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Terrorisme

Selon des analystes, l'EIIL cherche désespérément à asseoir sa domination face à l'avancée des forces irakiennes

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des éléments de « l'État islamique en Irak et au Levant » administrent un châtiment à un habitant de Mossoul  dans cette photo non datée qui a largement circulé sur internet.

Des éléments de « l'État islamique en Irak et au Levant » administrent un châtiment à un habitant de Mossoul  dans cette photo non datée qui a largement circulé sur internet.

Alors que les forces irakiennes avancent sur les bastions de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) d'al-Hawija dans la province de Kirkouk, de Mossoul dans la province de Ninive et des villes restantes de l'Anbar encore sous son contrôle, le groupe a procédé à une série d'exécutions.

Par ces meurtres, et les horribles photos qui les accompagnent, le groupe tente d'asseoir sa domination et d'imposer sa règle de fer dans les régions encore sous son contrôle dans le nord et l'ouest de l'Irak, expliquent des analystes et des responsables irakiens à Mawtani.

À al-Hawija, l'EIIL a exécuté cinq jeunes accusés d'avoir « collaboré avec les forces gouvernementales » et a mutilé leurs corps, ont fait savoir les médias le 9 juin.

Quelques jours plus tard, le 12 juin, le groupe a publié sur internet des photos explicites de l'un de ses éléments exécutant son propre frère et une autre personne.

Le 25 juin, l'EIIL a diffusé des photos de ses combattants exécutant six jeunes hommes dans la ville frontalière d'al-Qaim, dans la province de l'Anbar, accusés d'apostasie. Le 28 juin, le groupe a publié des photos montrant l'exécution de cinq membres de tribus à al-Shirqat.

Selon des médias irakiens, l'EIIL avait accusé ces cinq hommes, originaires des tribus al-Jamilah et al-Hay al-Askari, d'avoir « incité les habitants à collaborer avec les forces de libération ».

Outre ces exécutions, l'EIIL continue d'infliger aux habitants des régions sous son contrôle des châtiments de la plus grande brutalité sous divers prétextes, notamment des lapidations, des flagellations et des amputations, ont décrit les analystes.

Il y a eu une augmentation sensible de l'application de ces châtiments, proportionnelle aux victoires enregistrées par les forces irakiennes dans les provinces de l'Anbar et de Salaheddine, ont-ils ajouté.

Le règne de la violence et de la peur

« Par cette récente vague d'exécutions, l'EIIL tente de restaurer sa terrifiante image et de montrer aux habitants qu'il reste aux commandes et assoit sa domination », a expliqué l'analyste militaire irakien Safaa al-Aasam.

L'image du groupe a souffert lorsqu'il a commencé à perdre du terrain et lorsque les forces irakiennes se sont rapprochées de ses bastions à Mossoul et à al-Hawija et dans l'Anbar, a-t-il précisé à Mawtani.

« L'organisation extrémiste a une fois de plus eu recours aux médias pour diffuser des images de mort violente, parce qu'elle sait très bien que les médias sont la dernière arme qu'il lui reste dans sa bataille avec les forces irakiennes », a-t-il ajouté.

En publiant et en diffusant ces images d'exécutions, l'EIIL tente de rassurer ses combattants en retraite sur le fait que le groupe tient encore le terrain et que la mort est le châtiment qui attend ceux qu'il bat, a expliqué al-Aasam.

La politique d'horreur du groupe a également pour but de réduire au silence le soulèvement populaire qui commence à poindre contre lui et qui gagne en ampleur dans ses bastions, a-t-il précisé.

C'est la raison pour laquelle un grand nombre des personnes exécutées sont accusées de coopérer avec les forces de sécurité irakiennes ou avec les peshmergas, a-t-il ajouté.

« Cette série d'exécutions n'est pas la première à laquelle l'organisation terroriste a procédé dans les régions sous son autorité, notamment à al-Hawija, dans la province de Kirkouk », a expliqué le député irakien Khalid al-Mafraji à Mawtani.

La répression est un signe d'insécurité

De telles mesures répressives sont la réaction naturelle d'un groupe extrémiste parfaitement conscient que les habitants de ces régions s'opposent à lui et attendent l'occasion de se révolter, a-t-il ajouté.

Ce type d'opposition de base a augmenté avec la proximité croissante des forces irakiennes, a-t-il précisé, soulignant avoir appris que les habitants d'al-Hawija participaient à des opérations militaires armées clandestines contre l'EIIL.

Ces habitants tirent sur des éléments de l'EIIL, brûlent le drapeau noir du groupe et prennent ses patrouilles pour cible avec des explosifs, a-t-il précisé, ce qui a renforcé la fureur du groupe contre les habitants locaux.

« La politique de répression du groupe ne fait qu'éloigner les habitants de son idéologie », a expliqué le major général Maan al-Saadi, commandant de la 2e brigade d'opérations spéciales au sein de l'appareil antiterroriste.

« Ils souffrent aujourd'hui d'une politique d'humiliation sous l'influence de l'EIIL », a-t-il expliqué à Mawtani, ajoutant qu'il est vraisemblable que ces habitants organiseront un soulèvement populaire contre le groupe dans les zones qu'il contrôle.

Cet esprit de rébellion est le fruit d'un regain de confiance croissant de l'opinion dans la progression des forces irakiennes de libération, a conclu al-Saadi.

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