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Terrorisme

La nouvelle désignation du groupe terroriste Front al-Nosra inclut les nouveaux alias

Par Waleed Abou al-Khaïr au Caire

Un prêcheur délivre un sermon sur une place publique dans la ville syrienne d'Hama pour tenter de recruter des combattants dans les rangs de groupes extrémistes. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Un prêcheur délivre un sermon sur une place publique dans la ville syrienne d'Hama pour tenter de recruter des combattants dans les rangs de groupes extrémistes. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Le ministère américain des Affaires étrangères a mis à jour le mois dernier sa désignation du groupe terroriste Front al-Nosra (FAN) pour y ajouter les nouveaux alias utilisés par le groupe, notamment Front Fatah al-Cham (FFC).

Ces actions « informent le public américain et la communauté internationale que le Front al-Nosra reste activement engagé dans le terrorisme sous le nom de Front Fatah al-Cham », a indiqué le ministère dans un communiqué du 10 novembre.

« Les désignations des individus et groupes terroristes révèlent et isolent les organisations et les individus, et aboutissent à l'interdiction de l'accès au système financier américain », a-t-il ajouté. « De plus, les désignations peuvent aider ou compléter les actions d'application des lois d'autres agences des États-Unis et d'autres gouvernements. »

Cette décision est intervenue alors que le ministère américain du Trésor a ajouté quatre dirigeants d'al-Qaïda à sa liste de sanctions : le Syrien Jamal Husayn Zayniyah, le Saoudien Abdallah Mohammed ben-Souleyman al-Mouhaysini, le Jordanien Ashraf Ahmad Fari al-Allak et le macédonien Abdoul Jashari.

Les biens du prêcheur saoudien Abdallah Mohammed ben-Souleyman al-Mouhaysini ont été gelés en raison de ses liens avec le Front al-Nosra. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Les biens du prêcheur saoudien Abdallah Mohammed ben-Souleyman al-Mouhaysini ont été gelés en raison de ses liens avec le Front al-Nosra. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

La nouvelle désignation « était attendue, malgré la tentative de désinformation du FAN en changeant son nom en Front Fatah al-Cham et en annonçant sa rupture avec al-Qaïda », a indiqué le général de division et analyste en stratégie Yahya Mohammed Ali, ancien officier de l'armée égyptienne.

« C'est comme un serpent qui mue, il sera toujours dangereux », a-t-il affirmé à Al-Mashareq, notant que la base idéologique sur laquelle le groupe est fondé, le salafisme djihadiste, reste le même malgré sa tentative de changement d'image.

« Le [changement de nom] était de toute évidence une simple tentative pour échapper aux sanctions américaines et internationales, et la guerre contre le terrorisme menée en ce moment par la coalition internationale », a déclaré Ali.

Cette nouvelle désignation reflète la forte volonté internationale d'éradiquer les groupes terroristes, quels que soient les noms sous lesquels ils opèrent, a-t-il ajouté.

C'est en particulier le cas au vu des atrocités qu'ils commettent en Syrie et en Irak et de la propagation de leur danger vers la plupart des pays du monde, a poursuivi Ali.

La coalition internationale demande « des bases juridiques pour s'occuper des groupes désignés comme terroristes, et il est donc impératif de prendre une telle décision, qui n'a été prise qu'après une vaste opération de renseignements qui a pris en compte les activités du groupe sur le terrain et ses alliances », a-t-il déclaré.

Ceci a compris l'examen des sources de son financement et ses méthodes de recrutement de combattants en Syrie et à l'étranger, a-t-il indiqué.

Les activités du FAN n'ont pas changé

Avant de changer son nom en Front Fatah al-Cham, le FAN avait tenté de donner l'impression qu'il n'était pas entaché par l'idéologie takfiriste de groupes comme « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL), a déclaré le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Cela provenait du « désir du groupe de s'attirer les faveurs de l'opinion publique syrienne pour s'assurer qu'il soit toujours présent dans le paysage politique de la Syrie future », a-t-il expliqué à Diyaruna.

Le FAN a cherché à se présenter au monde extérieur comme un groupe modéré, mais sa nature fondamentale et les principes sur lesquels il est fondé sont complètement différents de ce qu'il promet, a-t-il ajouté.

La meilleure preuve de ce fait réside dans les actions du FAN, quel que soit le nom sous lequel il agit, à l'encontre des civils dans les zones qu'il contrôle, car les restrictions qu'il a imposées ne sont pas différentes de celles de l'EIIL, a-t-il affirmé.

Celles-ci comprennent « la suppression des libertés et l'interdiction de la création de groupes armés qui ne partagent pas ses idées », a indiqué al-Abdoullah.

Elles incluent également la répression des civils sous le prétexte de l'application de la charia, et des restrictions imposées aux journalistes, de sorte qu'il ne reste plus un seul journaliste ou militant des médias dans les zones contrôlées par le FAN, a-t-il rapporté.

Geler les biens des dirigeants du FAN

« La partie importante de la décision concerne le gel des biens de certains leaders du FAN, parmi lesquels le prêcheur saoudien Abdallah Mohammed ben-Souleyman al-Mouhaysini », a déclaré Cheikh Nabil Naïm, membre fondateur du Djihad islamique égyptien qui a depuis répudié l'idéologie extrémiste.

Al-Mouhaysini a profité de sa position de prêcheur pour promouvoir le djihad en Syrie, malgré qu'il ait démenti à plusieurs reprises avoir rejoint le FAN, a indiqué Naïm à Diyaruna.

« Cependant, ses relations avec les dirigeants du FAN, et ceux d'al-Qaïda en général, sont claires », a-t-il ajouté.

Les trois autres individus désignés par le département américain du Trésor sont des dirigeants importants du FAN qui possèdent une capacité considérable à lever des fonds dans le monde entier, a-t-il déclaré.

Geler les avoirs de ces quatre individus et les ajouter sur la liste des sanctions « entraverait les opérations d'acquisition de financement du FAN », a-t-il indiqué.

Le groupe a désespérément besoin de fonds en raison des mesures répressives et du blocus qui lui ont été imposés, et qui ont dégradé sa capacité à acheter des armes, à financer des opérations, à recruter des combattants et à les amener en Syrie, a-t-il expliqué.

L'imposition de sanctions est significative, car les quatre dirigeants désignés du FAN sont de nationalités différentes, a précisé Naïm.

Cela confirme « que le FAN n'est pas considéré comme un groupe d'opposition syrien, mais comme un groupe terroriste mondial dont les éléments sont de diverses nationalités », a-t-il indiqué.

De cette manière, il ressemble « à tout autre groupe terroriste, et à al-Qaïda en particulier, qui compte dans ses rangs des combattants venus du monde entier », a-t-il conclu.

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