Ils sont armés de clés au lieu de fusils et sont rarement trouvés sur les lignes de front, mais les mécaniciens de Mossoul disent qu'ils sont indispensables dans la lutte contre "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL).

"Si les Humvees tombent en panne et que les armes cessent de fonctionner sans que personne ne puisse les réparer, comment pourrions-nous avancer contre l'EIIL?", déclare le lieutenant-colonel Anwar Rajdi, qui dirige l'unité de mécanique du Service irakien de lutte contre le terrorisme.

Le commandant, de grande taille, a déclaré avec fierté que son unité est "la partie la plus importante" dans la lutte qui a duré un mois pour la deuxième plus grande ville irakienne, la dernière du pays encore détenue par l'EIIL.

Alors qu'ils avancent plus loin dans l'est de la ville, les forces de lutte contre le terrorisme font face à un barrage quotidien de feu de tireurs embusqués, d'attaques de mortier et de voitures piégées par les djihadistes qui détiennent encore une grande partie de Mossoul.

Entre 15 et 20 véhicules blindés Humvee endommagés sont envoyés à l'unité de réparation sur le bord de la ville chaque jour, traînés par de massifs remorques blanches, a indiqué le mécanicien du service de lutte contre le terrorisme Mostafa Moine.

La plupart ont eu leurs fenêtres fissurées en toile d'araignée de verre par des coups répétés de fusils de snipers de l'EIIL, et certains ont besoin d'une mise au point rapide pour leurs radiateurs ou moteurs.

D'autres ont besoin de leurs pneus changés après avoir roulé sur de longues pointes de métal que les combattants de l'EIIL placent dans les ruelles étroites de Mossoul pour ralentir les unités en progression.

Une infographie distribuée le 15 novembre par l'agence de presse Amaq liée aux djihadistes a déclaré que l'EIIL a détruit près de 50 Humvees et quatre chars pendant la bataille de Mossoul.

"Fixer le radiateur nous prend une demi-heure, mais un moteur nous prend une demi-journée", dit Moiine.

'Comme les combattants de première ligne'

Il supervise deux collègues couverts de graisse luttant pour déloger un radiateur endommagé.

"Nous essayons de remettre les machines en marche pour que nous puissions terminer le travail la nuit et nous détendre", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les jours où les combats sont intenses, les techniciens sont envoyés aux lignes de front pour effectuer des réparations sur place.

Ils rampent sous les véhicules endommagés pour échanger des pièces, leurs pieds visibles dangereusement au-dessous des véhicules, tandis que les balles résonnent sur les maisons voisines.

Mais lorsque les unités de lutte contre le terrorisme renforcent leur position dans leur progression, le rythme est plus détendu et les réparateurs passent le temps en faisant de l'haltérophilie dans une cour couverte.

"Nous réparons environ 20 armes par jour s'il y a une avance, mais s'il n'y a pas d'avance, vous pouvez clairement voir que je n'ai pas beaucoup de travail", explique Atheel Shaalan, responsable de l'entretien des armes.

De grandes pièces de véhicules, comme des moteurs et des radiateurs, sont régulièrement transportées par camion de Bagdad jusqu'au bord de Mossoul.

Les mécaniciens essaient également de récupérer toutes les pièces qu'ils peuvent à partir des restes carbonisés des véhicules qui ont été endommagés au-delà de toute réparation par les voitures piégées de l'EIIL.

"Nous aidons dans la lutte contre l'EIIL ici à l'usine", explique le mécanicien Qosay Adnan.

"Je ne suis pas un soldat qui se bat sur les lignes de front, mais je suis comme eux".