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Terrorisme

L'EIIL perd une source de revenus essentielle après la défaite de Rutbah

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des unités de l'armée irakienne ont été déployées le long de la route allant de Rutbah au poste-frontière de Trebil, après la reprise mi-mai de la ville aux mains de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par le commandement des opérations conjointes en Irak]

Des unités de l'armée irakienne ont été déployées le long de la route allant de Rutbah au poste-frontière de Trebil, après la reprise mi-mai de la ville aux mains de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par le commandement des opérations conjointes en Irak]

Après la récente perte par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) de la ville de Rutbah, dans la province de l'Anbar, reprise par les forces irakiennes, le groupe a perdu l'accès dont il bénéficiait à la route internationale menant à un point de passage essentiel à la frontière avec la Jordanie, ont expliqué des responsables à Mawtani.

Cette défaite coûtera des millions de dollars de revenu mensuel à l'EIIL, ont-ils précisé.

Mi-mai, l'armée irakienne, appuyée par des combattants locaux, a chassé les activistes de l'EIIL et repris le contrôle de Rutbah, sur la route menant au poste-frontière de Trebil.

L'EIIL avait pris le contrôle de la ville et d'autres régions frontalières dans l'ouest de l'Anbar il y a près de deux ans.

La situation stratégique de Rutbah, sur la route internationale reliant les frontières occidentales de l'Irak au reste du pays, avait apporté à l'EIIL d'importantes ressources économiques ces deux dernières années, a expliqué à Mawtani Jassem al-Halbousi, membre du conseil provincial de l'Anbar.

« L'EIIL collectait un impôt sur les camions et les voitures transportant des marchandises par cette route internationale avant de les autoriser à entrer dans d'autres villes du pays », a-t-il indiqué.

Des taxes pour remplir les coffres de l'organisation

Des taxes étaient prélevées sur tout le monde sans exception, même sur les petites voitures, a-t-il ajouté, « ce qui rapportait au groupe de très importantes sommes d'argent qu'il ne parvenait pas à collecter sur d'autres routes internationales qu'il contrôlait ».

« Cette collecte n'était pas une opération arbitraire, mais se faisait de manière systématique, supervisée par des équipes et des cellules spéciales de l'EIIL, et la totalité de cet argent était canalisée vers les coffres centraux du groupe », a expliqué le leader de la mobilisation tribale Sheikh Abdullah al-Jughaifi.

Le groupe collectait de l'argent des camions en échange de reçus spéciaux portant le tampon de « l'administration » de l'EIIL à Rutbah, et indiquant le montant payé, le type de camion et la nature de la cargaison, a-t-il précisé à Mawtani.

L'EIIL collectait 400 dollars pour chaque camion, a-t-il poursuivi, ajoutant que « le groupe a probablement amassé ainsi des sommes considérables, en particulier durant les mois qui ont précédé la libération des villes de l'Anbar, lorsque le flot de camions transitant par cette route internationale était ininterrompu ».

« Cette situation a aujourd'hui totalement changé, après que les forces irakiennes eurent repris Rutbah et déployé des forces de sécurité le long de cette route internationale jusqu'à l'ouest de Ramadi », a-t-il ajouté.

La sécurité diminue les ressources des terroristes

Les récentes avancées sécuritaires de l'armée irakienne ont considérablement asséché les ressources de l'EIIL et limité son activité économique, a expliqué à Mawtani l'économiste Basem Jamil Antoine.

Les taxes levées par le groupe « n'étaient pas plafonnées, mais augmentaient en fonction de nombreux facteurs, atteignant parfois 1 000 dollars par camion », a-t-il indiqué.

En conséquence, la perte de cette source de revenus s'est s'ajouter aux autres pertes financières récentes de l'EIIL, notamment les champs pétroliers dans le nord de la province de Salaheddine et les expéditions de pétrole par le groupe qui ont été la cible de frappes aériennes de la coalition internationale, a-t-il ajouté.

L'étau économique se resserre autour du groupe, a-t-il poursuivi, le mettant dans l'impossibilité de fournir les moyens nécessaires au maintien de ses capacités de combat sur tous les fronts.

« La reprise de la route internationale menant à la frontière n'a pas seulement un lourd impact sur les finances de l'EIIL, mais elle permettra également de relancer l'activité commerciale à Bagdad », a-t-il ajouté.

La route menant au poste-frontière de Trebil permettra en effet l'importation et l'exportation de marchandises en provenance et à destination de Bagdad et entraînera une baisse des coûts, a expliqué Antoine, notamment après que les commerçants irakiens eurent été contraints de compter sur le port de Basra comme seul débouché pour leurs produits.

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