'avons emmené avec nous et l'avons enterré ici. »

Khalid a indiqué que Daech ne bénéficiait plus d'aucun soutien sur place, et que les habitants attendaient que la ville soit libérée.

« Plus personne ne peut les supporter », a-t-il poursuivi.

« Chacun cherche le moyen de se débarrasser d'eux. »

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