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Terrorisme

Sérieux dangers pour les journalistes couvrant l'EIIL dans le nord de la Syrie

Par Waleed Abou al-Khaïr au Caire

Le journaliste Akram Saleh devant l'entrée de Tel Abyad après sa libération des mains de « l'État islamique en Irak et au Levant ». Il couvre la guerre dans le nord de la Syrie depuis quatre ans. [Photo fournie par Saleh]

Le journaliste Akram Saleh devant l'entrée de Tel Abyad après sa libération des mains de « l'État islamique en Irak et au Levant ». Il couvre la guerre dans le nord de la Syrie depuis quatre ans. [Photo fournie par Saleh]

Les journalistes et les professionnels des médias traitant des opérations militaires contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) dans le nord de la Syrie racontent à Diyaruna qu'ils sont confrontés à un danger constant en rapportant l'actualité, et que beaucoup d'eux y perdent la vie.

L'EIIL ne respecte pas le « code moral de la guerre », a expliqué Akram Saleh, correspondant de la chaîne Kurdistan 24, qui fut l'un des premiers journalistes à couvrir la bataille contre l'EIIL dans le nord de la Syrie.

Saleh a d'abord été intégré dans les Unités de protection du peuple kurde (YPG), puis dans les Forces démocratiques syriennes (FDS), et il accompagne désormais le Conseil militaire de Manbij (CMM), où il a rendu compte de la bataille pour Manbij.

De par son travail en première ligne, a-t-il déclaré à Diyaruna, il en est venu à considérer « toutes les zones comme dangereuses, en raison de possibles cellules dormantes laissées en retrait par des éléments de l'EIIL et de l'utilisation qu'ils font de roquettes thermiques ».

À de nombreuses reprises, l'EIIL a posé des mines dans les zones qu'il quittait, a-t-il ajouté, et l'utilisation de voitures piégées constitue une menace sérieuse.

Il a expliqué avoir été blessé en couvrant les combats à al-Hasakeh plus tôt cette année, alors qu'il tentait de s'éloigner d'une voiture piégée que l'EIIL avait envoyée contre son équipe.

Au vu de ces dangers, Saleh a indiqué qu'il plaçait « la prudence en premier, ainsi que la familiarité avec la géographie de la zone, et la connaissance des fronts de l'EIIL ».

Les forces du CMM, par exemple, essaient autant que possible de garder les journalistes loin des zones très dangereuses, a-t-il expliqué, et ne leur permettent de se déplacer librement qu'après la fin des opérations de déminage et de nettoyage.

« La chaîne pour laquelle je travaille m'oblige à prendre des mesures de protection, comme le port d'un casque et d'un gilet pare-balles, et nous a prévenus à plusieurs reprises qu'un manquement à ces mesures pourrait nous coûter des pénalités », a-t-il rapporté.

Des journalistes tués au travail

« Beaucoup de ceux qui travaillent dans les médias en Syrie du nord, en particulier à Kobani et Manbij et dans leurs zones rurales, ont été tués alors qu'ils effectuaient un reportage sur le terrain de la guerre en cours contre l'EIIL », a déclaré à Doyaruna Saleh Muslim Mohammed, militant médiatique originaire de Kobani .

Parmi eux se trouvait « Mazloum Bagok, qui a perdu la vie le 28 septembre 2014, et Rewan Zagros, décédé le 21 décembre 2014, et la martyre Agiri Yilmaz, morte le 13 avril 2015 dans le village de Khan Mamed, dans la région de Kobani, alors qu'elle couvrait la campagne de libération de Kobani », a-t-il indiqué.

« Arin Joudi a été tuée par l'explosion d'une mine le 31 janvier 2016 aux alentours d'al-Hawl à al-Hasakeh alors qu'elle faisait son travail, et Behoz Horan, né en 1995, a été tué à Kobani le 1er janvier 2015, alors qu'il couvrait les affrontements avec l'EIIL dans la ville de Kobani », a-t-il ajouté.

Le dernier à trouver la mort a été Moustafa Mohammed Shoukri, blessé pendant la campagne de libération de Manbij le 13 juillet, et qui devint un martyr ensuite dans un hôpital de Qamishli le 19 juillet, a précisé Mohammed.

« L'EIIL prend directement pour cible des journalistes dans le nord de la Syrie, et les éléments de l'EIIL commettent délibérément et systématiquement des actes de violence, sans aucun respect pour les conventions internationales », a déclaré Mohammed.

Paysage médiatique complexe

Hassan Afifi, professeur à la faculté de médias de l'université du Caire, a expliqué à Diyaruna qu'il existe typiquement deux types de journalistes en temps de guerre : le journaliste intégré et le correspondant de guerre.

Dans la guerre syrienne, l'affaire est plus complexe, a-t-il poursuivi, car de jeunes journalistes ont fait leur apparition, qui travaillent pour des agences étrangères ou des sites internet et des agences locaux, alors que d'autres assurent la couverture médiatique dans le cadre de leur travail humanitaire ou en tant que militants.

Le traitement des journalistes par les factions armées, dont l'EIIL, est différend de toutes les normes généralement respectées en temps de guerre, a-t-il indiqué, « car ce groupe ne respecte aucune loi internationale et se fiche des conventions internationales ».

« On voit donc des journalistes être blessés ou tués alors qu'ils couvrent les combats, que ce soit par un ciblage direct, lors de bombardements ou par l'explosion de mines », a ajouté Afifi.

Il a appelé les institutions journalistiques actives dans la région à porter leur attention sur les méthodes de traitement des batailles impliquant l'EIIL, et à former les journalistes au travail sur le champ de bataille, en mettant l'accent sur la sécurité.

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