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Droits de la Femme

Les femmes kurdes résistent à l'EIIL sur les fronts de Syrie

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Arin Jabal, une combattante qui s'est engagée dans la branche d'al-Shahbaa des Unités de protection des femmes kurdes (YPJ), combat « l'État islamique en Irak et au Levant » dans le nord de la province d'Alep. [Photo fournie par Arin Jabal]

Arin Jabal, une combattante qui s'est engagée dans la branche d'al-Shahbaa des Unités de protection des femmes kurdes (YPJ), combat « l'État islamique en Irak et au Levant » dans le nord de la province d'Alep. [Photo fournie par Arin Jabal]

La présence de femmes kurdes sur les fronts en Syrie est une « nouvelle étape dans la région arabe et au Moyen-Orient », a expliqué à Diyaruna Mohammad Noureddine, professeur d'histoire à l'université libanaise.

« Les combattantes kurdes jouent un rôle important dans la lutte contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), son idéologie étriquée et fanatique et le traitement médiéval qu'il réserve aux femmes », a-t-il indiqué.

Comme les hommes combattants, a-t-il précisé, la combattante kurde « donne son temps au parti auquel elle appartient et sa vie à la cause pour laquelle elle se bat ».

« Aujourd'hui, sa participation à la lutte contre l'EIIL mérite une marque de respect au Moyen-Orient », a ajouté Noureddine.

Les femmes jouent un rôle important sur le champ de bataille, non seulement en combattant l'EIIL, a-t-il poursuivi, mais aussi parce qu'elles rehaussent l'image des femmes en Syrie.

Diyaruna a récemment parlé avec deux d'entre elles, qui combattent dans les rangs des Forces démocratiques syriennes (FDS), de leur décision de prendre les armes et de ce que cela signifie pour elles et pour leurs communautés.

Défendre les femmes contre la violence

La combattante kurde Arin Jabal, 25 ans, a expliqué à Diyaruna qu'elle « défend les femmes contre la violence et les déplacements auxquels elles sont soumises ».

Jabal est une recrue dans la branche d'al-Shahbaa des Unités de protection des femmes kurdes (YPJ), qui combattent sous la bannière des FDS, et s'est battue contre l'EIIL et d'autres groupes extrémistes sur plusieurs fronts en Syrie.

Elle sert encore sur les lignes de front de la bataille.

« Au vu de ce à quoi nous sommes soumises en tant que femmes, je me devais de faire quelque chose pour libérer les femmes de toutes les restrictions qui leur sont imposées, afin qu'elles puissent jouir de leurs droits pleins et entiers », a-t-elle expliqué à Diyaruna.

« Notre rôle en tant que combattantes est de nous tenir au côté des hommes pour protéger notre terre, ce que nous, femmes, considérons comme notre honneur et notre dignité », a-t-elle précisé.

« Je porte mon arme et vais de front en front pour libérer les femmes de l'esclavage auquel elles sont soumises », a-t-elle raconté, soulignant que la guerre en Syrie a vu une érosion des droits des femmes et une dégradation dans la manière dont elles sont traitées.

Des groupes extrémistes comme l'EIIL, le Front al-Nosra, qui se fait maintenant appeler le Front Fatah al-Sham, et d'autres qui partagent l'idéologie dure d'al-Qaïda tentent de soumettre les femmes, a-t-elle précisé.

Aujourd'hui, son arme « est pointée contre ces groupes pour défendre les femmes et leur existence, afin qu'elles puissent occuper leur place naturelle » dans la société.

Jabal a expliqué qu'elle avait eu l'occasion de démontrer sa capacité à battre l'EIIL sur le front, ajoutant qu'elle espère pouvoir mieux sensibiliser à toutes les formes de violences faites aux femmes.

« Nous resterons un symbole de la résilience des femmes où qu'elles se trouvent dans le monde, et contre toutes les formes de violence », a-t-elle ajouté.

« J'ai décidé de ne pas me taire »

Avindar Shahbaa, 20 ans, a déclaré à Diyaruna qu'elle avait rejoint la branche d'al-Shahbaa des YPJ il y a un an, et qu'elle se bat sur le front avec un groupe de femmes « pour préserver notre liberté ».

Elle a expliqué avoir rejoint les combats sur les encouragements de son père, lui-même combattant, et de ses proches, « après que j'eus décidé de ne pas me taire devant ce à quoi nous étions soumises de la part des groupes terroristes ».

L'EIIL prive les femmes de leurs droits les plus élémentaires et leur a même interdit de poursuivre leurs études, a-t-elle poursuivi.

Shahbaa a déclaré voir un intérêt dans ce combat et que son moral est au beau fixe, après avoir combattu sur le front.

« J'estime qu'à travers ce que je fais, je suis une femme libre et je peux me défendre, moi et d'autres femmes, tout comme les hommes aux côtés desquels nous nous battons », a-t-elle déclaré.

Dans la région d'al-Shahbaa, les hommes ont encouragé les femmes à prendre les armes après avoir assisté à l'oppression et à la tyrannie de l'EIIL envers les femmes kurdes, a-t-elle expliqué.

« Les hommes nous encouragent à nous battre, nous soutiennent le moral et nous donnent de la force, et c'est ce qui m'a donné du courage et m'a permis d'évacuer la peur que j'éprouvais au départ », a-t-elle indiqué.

Avindar ne cache pas le fait qu'il existe certaines difficultés sur le front.

« Mais grâce à notre forte volonté de femmes d'al-Shahbaa, nous continuons de nous battre pour libérer notre terre de tous les groupes terroristes et défendre les femmes, qui sont opprimées depuis des années par les terroristes », a-t-elle conclu.

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