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De retour à Falloujah, les gens reprennent leurs vies

Par Saïf Ahmed dans l'Anbar

Les élèves de Falloujah ont repris les cours depuis que la ville de l'Anbar a été libérée de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Les élèves de Falloujah ont repris les cours depuis que la ville de l'Anbar a été libérée de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Depuis que « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) a été chassé de Falloujah en juin, les rues ont été débarrassées des restes de la guerre, et environ 19 000 familles sont revenues dans leurs foyers, déclarent des responsables à Diyaruna.

Pour faciliter leur retour, deux points d'entrée ont été ouverts du côté est et ouest de la ville de la province d'Anbar, a indiqué Issa al-Sayer, maire de Falloujah.

Des familles arrivent en grand nombre dans la ville depuis le poste de contrôle d'al-Souqour, dans l'est de la ville, et depuis l'intersection al-Salam, par le nouveau pont al-Joumhouriya à l'ouest.

Les familles déplacées ont été autorisées à revenir chez elles une fois que les explosifs posés par les combattants de l'EIIL pendant que le groupe fuyait la ville ont été désamorcés, et que les maisons piégées ont été nettoyées, a précisé al-Sayer.

Un vendeur ambulant vend des fruits et des légumes à Falloujah après que la ville ait été libérée par « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Un vendeur ambulant vend des fruits et des légumes à Falloujah après que la ville ait été libérée par « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Saïf Ahmed/Diyaruna]

Les services publics comme l'eau et l'accès au réseau électrique national ont été rétablis dans plusieurs quartiers, a-t-il déclaré à Diyaruna, et des générateurs privés fonctionnent.

« Les familles locales ont été extrêmement heureuses quand elles sont rentrées chez elles après avoir été contraintes de se déplacer pendant trois ans », a relaté al-Sayer.

Ce furent des « années difficiles » pour ceux qui avaient été obligés de quitter leur ville natale et leur demeure à cause du terrorisme, a-t-il affirmé.

Les forces de sécurité et les comités gouvernementaux supervisant le retour des déplacés internes (DI) à travers deux points d'entrée principaux ont accès à des bases de données informatisées pour vérifier les documents et les identités, a-t-il indiqué.

Ils peuvent également arrêter les individus recherchés, a-t-il ajouté.

Sombre époque de l'EIIL

Lorsque l'EIIL contrôlait la ville, ses éléments « représentaient une menace pour les civils et les empêchaient de vivre paisiblement », a rapporté Oussama Ali al-Jumaïli, habitant d'al-Shourta, dans le centre de Falloujah, âgé de 41 ans.

Le groupe a imposé de lourdes punitions, comme l'amputation des mains des fumeurs, la lapidation des buveurs d'alcool, et la flagellation d'hommes qui ne se laissaient pas pousser la barbe ou ne portaient pas de vêtements islamiques traditionnels, a-t-il indiqué à Diyaruna.

« En retournant à Falloujah, nous étions très heureux de retrouver nos maisons après deux ans et demi de déplacement interne », a déclaré al-Joumaïli.

« Les forces irakiennes, qui comprenaient l'armée, des unités d'urgence et des forces tribales, ont joué un rôle honorable et nous ont accueillis à bras ouverts », a-t-il signalé. « Ils nous ont donné de l'eau et de la nourriture pendant notre séjour au centre de réception des DI du poste de contrôle d'al-Souqour jusqu'à ce que nous recevions des badges spéciaux qui nous permettraient d'entrer dans la ville. »

« Lorsque l'EIIL était aux commandes, tout était sombre », a-t-il déclaré. « Nous ne voulons pas que le terrorisme revienne chez nous à Falloujah. »

Pour garantir la sécurité future de la ville et de la province, « tous les habitants de l'Anbar devront travailler avec les forces de sécurité pour battre les cellules restantes de l'EIIL dans les parties ouest de la province et pour signaler toute activité suspecte », a précisé al-Joumaïli.

Heureux malgré les dégâts

Falloujah est une « ville de paix que les terroristes ont tenté de contaminer, mais elle a été purifiée et libérée des gangs de l'EIIL », a déclaré Diana Owaïd al-Mohammedi, résidente de 38 ans du quartier d'al-Moallemeen de la ville.

« Nous pouvons maintenant entrer dans Falloujah et notre foyer. Nous sommes heureux malgré les dégâts que la ville a subis », a-t-elle indiqué à Diyaruna.

Lorsqu'il avait le contrôle, l'EIIL interdisait aux femmes de se mêler aux hommes au travail et au marché, et imposait un code vestimentaire strict comprenant un voile noir, un niqab et des gants, a rapporté al-Mohammedi.

« C'était obligatoire même pour les jeunes filles et les enfants », a-t-elle déclaré, ajoutant que la crainte de l'EIIL a maintenant disparu et que la vie a repris son cours normal.

« Des agences gouvernementales et les forces de sécurité nous ont donné de la nourriture et de l'aide humanitaire à notre entrée dans Falloujah », a déclaré al-Mohammedi. « Ils nous ont également mis à disposition de l'eau potable provenant des stations de traitement, et de l'électricité produite par des générateurs. »

« Mais nous désirons aussi d'autres services, comme l'électricité du réseau national, et nous espérons que des efforts de reconstruction répareront tout ce qui a été endommagé par l'EIIL », a-t-elle poursuivi.

Des années difficiles et amères en exil

« Les trois années que nous avons passées à Bagdad ont été difficiles et amères », a déclaré à Diyaruna Jassim Abdoullah al-Shimmari, habitant du quartier d'al-Joumhouriya âgé de 49 ans.

« Nous étions extrêmement heureux de notre retour à Falloujah, bien que ma maison ait été brûlée par le groupe terroriste parce que mon fils est officier dans l'armée irakienne », a-t-il indiqué.

« Cependant, nous continuerons à travailler et à persévérer, et nous reconstruirons nos maisons et nous ferons face à l'immonde terrorisme en soutenant nos forces », a-t-il affirmé.

Tous les gens de l'Anbar – et de Falloujah en particulier – ont été blessés par l'EIIL, a indiqué al-Shimmari, ajoutant que le groupe avait perpétré des massacres contre des civils innocents.

Les atrocités commises par l'EIIL incluent des décapitations, la flagellation de jeunes gens et la lapidation de femmes pour des prétextes légers, comme le fait de fumer des cigarettes et de la chicha, écouter de la musique ou utiliser des téléphones portables, a-t-il détaillé.

« Mais maintenant, nous pouvons nous déplacer librement dans Falloujah sans crainte et sans hésitation, et nous nous réjouissons de voir nos amis, notre famille et nos proches », a-t-il ajouté.

Le bruit des bombes, des missiles et des attaques de l'EIIL à Falloujah ont forcé Shihab Mohammed al-Ani, âgé de 39 ans, à quitter son foyer pendant plus de deux ans et demi « dans des circonstances qui étaient au mieux difficiles », a-t-il déclaré à Diyaruna.

« Nous avons fui pour Kirkouk, et aujourd'hui nous pouvons revenir en sécurité et dans la paix dans notre ville », a-t-il indiqué.

De nombreuses personnes ont repris leur travail, y compris les employés du secteur public, les chauffeurs de taxi et de camions et les ouvriers du bâtiment, et les magasins ont rouvert leurs portes sans craindre l'EIIL, a décrit al-Ani.

Falloujah est à nouveau occupée par ses habitants, a-t-il conclu.

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