La fumée des puits de pétrole incendiés par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) emplit encore le ciel autour d'al-Qayyarah plus de deux mois après que les forces irakiennes ont chassé le groupe de la région, ont déclaré des habitants à Diyaruna.

Des responsables irakiens indiquent que l'épaisse fumée provenant des incendies que l'EIIL a déclenchés pendant sa retraite des zones sud-est de Mossoul étaient destinés à créer un écran de fumée qui protégerait le groupe des frappes aériennes irakiennes et de la coalition.

Cela n'a pas fonctionné, ont-ils précisé, ajoutant que la manœuvre n'a fait que prolonger les souffrances subies par les résidents sous le règne du groupe.

En plus du nuage de fumée noire, une couche de suie s'est formée sur les arbres, les vêtements, les bâtiments, et même sur le bétail et les moutons, ont décrit les habitants d'al-Qayyarah, et la fumée résidentielle les fait suffoquer et tousser.

Les personnes âgées et les malades en particulier sont sévèrement touchés, ont-ils déclaré.

« Dès que les terroristes ont senti qu'ils avaient perdu la bataille, ils ont mis le feu aux puits et se sont enfuis », a raconté Abou Nidal, un habitant d'al-Qayyarah qui a demandé à utiliser un faux nom pour sa sécurité.

« Ils nous ont laissé souffrir dans cette crise suffocante », a-t-il indiqué à Diyaruna.

En plus de la pollution de l'air causée par la fumée, a-t-il poursuivi, du pétrole en feu a coulé dans les rues, bloquant les rues et répandant des odeurs nauséabondes.

Les enfants se plaignent qu'ils ne peuvent pas dormir parce que la fumée rend la respiration difficile, et les mères disent que les vêtements de leurs familles noircissent tous les jours, et que la suie les recouvre sur la corde à linge après qu'ils aient été lavés.

Sérieux problèmes de santé

La pollution du pétrole brûlé a causé de graves dégâts à la santé des gens, a fait savoir à Diyaruna Ahmed Radini, porte-parole médiatique du ministère de la Santé.

Elle peut causer des pathologies à court terme comme l'exacerbation d'allergies et l'essoufflement en raison de l'augmentation du niveau de pollution aérienne, a-t-il indiqué, ainsi que des dégâts à long terme, comme le cancer des poumons et la fibrose pulmonaire.

En plus de la fumée provenant des puits de pétrole en feu, a ajouté Radini, il y a de la fumée dans l'air venant de l'incendie de l'usine de soufre d'al-Mishraq .

Suite à cet incident, environ 500 personnes présentant des symptômes de suffocation ont été amenées dans des hôpitaux des villes proches, où elles ont reçu une oxygénothérapie, a-t-il indiqué.

« Le ministère de la Santé a mobilisé tout son personnel pour répondre à cette crise humanitaire », a déclaré Radini.

Trois hôpitaux et neuf centres de soins de la province de Ninive ont reçu tout le matériel et l'équipement nécessaires pour s'occuper des cas d'inhalations de fumée, a-t-il précisé.

Le ministère travaille également en coordination avec le ministère de la Santé de la région kurde et avec les départements de la santé de Salaheddine et de Kirkouk pour traiter ces types de cas, a expliqué Radini.

Répondre aux urgences

Immédiatement après la libération d'al-Qayyarah, des équipes du ministère du Pétrole se sont employeés à éteindre les puits en feu, a déclaré à Diyaruna Assem Jihad, porte-parole du ministère.

Des équipes spécialisées techniques et d'ingénieurs venant de la North Oil Company ont travaillé en coordination avec les équipes de sécurité, a-t-il rapporté, et ont réussi à éteindre l'incendie de plusieurs de ces puits.

Les équipes ont également travaillé à empêcher les déversements de pétrole se répandent dans les rues de la ville, ses canaux et ses quartiers résidentiels, a-t-il ajouté.

Cette tâche n'a cependant pas été aisée, a déclaré Jihad.

« "L'Etat islamique en Irak et au Levant" a piégé des têtes de puits et les zones environnantes, ce qui a rendu les efforts très compliqués et a ralenti l'achèvement de la mission », a-t-il indiqué.

Les équipes du ministère continuent d'éteindre les puits restants et ont renforcé le dispositif avec de nouvelles équipes, a-t-il poursuivi, mais certains puits sont situés dans des zones d'affrontements militaires, où le travail ne peut pas encore commencer.

Les dégâts ne sont pas limités à l'environnement et la santé publique, a-t-il déclaré, mais ils incluent les dégâts sévères subis par l'économie irakienne pendant les années de contrôle de l'EIIL sur les champs de pétrole et la mise à feu de cette richesse nationale critique qui en a découlé.

Les opérations militaires progressent

« Le ministère ne dispose actuellement pas d'un rapport détaillé sur l'étendue des pertes », a déclaré Jihad. « Mais il travaillera, après l'extinction des flammes, à évaluer la portée de la dévastation causée par le groupe et l'étendue des pertes matérielles du pays. »

Cependant, a-t-il souligné, « nous avons mis fin pour de bon à la contrebande de pétrole, et nous travaillons également à arrêter les incendies, ce qui fait que nous aurons éliminé le problème du gâchis de la richesse nationale de l'Irak ».

Le fait que l'EIIL brûle du pétrole n'aura « absolument aucun effet sur la conduite des opérations militaires pour la libération de Mossoul », a affirmé à Diyaruna le général de division Nejm Edin al-Jouboury, commandant des opérations de Ninive.

« Ceci n'a jamais affecté les performances des forces aériennes dans cette bataille, et ne les affectera jamais », a-t-il ajouté.

L'armée irakienne progresse de façon remarquable dans les batailles de libération de Mossoul et n'a pas été gênée par les puits en feu, a-t-il indiqué, notant que seule la zone allant d'al-Qayyarah à al-Shoura a été touchée par ces incendies.