Malgré le danger imminent qui règne partout, des centaines de familles assiégées dans Falloujah ont réussi à échapper à « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et à rejoindre l'armée irakienne.

Des rescapés d'al-Hasi, un village situé au sud de la ville, ont expliqué à Mawtani que l'EIIL avait menacé de les brûler vivants s'ils tentaient de quitter leurs maisons.

Ils ont été sauvés de cet atroce destin par l'avancée des forces irakiennes et de la mobilisation populaire, ont-ils expliqué, qui a permis aux civils pris dans la ligne de feu de fuir.

« Lorsque nous avons entendu que les tirs se renforçaient, nous avons compris que l'armée était proche, et nous avons décidé de nous enfuir, malgré les risques », a expliqué Umm Widad, 53 ans, qui a souhaité garder l'anonymat.

« Nous avons attendu le moment propice, puis mes trois filles et moi sommes sorties avec d'autres familles en agitant des drapeaux blancs », a-t-elle expliqué à Mawtani.

Les soldats sont arrivés rapidement et les ont emmenées loin du champ de bataille, dans des camions militaires, a-t-elle poursuivi, apportant à ces familles de la nourriture et des boissons.

Un autre rescapé, Ahmad Hardan, a décrit la vie sous le joug de l'EIIL comme « désastreuse ».

« Ils menaçaient de nous brûler vivants si nous tentions de nous échapper », a-t-il expliqué. « Nous attendions l'arrivée de l'armée, et lorsqu'elle est venue, nous n'avons pensé qu'à notre salut. »

Les habitants de la ville ont connu la faim sous le régime de l'EIIL, a-t-il ajouté. Les produits de base comme la farine et le riz se faisaient rares et se vendaient « à des prix fous ».

« Pendant plus de deux ans, nous avons souffert des abus et des châtiments des terroristes qui tuaient et n'affichaient aucune pitié pour les jeunes comme pour les vieux », a-t-il raconté.

Des centaines de familles évacuées

Les forces irakiennes ont pu évacuer des centaines de familles qui avaient été prises au piège dans Falloujah ces deux dernières semaines, alors que les fusillades pour chasser l'EIIL faisaient rage, a expliqué le département de l'Anbar du ministère des Migrations et des Déplacements.

« À ce jour, les forces de sécurité nous ont remis plus de 600 familles qui avaient réussi à sortir des zones de combat dans les faubourgs de Falloujah », a indiqué lundi 6 juin à Mawtani le responsable de ce département, Mohammed Rashid.

« Il y a deux mois, nous avons mis en place huit camps, dans la ville d'Ameriyat al-Fallujah, qui abritent près de 2 000 familles d'habitants déplacés de Falloujah et de ses environs », a-t-il ajouté.

« Nous avons transporté la plupart des personnes déplacées vers ces camps », a-t-il indiqué. « Nous avons commencé à leur donner de la nourriture et des kits d'hébergement, comprenant des couvertures, des meubles et des ustensiles de cuisine, et avons préparé des services médicaux d'urgence. »

« Il était manifeste que ces survivants avaient connu des conditions de vie difficiles », a-t-il expliqué. « Nombre d'entre eux étaient malades. Nous travaillons actuellement à leur enregistrement comme personnes déplacées afin de les inclure dans nos programmes de réinsertion et de soutien humanitaire et leur apporter une aide financière. »

Il s'attendait à ce que le nombre de personnes déplacées atteigne les 10 000 familles au fur et à mesure que les combats se rapprochaient du centre de Falloujah, a-t-il poursuivi, ajoutant que « nos préparatifs battent leur plein, et nous cherchons à contenir toute urgence ».

Aider les habitants déplacés

Ameriyat al-Fallujah a consacré la plus grande part de son énergie à aider les habitants de Falloujah qui fuyaient, a expliqué à Mawtani Shaker al-Issawi, le président du conseil local.

« Nous disposons d'un bon stock de nourriture, suffisant pour plus de 5 000 familles », a-t-il expliqué. « Nous avons suffisamment de tentes. Avec le concours de plusieurs agences gouvernementales et organisations humanitaires, nous avons également commencé à déployer des équipes médicales pour apporter des soins aux personnes déplacées et répondre à leurs besoins. »

Les déplacements de populations continuent dans la partie sud de Falloujah, a-t-il expliqué, les habitants se dirigeant vers le carrefour d'al-Salam puis, de là, vers Ameriyat al-Fallujah.

« Un couloir de sûreté a été ouvert par les forces de sécurité pour permettre aux familles de fuir le centre [de Falloujah] en empruntant cet itinéraire, car nous pensons qu'au moins 20 000 familles y sont prises au piège », a-t-il expliqué.

La police irakienne, l'armée et les forces de mobilisation populaire ont obtenu des résultats encourageants dans la bataille de Falloujah, a expliqué le lieutenant-colonel Sabah al-Issawi, commandant du 3e bataillon de la mobilisation populaire d'Ameriyat al-Fallujah.

« Nous avançons avec grande prudence pour assurer la sécurité des civils », a-t-il expliqué à Mawtani.

« Lors de notre avance dans le sud de Falloujah, nous avons pu sauver près de 250 familles piégées, les avons transportées vers des zones sûres et leur avons fourni de la nourriture, de la boisson et les premiers soins », a-t-il déclaré.

« Les éléments de l'EIIL n'hésitent pas à ouvrir le feu sur les familles qui tentent de fuir », a-t-il ajouté. « Nous tentons toujours de trouver les familles qui s'enfuient avant qu'elles ne soient prises pour cibles. »

« Il y a quelques jours, lors d'une incursion sur environ deux kilomètres dans les zones contrôlées par l'EIIL, nous avons trouvé les corps de trois femmes et deux enfants qui avaient été déplacés et avaient trouvé la mort à cause de bombes artisanales dissimulées par les terroristes pour entraver l'avance de nos forces », a-t-il précisé.

« Nous écraserons bientôt l'EIIL et vengerons les victimes », a conclu al-Issawi.