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Un dirigeant de Lafarge accusé de financer des extrémistes en Syrie

Un cadre du cimentier suisse-français Lafarge a été accusé, vendredi 1er décembre, de financer indirectement des extrémistes par le biais de ses activités en Syrie, a rapporté l'AFP.

Lafarge est accusé d'avoir payé "l'Etat islamique en Iraq et en Syrie" (EIIS) et d'autres militants par l'intermédiaire d'un intermédiaire afin de permettre à l'usine de l'entreprise à Jalabiya, dans le nord de la Syrie, de continuer à fonctionner.

La société est également soupçonnée d'utiliser de faux contrats de consultation pour acheter du carburant auprès de l'EIIS, qui a pris le contrôle de la plupart des réserves pétrolières stratégiques de la Syrie en juin 2013.

Frédéric Jolibois, qui a pris la direction de l'usine en 2014, a été accusé de financer le terrorisme et de violer un embargo de l'UE sur le pétrole syrien, a déclaré son avocat, Jean Reinhart.

Bruno Pescheux, le prédécesseur de Jolibois en tant que chef d'usine entre 2008 et 2014, et le chef de la sécurité de Lafarge, Jean-Claude Veillard, étaient également devant le tribunal vendredi face à de possibles accusations.

Jolibois a reconnu avoir acheté du pétrole à des «organisations non gouvernementales», notamment des groupes islamistes, en violation de l'embargo de l'UE déclaré en 2011.

Pescheux a quant à lui reconnu que Lafarge avait versé jusqu'à 100 000 dollars par mois au magnat syrien Firas Tlass, un ancien actionnaire minoritaire qui avait donné de l'argent à des factions armées pour maintenir l'usine ouverte.

L'EIIS aurait reçu environ 20 000 dollars, a estimé Pescheux.

Les trois sont les premiers à être détenus dans l'enquête par les juges français de la lutte contre le terrorisme et les crimes financiers, qui cherchent également à savoir si Lafarge a pris des mesures adéquates pour protéger les employés syriens.

Le personnel local est resté sur place alors que les dirigeants ont fui Damas pour la sécurité du Caire à l'été 2011. D'autres travailleurs étrangers ont été évacués dans les mois qui ont suivi.

Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec la société de matériaux de construction suisse Holcim, s'est maintenu en Syrie pendant deux ans après le départ de la plupart des entreprises françaises alors que l'EIIS réalisait des gains territoriaux majeurs.

Les extrémistes, qui ont depuis perdu d'immenses territoires dans les offensives militaires internationales, ont finalement repris l'usine de Jalabiya en septembre 2014.

L'enquête sur Lafarge a pris de l'ampleur au cours des dernières semaines, la police effectuant une importante fouille au siège de l'entreprise à Paris en novembre.

Trois anciens employés syriens ont également été expulsés de Syrie pour témoigner fin septembre.

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