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Terrorisme

Les survivants de Falloujah racontent l'oppression de l'EIIL

Par Alaa Hussein à Bagdad

Les forces irakiennes aident les habitants de Falloujah qui ont fui pour sauver leur vie. [Photo fournie par le commandement des opérations conjointes]

Les forces irakiennes aident les habitants de Falloujah qui ont fui pour sauver leur vie. [Photo fournie par le commandement des opérations conjointes]

Ismail Hameed Hassan est l'un des milliers d'habitants de Falloujah qui ont réussi à échapper aux griffes de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).

Lors d'un entretien avec Mawtani dans le camp de personnes déplacées de l'île d'al-Karma au nord de Falloujah, où lui et sa famille ont trouvé refuge après avoir fui la ville, il a raconté la situation dans Falloujah, sous le contrôle de l'EIIL depuis janvier 2014.

« Nous avons souffert de la faim ces derniers mois, et l'EIIL empêchait la nourriture et les médicaments de parvenir jusqu'à nous », a-t-il raconté.

À l'intérieur de la ville, le groupe utilisait également la nourriture comme un moyen de chantage, a-t-il ajouté, la retenant jusqu'à ce que les familles acceptent d'envoyer leurs fils combattre dans ses rangs.

« Nous avons vécu dans une vaste prison, où tous ceux qui tentaient de s'échapper risquaient d'être tués », a ajouté Hassan, le visage pâle et les vêtements en lambeaux.

Pour tenter d'empêcher les habitants de fuir, des combattants de l'EIIL s'étaient déployés sur la ligne de front face à l'armée irakienne, a-t-il expliqué, « et ils n'hésitaient pas à tuer les civils qui tentaient de fuir Falloujah ».

« Nous avons été surpris de constater l'état physique et mental désastreux des personnes déplacées venant de Falloujah », a expliqué Sheikh Sabah Abdul Hamid, l'un des responsables du comité de mobilisation populaire chargé de surveiller ce camp.

Beaucoup d'entre elles, notamment des enfants, souffraient de déshydratation, a-t-il expliqué à Mawtani, et il est manifeste qu'elles étaient traumatisées par ce qu'elles avaient enduré.

« Ils ont quitté la ville livrés à eux-mêmes, abandonnant leurs maisons et leurs voitures », a-t-il ajouté.

« Certains sont même arrivés pieds nus, les vêtements en lambeaux », a-t-il raconté. « D'autres sont arrivés sans un dinar en poche, et semblaient prêts à tout sacrifier pour échapper au contrôle de l'organisation terroriste. »

Les habitants de Falloujah sous pression

Ceux des habitants de Falloujah qui n'acceptaient pas de combattre dans les rangs de l'EIIL étaient soumis à des harcèlements constants de la part du groupe, a expliqué Abdul Hamid.

Ils étaient privés de leurs droits les plus élémentaires, y compris le droit à la nourriture et aux médicaments, a-t-il précisé.

Pour survivre, certaines familles étaient contraintes de manger de la nourriture pour animaux, d'autres ayant même du mal à trouver quoi que ce soit à manger, a-t-il ajouté, tandis que les familles des combattants de l'EIIL bénéficiaient d'une situation relativement aisée.

La manière dont le groupe traite les civils est fonction de leur degré de loyauté, a-t-il expliqué.

Lorsque la bataille pour la libération de Falloujah a commencé, l'EIIL a autorisé uniquement les familles de ses combattants à franchir la rivière en bateau en direction d'Ameriyat al-Fallujah, puis a immédiatement fermé ce trajet et a commencé à tuer tous ceux qui tentaient de s'enfuir, a-t-il ajouté.

Le 10 juin, des combattants de l'EIIL ont ouvert le feu sur un groupe de civils qui tentaient de quitter la ville, tuant sept d'entre eux et en blessant seize autres, a raconté à Mawtani Issa al-Issawi, le maire de Falloujah.

Les corps de ces victimes, abattues près du carrefour d'al-Salam, sont restés dans ce no man's land, a-t-il ajouté, tandis que certains des blessés ont réussi à rejoindre les forces irakiennes, qui les ont alors transportés vers un hôpital de campagne pour y être soignés.

Les civils utilisés comme boucliers humains

Dans une déclaration datée du 27 mai, la porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies, Melissa Fleming, a déclaré avoir eu connaissance de « rapports très alarmants sur l'augmentation du nombre d'exécutions d'hommes et de jeunes hommes refusant de se battre pour l'EIIL ».

« D'autres rapports font état de plusieurs personnes qui tentaient de fuir [Falloujah] ayant été exécutées ou fouettées », a-t-elle poursuivi.

Les civils qui ont réussi à fuir la ville ont expliqué avoir dû marcher durant plusieurs heures la nuit, se déplaçant de ferme en ferme et se cachant dans des conduites d'irrigation abandonnées.

Le nombre de civils ayant réussi à sortir de Falloujah est estimé à quinze mille, a expliqué Fadel al-Gharawi, membre de la Haute Commission indépendante irakienne pour les droits de l'Homme.

La plupart sont originaires des faubourgs d'al-Sajr et d'al-Karma, tandis que près de 50 000 habitants restent piégés dans la ville, a-t-il expliqué à Mawtani.

« La plupart des personnes déplacées sont en très mauvais état mental et physique par suite des traitements brutaux que leur a fait subir l'EIIL avant qu'ils fuient la ville », a-t-il ajouté.

L'EIIL a utilisé les civils comme boucliers humains, a-t-il précisé, en particulier dans les quartiers d'al-Golan et d'al-Muallimeen.

L'armée irakienne a tenté d'éviter tout heurt avec les combattants de l'EIIL dans ces zones par crainte pour la population civile, a-t-il ajouté, et a été contrainte d'entrer dans la ville par le quartier d'al-Shohada malgré les difficultés liées à ce couloir.

Entre-temps, a-t-il souligné, la vie dans Falloujah s'est totalement arrêtée.

Il n'y a pas d'électricité, pas d'eau potable, et l'EIIL a bloqué les services internet et interdit l'utilisation des smartphones, a-t-il précisé.

De plus, a-t-il conclu, l'EIIL a récemment recruté des enfants de la ville et les a envoyés se battre dans ses rangs.

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Victoire pour l'armée irakienne et la paix et le calme pour le peuple irakien, par la volonté de Dieu.

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