Les habitants d'al-Hawija, dans la province irakienne de Kirkouk, se défendent contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) avec des couteaux de cuisine et n'importe quel ustensile pointu.
Depuis que l'EIIL a pris le contrôle de la ville en 2014 et a contraint les habitants à remettre leurs armes, ceux-ci se sont armés de couteaux de cuisine, a expliqué le chef de la tribu al-Obaid, Cheikh Anwar al-Assi, à Diyaruna.
Selon des sources locales a-t-il déclaré, « au moins douze membres de l'EIIL ont été tués au couteau ou par d'autres objets acérés » depuis le début du mois de février.
Cela peut être attribué au grand nombre de crimes barbares que le groupe a commis contre les habitants d'al-Hawija, a-t-il ajouté.
Depuis le 17 octobre, lorsque l'opération de libération de Ninive de l'EIIL a débuté, le groupe a tué 350 habitants, dont des familles entières, a rapporté al-Assi.
« La plupart des victimes étaient des locaux qui avaient réussi à fuir la ville », a-t-il précisé. « L'EIIL les a traquées dans le désert et dans les vallées, et après les avoir capturées, a perpétré des meurtres de masse et les a abattus. »
Appel au secours
Al-Assi a demandé aux forces irakiennes de libérer rapidement sa ville et de « mettre un terme aux violations et à la dévastation auxquelles sont soumis chaque jour les habitants de la part de l'EIIL ».
Il a fait part de sa préoccupation de voir « al-Hawija être devenue maintenant un havre de sûreté pour les combattants de l'EIIL fuyant les combats de Mossoul », soulignant que le groupe tente de « fortifier ses positions dans la ville de manière à les utiliser comme un tremplin pour ses opérations terroristes contre les villes libérées et sécurisées ».
Cette récente vague d'attaques a été déclenchée après les massacres par l'EIIL de gens innocents « ainsi que par la colère de ce que les terroristes font endurer aux civils », a expliqué le commandant de la mobilisation tribale à al-Hawija, Saleh Razouqi.
« Les habitants ont vécu dans une horreur sans précédent pendant deux ans », a-t-il déclaré à Diyaruna, notant que les actes commis par le groupe étaient devenus encore plus barbares ces derniers mois.
« Il y a eu une campagne de meurtres de masse contre des centaines de civils accusés de collaborer avec les forces de sécurité ou d'avoir tenté d'échapper à l'emprise [de l'EIIL] », a-t-il précisé.
Les gens sont devenus impatients, a-t-il ajouté, et les couteaux de cuisine étaient les seules armes qu'il leur restait pour se défendre.
Les forces tribales sont prêtes
Aujourd'hui, les forces de la mobilisation tribale d'al-Hawija se composent de près de deux mille volontaires entraînés et prêts à fournir un soutien militaire lorsque le gouvernement le décidera pour lancer l'opération de libération, a indiqué Razouqi.
L'EIIL a resserré son étau sur al-Hawija, a-t-il rapporté, estimant que ses hommes sont quelques centaines et comprennent des combattants ayant fui Mossoul, l'Anbar et Diyala.
L'EIIL a opprimé les civils non armés à al-Hawija à grande échelle, a fait savoir à Diyaruna le premier adjoint au maire de Kirkouk, Rakan al-Jubury.
Intimidation et violence sont désormais le mode opératoire du groupe, alors qu'il cherche à maintenir son contrôle sur cette ville de 300 000 habitants, a-t-il ajouté.
« Ces deux dernières années, le groupe a tué et enlevé au moins 3 000 personnes originaires d'al-Hawija et des environs », a-t-il poursuivi. « Leurs crimes ne s'arrêteront pas avant qu'ils soient battus et que la ville soit reprise. »
Les autorités locales de Kirkouk ont régulièrement souligné l'importance d'agir rapidement pour mobiliser l'armée, de manière à sauver la population locale de l'EIIL, a-t-il expliqué, ajoutant que « nous espérons que cette opération de libération débutera très prochainement ».