Un attentat suicide mortel de "l'Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL) ciblant une célébration de mariage près de la ville d'al-Hasakeh démontre que le groupe est simplement un gang criminel qui cherche à répandre le sang de tous ceux qui s'y opposent, selon les résidents locaux.

L'utilisation par le groupe d'un adolescent pour mener à bien l'attaque du 3 octobre sur une salle de mariage kurde, qui a fait 37 morts et des dizaines de blessés, est une preuve supplémentaire de son mépris total pour la vie humaine, ont déclaré des responsables et des témoins oculaires à Diyaruna.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, 11 enfants figuraient parmi les personnes tuées dans l'attaque, que l'EIIL a revendiqué par l'intermédiaire de son agence de presse AMAQ.

L'EIIL exploite les jeunes

"Malgré les mesures de sécurité prises par les Forces démocratiques syriennes (FDS) et les Asayesh dans les régions du nord de la Syrie qui ont été libérées de l'EIIL, la criminalité du groupe lui permet de s'infiltrer dans les villages pacifiques pour assassiner des civils", a déclaré l'officier des unités de protection populaire kurde (YPG) Farhad Khoja.

Selon des témoins, dit-il à Diyaruna, le "kamikaze était un jeune homme de pas plus de 15 ans, ce qui était sans doute la raison pour laquelle il a été en mesure d'atteindre la salle de mariage et de mener à bien son crime".

Il serait facile pour un adolescent de se faufiler dans la salle dans de telles circonstances sans attirer l'attention, a-t-il ajouté, dénonçant l'exploitation de l'EIIL des jeunes.

Le groupe a construit une armée massive d'enfants sous le nom de "lionceaux du Califat" pour mener à bien des attaques au milieu de la pénurie de combattants dont souffre l'EIIL à la suite des opérations militaires en cours, souligne Khoja.

L'attaque confirme la criminalité de l'EIIL sur plusieurs niveaux, a-t-il ajouté, soulignant "la nécessité de confronter et déraciner [le groupe] dans les régions dans lesquels il a une présence en Syrie et en Irak pour arrêter l'effusion de sang".

Des femmes et des enfants parmi les morts

Le photographe de mariage Walid Mohamed a dit qu'il prenait des photos de la cérémonie quand il a senti une énorme explosion, a rapporté l'AFP.

"J'ai vu tant de gens mourir - petits enfants, personnes âgées", a-t-il dit.

Le marié et la mariée étaient en sécurité, mais le père et le frère du marié ont été tués dans l'attaque, a noté un parent.

"Les blessures du marié sont légères, lui et sa nouvelle épouse demeurent dans la maison d'un parent. Il ne veut voir personne", dit-il. "Ils sont vraiment secoués par ce fait."

Mohamed Kassar, un chanteur de mariage, a du mal à retenir ses larmes comme il a décrit la suite de l'attaque.

"Je suis encore sous le choc. Ils étaient des enfants et des femmes", a-t-il déclaré à l'AFP.

Le nombre de décès initial de l'attaque était de 22, avec près de 100 blessés, a déclaré Haval Abbas, une infirmière du Croissant-Rouge kurde.

Cependant, le nombre de morts a augmenté à 37 parce que "certaines des blessures étaient très graves car elles ont été causées par des éclats de l'explosion", a-t-il dit à Diyaruna.

Un grand nombre de blessés reçoivent toujours des soins médicaux dans les hôpitaux de la région, a-t-il ajouté, en particulier dans les villes d'al-Hasakeh, Qamichli et Amouda, tandis que quatre cas critiques ont été transférés à l'hôpital Dohouq en Irak.

Un des patients transférés à Dohouq est décédé à la suite de son transfert, a-t-il dit.

Unis contre le terrorisme

L'EIIL a ciblé les résidents d'al-Hasakah en représailles de leur "rejet de sa présence sur leurs terres", a déclaré le membre du Conseil national pour la paix Ammar Saleh à Diyaruna.

Les kamikazes ont mené de nombreuses attaques dans la région à plusieurs reprises, a-t-dit, mais la dernière attaque est la "plus odieuse de toutes".

Le mariage a été organisé par une importante famille kurde, a-t-il souligné, et il était prévu que la salle et la région environnante soit très bondée.

"Les habitants de la région d'Al-Hasakah sont de toutes les sectes et ethnies", a-t-il précisé, ajoutant qu'ils sont unis contre le terrorisme, "qui ne fait pas de distinction entre les Arabes et les Kurdes".