Le gouvernement irakien a mis en place une série de mesures strictes pour empêcher les éléments de « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) de retourner à Falloujah, ont indiqué les responsables irakiens à Diyaruna.

Cela comprend des fortifications sur le terrain, en particulier l'excavation d'une tranchée autour de la ville pour limiter l'infiltration terroriste, aussi bien que de nouvelles procédures administratives, telles que la remise de formulaires de sécurité aux résidents de la ville, expliquent-ils.

Le gouvernement a adopté ces mesures un mois après la libération par les forces irakiennes de l'Anbar de l'EIIL le 26 juin.

Une tranchée, d'un mètre de profondeur et de 1,5 mètre de largeur a été creusée des deux côtés de la ville, a annoncé le chef de la police de Falloujah le colonel Jamal al-Jomaili à Diyaruna.

Une tranchée de cinq kilomètres est creusée le long du périmètre nord de Falloujah, ajoute-t-il, et une tranchée de quatre kilomètres au sud.

La partie ouest est protégée par la rivière de l'Euphrate, qui constitue une frontière naturelle, a-t-il précisé, alors que l'autoroute internationale, et les points de contrôle de sécurité le long de celle-ci, les rend difficile à pénétrer.

La tranchée nord, sur une voie qui sera achevée dans les prochains jours, servira également de ligne séparant les secteurs d'opération de la 1ère et 14ème divisions de l'armée, a-t-il précisé.

La tranchée sud est ancienne, elle a été creusée en 2013, avant que la ville ne tombe entre les mains de l'EIIL, a-t-il ajouté, mais le travail est en cours pour l'excaver et l'élargir.

La tranchée empêchera les éléments de l'EIIL de revenir à la ville, fournira une protection supplémentaire à la population, et repoussera les menaces de l'EIIL, a-t-il expliqué.

Il ne sera pas un obstacle au mouvement des résidents et des agriculteurs locaux, qui peuvent entrer et quitter les villes par deux entrées principales, a-t-il précisé, notant que les deux autres entrées seront ouvertes plus tard lorsque les conditions de sécurité s'amélioreront.

Formulaires électroniques de sécurité

L'administration locale de Falloujah a introduit de nouvelles mesures administratives de sécurité pour préserver le contrôle de la sécurité de la ville après sa libération et en préparation au retour des résidents déplacés.

Les résidents seront tenus de remplir des formulaires électroniques de sécurité avant de retourner à leur ville, a déclaré le maire de Falloujah Issa al-Issawi à Diyaruna.

Le formulaire attribuera à chaque famille qui retourne un numéro de code, précise-t-il, ce qui facilitera aux services de sécurité dans la province d'accéder rapidement aux informations de base et l'historique de sécurité des familles.

Les informations sur ces formulaires seront introduites dans une base de données, a-t-il ajouté, et seront utilisées plus tard dans l'émission de cartes d'identité et pour l'enregistrement de véhicules.

Le formulaire demande le nom et la profession du chef de famille, l'adresse de résidence à Falloujah, et l'adresse de résidence de la famille pendant leur déplacement et les numéros associés de cartes d'identité.

Le formulaire demande aussi si le chef de famille a des membres de familles affiliés avec des organisations terroristes, leurs noms, et lui demande s'il a de la famille qui vit à l'extérieur de l'Irak.

Bloquer l'idéologie extrémiste

La nouvelle tranchée limitera l'infiltration des terroristes, a précisé cheikh Faisal al-Assafi, chef de mobilisation tribale contre l'EIIL à l'Anbar.

« Nous avons un problème, si la décision nous revenait, nous aurions construit un mur pour isoler les civils innocents des groupes extrémistes armés à Falloujah et les autres villes menacées par le terrorisme », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Al-Assafi a appelé à des mesures de sécurité de précaution à Falloujah pour qu'elles s'étendent à la lutte contre les idéologies extrémistes nourries et alimentées par des groupes tels que l'EIIL.

Les éléments de l'EIIL utilisaient les mosquées de Falloujah comme plateforme pour le recrutement de jeunes et les pousser vers l'extrémisme et le terrorisme, a-t-il expliqué.

L'Irak doit travailler pour diffuser un sens de tolérance et s'assurer que les pupitres des mosquées ne sont pas cooptés par les groupes extrémistes qui veulent manipuler les esprits des jeunes, a-t-il ajouté.

Falloujah pose un grand défi de sécurité au gouvernement irakien, explique-t-il, à cause de l'infiltration des extrémistes et leur capacité d'influencer l'opinion publique.

Falloujah a été la première ville à tomber entre les mains de l'EIIL, indique-t-il, ajoutant que le groupe l'a transformée en centre de fabrication de voitures piégées, de roquettes et d'engins explosifs improvisés (EEI).

Cependant, ses résidents étaient jetés dans les prisons du groupe ou forcés à fuir vers les provinces avoisinantes.