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Syrie : l'EIIL soutire de l'argent et des maisons à Deïr Ezzor

Par Waleed Abou al-Khaïr au Caire

Une famille déplacée de Deïr Ezzor par « l'État islamique en Irak et au Levant » cherche la sécurité dans une région hors du contrôle du groupe. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Une famille déplacée de Deïr Ezzor par « l'État islamique en Irak et au Levant » cherche la sécurité dans une région hors du contrôle du groupe. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Face à un potentiel déficit de liquidités et de logements, des éléments de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) saisissent des domiciles privés à Deïr Ezzor et infligent des amendes en plus des châtiments aux habitants, indiquent des militants à Diyaruna.

Les patrouilles du groupe ont accru leurs efforts pour identifier les maisons non occupées pour héberger les combattants de l'EIIL fuyant l'Irak avec leurs familles, ont-ils déclaré, saisissant les maisons qui appartiennent aux résidents qui ont fui l'oppression du groupe.

Dans le même temps, l'EIIL a renforcé sa surveillance des habitants de la ville, les patrouilles de l'Hesba (« police religieuse ») imposant des amendes en plus des flagellations ou des peines de prison, ont rapporté des militants et des témoins oculaires.

« La région de Deïr Ezzor contrôlée par l'EIIL est littéralement assiégée », a fait savoir Jamil al-Abed, militant de la campagne médiatique Deïr Ezzor sous le feu, laquelle surveille les mauvais traitements que les résidents ont subis de la part du groupe.

« L'EIIL confisque de nombreux domiciles et les transforme en stations pour ses éléments ou en les utilisant pour loger des éléments arrivant d'Irak avec leurs familles », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Les patrouilles de l'EIIL sillonnent la ville

Les patrouilles de l'Hesba du groupe arrêtent des hommes et des femmes au hasard, a déclaré al-Abed, et imposent des amendes allant jusqu'à 300 000 livres syriennes (1 400 $) pour diverses infractions présumées.

Les femmes sont souvent accusées de non-respect du strict code vestimentaire du groupe, ou d'avoir quitté leurs foyers sans mahram (accompagnateur), auquel cas la femme, ainsi que son mari ou son père, sont punis, a-t-il rapporté.

Les châtiments à l'encontre des hommes varient en fonction des accusations, qui comprennent généralement le blasphème, le non-respect du code vestimentaire (les jeans sont une cible de choix), l'écoute de musique ou le fait d'être rasé et d'avoir une coupe de cheveux « inappropriée ».

Il est actuellement interdit aux agriculteurs d'accéder à leurs champs, a ajouté al-Abed, ce qui a fait monter le prix des fruits, des légumes, du blé et de la farine.

De plus, a-t-il ajouté, l'EIIL a imposé une taxe de 6 % sur toutes les marchandises entrant dans la région, « qui est perçue en liquide ou par la saisie d'une partie de la cargaison ».

« Des patrouilles de l'EIIL parcourent tous les quartiers et les zones rurales de Deïr Ezzor pour trouver des maisons abandonnées par leurs propriétaires, qu'elles confisquent immédiatement », a indiqué Moataz al-Akidi, originaire d'une région rurale de Deïr Ezzor.

Ils remettent ces maisons à des éléments de l'EIIL qui fuient l'Irak, a-t-il fait savoir à Diyaruna.

« Il y a maintenant 500 maisons confisquées dans les différentes zones de Deïr Ezzor, en particulier dans les parties rurales à l'ouest et à l'est », a-t-il précisé.

Pour empêcher que sa propre maison dans une partie rurale de Deïr Ezzor soit saisie, a indiqué al-Akidi, il est revenu de la ville et se rend désormais tous les jours à son travail.

Les zones tribales menacées

Les habitants et les militants de Deïr Ezzor signalent que l'EIIL a pris de force le contrôle de la ville, menant des raids et des arrestations aléatoires à toute heure, a rapporté le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah, qui habitent actuellement au Caire.

Ces actions sont concentrées dans des zones sous son contrôle ainsi que dans les régions tribales, en particulier celles de la tribu Shaïtat, a-t-il précisé à Diyaruna.

Ceci vient du fait que l'EIIL craint qu'il y ait une révolte contre lui dans la zone tribale de Shaïtat, a-t-il expliqué, car la tribu de Shaïtat s'est battue férocement contre le groupe , qui a exécuté des centaines de ses membres.

« Les mauvaises conditions de vie n'affectent pas que les citoyens vivant sous le règne de l'EIIL, mais aussi ceux qui vivent dans les quartiers de la ville qui ne sont pas contrôlés par l'EIIL et qui sont assiégés par le régime », a-t-il déclaré.

Pendant ce temps, a indiqué al-Abdoullah, les sources de revenus de l'EIIL dans la région « sont en constante baisse à cause des frappes aériennes qu'ont récemment subies les zones contenant des puits de pétrole, notamment à Khasham et la raffinerie de gaz de Conoco ».

« C'était une région cruciale pour la vente de pétrole brut aux marchands, qui la revendent aux civils et aux commerçants du marché noir », a-t-il expliqué, ajoutant que l'éradication de cette source de revenus « explique pourquoi le groupe a infligé des amendes pour des infractions dont les citoyens sont accusés et des taxes sur les marchandises arrivant dans la région ».

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