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Les Irakiens accusent l'Iran pour leurs conditions de vie difficiles

Faris al-Omran

Des Irakiens manifestent sur la Place al-Tahrir dans le centre de Bagdad le 1er octobre pour exiger de meilleures conditions de vie et des emplois. [Photo fournie par le Centre de presse irakien]

Des Irakiens manifestent sur la Place al-Tahrir dans le centre de Bagdad le 1er octobre pour exiger de meilleures conditions de vie et des emplois. [Photo fournie par le Centre de presse irakien]

Les récentes manifestations en Irak soulignent la colère croissante envers le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et ses ingérences dans les affaires irakiennes, affirment responsables et citoyens.

Les Irakiens accusent en effet les milices affiliées au CGRI de voler et d'exploiter les ressources naturelles de l'Irak au profit de l'Iran, contribuant par là-même au chômage, à l'appauvrissement et à la faiblesse des services publics en Irak.

Ce ressentiment transparaît dans certains des slogans brandis par les manifestants, comme par exemple « Iran dehors, Bagdad reste libre ».

L'Iran pille les ressources irakiennes

« L'Iran est responsable de la détérioration de nos conditions de vie et des services publics », a déclaré à Diyaruna un habitant de Bagdad qui a participé à ces manifestations, sous couvert d'anonymat. « Ses milices pillent notre pays au seul bénéfice du régime iranien, qui consolide son pouvoir avec notre argent. »

Des manifestants irakiens parlent avec des policiers à Sadr City à Bagdad, le 7 octobre 2019. Les manifestants condamnent l'Iran pour ses ingérences dans les affaires internes irakiennes. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

Des manifestants irakiens parlent avec des policiers à Sadr City à Bagdad, le 7 octobre 2019. Les manifestants condamnent l'Iran pour ses ingérences dans les affaires internes irakiennes. [Ahmad al-Rubaye/AFP]

« Les manifestations ont exprimé la forte colère de l'opinion face à l'influence iranienne et la menace constante qu'elle fait planer sur la stabilité du pays et son économie », a-t-il ajouté.

« Notre message aux Iraniens et à leurs agents est clair : arrêter vos ingérences dans nos affaires et laissez-nous vivre en paix et reconstruire notre pays », a-t-il ajouté.

Les manifestations ont éclaté à Bagdad le 1er octobre et ont duré une semaine, s'étendant également aux provinces du sud du pays.

Au total, 157 personnes ont été tuées et au moins 6000 autres ont été blessées lors de ces manifestations, déclenchant une crise politique qui a fait dire au président Barham Salih que le pays nécessitait un « dialogue national ».

Lors de sa session extraordinaire du 8 octobre, le parlement a adopté un premier paquet de réformes destinées à répondre aux préoccupations des manifestants. Un second paquet de réformes devra être discuté lors de la prochaine session du parlement.

Le gouvernement a officiellement qualifié les morts de « martyres » et a accordé à leurs familles un ensemble spécial de prestations.

Condamnation des ingérences iraniennes

« Lors des manifestations les plus récentes, les manifestants ont expressément condamné l'infiltration et l'ingérence de l'Iran dans leurs affaires par l'intermédiaire du CGRI et de ses agents », a expliqué Hilal al-Obaidi, expert irakien en relations internationales.

« Des slogans de condamnation brandis par les manifestants ont révélé la colère montante des Irakiens contre l'influence iranienne et les effets conjugués des groupes armés soutenus par l'Iran, qui pillent les richesses du peuple, l'appauvrissent et le poussent dans le chômage, la corruption et la faiblesse des services publics en faveur des intérêts irakiens », a-t-il expliqué à Diyaruna.

En Irak, le chômage frappe près de 25 % des jeunes, selon la Banque mondiale.

"Les Irakiens ne connaissent que trop bien les intentions du régime iranien et savent que son seul objectif est de saper la sécurité et la stabilité de leur pays et de porter atteinte à sa souveraineté », a-t-il ajouté.

La situation dans la région menace d'exploser à tout moment, en particulier après l'agression iranienne contre la compagnie pétrolière saoudienne Aramco fin septembre, a ajouté al-Obaidi.

Ce que fait l'Iran en Irak, il le fait également dans la région, où le régime iranien continue d'attiser les problèmes en Syrie, au Liban et au Yémen, a-t-il poursuivi.

L'Iran « tente d'influer sur la sécurité de ses voisins en utilisant des groupes sectaires loyaux qu'il forme et approvisionne en sources de pouvoir pour déstabiliser la région et imposer son hégémonie », a-t-il continué.

L'Iran cherche à diviser le peuple irakien

Les dirigeants iraniens espèrent enfoncer un coin entre la rue irakienne et ses dirigeants en laissant la bride sur le cou aux milices affiliées au CGRI pour qu'elles répriment violemment les manifestations, expliquent les observateurs.

« Les habitants de la région sont convaincus et conscients des intentions du régime iranien et de ses efforts de porter atteinte à la souveraineté et à la stabilité de leurs pays », a ajouté l'ancien député irakien Mithal al-Alousi.

« Ce régime est bien déterminé à entraîner jusqu'à son propre peuple dans des conflits et à l'impliquer dans des politiques provocatrices contre ses voisins, qui ne feront qu'attiser plus de problèmes et entraîner des crises économiques », a-t-il affirmé à Diyaruna.

« Le CGRI a recours à des activités destructrices qui affectent la sécurité régionale en favorisant des groupes armés afin de déstabiliser les pays et s'en prendre à leurs intérêts économiques et politiques », a-t-il ajouté.

Ces manifestations en Irak confirment que les Irakiens veulent que cesse cette ingérence iranienne et souhaitent l'indépendance du système politique irakien,afin que de véritables réformes puissent traiter la corruption, la hausse du chômage et le déclin des services publics, a poursuivi al-Alousi.

« La colère du peuple irakien face à l'intervention iranienne monte, ce qui transparaît clairement dans les slogans condamnant de manière répétée cette intervention lors de chaque manifestation organisée par des Irakiens exigeant une amélioration de leur situation », a-t-il ajouté.

Appels à des manifestations pacifiques

Des appels ont été lancés sur les médias sociaux appelant à de nouvelles manifestations vendredi 25 octobre, date anniversaire de la prise de fonction du gouvernement du Premier ministre Adel Abdoul Mahdi, a rapporté l'AFP.

« C'est votre droit de participer à des manifestations », a déclaré à ses partisans l'influent leader chiite irakien Moqtada al-Sadr dans un message sur Facebook le 19 octobre.

Il a nuancé son soutien en ajoutant : « Ceux qui ne souhaitent pas participer à cette révolution peuvent choisir une autre voie via les urnes, lors d'élections supervisées par des observateurs internationaux et sans les politiciens actuels. »

Il a appelé ses partisans à manifester pacifiquement.

« Ils s'attendent à ce que vous soyez armés », a-t-il conclu. « Mais je ne pense pas que vous le serez. »

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1 COMMENTAIRE (S)
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Vous avez rendu un grand service en les détestant. Ils avancent dans le domaine de la science, et vous vous avancez dans les mythes. Il y a un proverbe en Irak dont je me rappelle plus, mais le sens est que vous devez embrasser la main que vous ne pouvez pas retirer. Laissez les chiites tranquilles! Ce qui est interdit est désiré. Soyez sage, vous avez corrompu l'Islam.

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