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Terrorisme

À al-Hol, les femmes de l'EIIS s'accrochent à leurs illusions

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des femmes et des enfants dans le camp d'al-Hol, qui abrite des milliers de femmes et d'enfants de combattants de l'EIIS. [Photo fournie par la North Press Agency]

Des femmes et des enfants dans le camp d'al-Hol, qui abrite des milliers de femmes et d'enfants de combattants de l'EIIS. [Photo fournie par la North Press Agency]

Même après une cuisante défaite militaire et leur internement dans un camp de déplacés sous haute surveillance, certaines femmes de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) s'accrochent à leurs rêves d'un « califat » de l'EIIS, expliquent les responsables de ce camp.

Certaines se comportent même comme si le commandement de l'EIIS, notamment le fuyard Abou Bakr al-Baghdadi lui-même, continuait de communiquer avec elles et leurs donnait des instructions, a expliqué Farhad Khoja, officier dans les Forces démocratiques syriennes (FDS).

Elle se font clairement des idées, a-t-il précisé à Diyaruna.

L'EIIS a subi une défaite cuisante, ses derniers combattants sont en fuite et al-Baghdadi, qui se terre toujours, n'a publié que deux messages audio l'année dernière regorgeant d'une rhétorique grandiloquente et desespérée.

Un groupe de femmes de l'EIIS et leurs enfants au milieu des tentes dans le camp de déplacés d'al-Hol, dans la province syrienne d'al-Hasakeh. [Photo fournie par la North Press Agency]

Un groupe de femmes de l'EIIS et leurs enfants au milieu des tentes dans le camp de déplacés d'al-Hol, dans la province syrienne d'al-Hasakeh. [Photo fournie par la North Press Agency]

Les femmes du camp d'al-Hol qui affirment être en communication avec la direction de l'EIIS ne font qu'invoquer al-Baghdadi et ses commandants pour tenter d'exercer une influence à l'intérieur de ce camp fermé et étroitement surveillé, a expliqué Khoja.

Elles cherchent ainsi, a-t-il ajouté, à s'assurer certains privilèges, pour elles et leurs enfants, tout en excluant les autres femmes de leurs cercles de relations.

Les femmes de l'EIIS dans ce camp du sud rural de la province d'al-Hasakeh se comportent encore comme si le soi-disant « califat » existait encore, a expliqué à Diyaruna le militant Ammar Saleh à Diyaruna.

Ces femmes vivent encore selon les dures règles du groupe, qui imposait un strict code vestimentaire et l'application de châtiments à ceux qui tentaient de s'enfuir.

Ces femmes de l'EIIS forment des équipes de l'al-hesba (la « police religieuse ») pour punir ce qu'elles perçoivent comme des transgressions par d'autres femmes, a-t-il ajouté, soulignant que les femmes de l'EIIS à al-Hol tentent également d'exploiter la moindre couverture du camp par les médias pour brandir des slogans de l'EIIS.

En dépit de tout ce qu'il s'est produit, notamment l'effondrement de l'EIIS, a-t-il poursuivi, ces femmes continuent de s'en tenir à leurs mensonges, et d'afficher par leur conduite la mesure de leur endoctrinement par le groupe.

Une hiérarchie extrémiste dénuée de sens

Certaines extrémistes étrangères ont réussi à s'imposer à la tête de la hiérarchie du camp, suivies par les Irakiennes puis les Syriennes, a poursuivi Khoja.

La plupart de ces femmes sont les épouses « d'émirs » de l'EIIS ou de combattants étrangers.

À l'autre extrémité de la chaîne, les femmes sont punies par les équipes de l'al-hesba autoproclamées « afin de servir d'exemples aux autres », a-t-il précisé.

Khoja a précisé que ces équipes imposent un code strict aux autres femmes du camp d'al-Hol, notamment en ce qui concerne la fréquentation de soignants, d’infirmières, de gardes et d'enquêteurs ou de journalistes.

Les femmes de rang inférieur, en particulier les femmes des simples combattants , vivent dans un état de peur en raison du pouvoir qu'exercent ces extrémistes étrangères, a-t-il ajouté.

Les équipes de l'al-hesba établissent leur contrôle en se basant sur le fait que certaines de celles qui ont défié leurs édits ont été tuées ou soumises à des punitions corporelles.

Les extrémistes dominantes du camp d'al-Hol sont « extrêmement dangereuses et se déplacent en permanence dans tout le camp », surveillant étroitement tout ce qu'il s'y passe, a expliqué à Diyaruna Azad Dudeki, responsable du Croissant-Rouge kurde.

Plusieurs attaques au couteau ont été signalées, a-t-il indiqué, notamment lors des émeutes qui éclatent lorsque les gardes tentent de défendre les femmes victimes des punitions corporelles infligées par le groupe.

Cela a suscité des agitations dans le camp, a-t-il précisé, entraînant à plusieurs reprises l'état d'urgence pour que les gardes puissent prendre le contrôle de la situation et rétablir le calme et l'ordre.

Les femmes d'al-Hol « coupées de la réalité »

Nombre des femmes de l'EIIS à l'intérieur d'al-Hol « paraissent totalement coupées de la réalité de ce qui se passe à l'extérieur du camp », a expliqué Dudeki, et « ne reconnaissent pas ce qui se produit dans le monde extérieur ».

Elles opèrent dans l'illusion que le soi-disant « califat » est bel et bien vivant et refusent d'entendre un quelconque discours, serait-ce à distance, sur la défaite du groupe, a-t-il ajouté.

Dans un entretien avec l'AFP, Umm Suhaib, la veuve d'un combattant tunisien de l'EIIS, a affirmé qu'elle était uniquement venue à al-Hol « en vertu des ordres d'al-Baghdadi ».

Elle n'a pas vu sa famille en Irak depuis près de trois ans, a-telle expliqué à l'agence de presse, mais elle ne semble pas pressée de rentrer chez elle, affirmant que son seul souhait est « le retour du califat » afin de pouvoir « s'installer ici ».

L'Irak avait annoncé la défaite militaire de l'EIIS fin 2017. En mars de cette année, les FDS avaient annoncé que l'EIIS avait été chassé d'al-Baghouz, la dernière bande de territoire que le groupe contrôlait encore en Syrie.

Umm Suhaib, qui avait fait partie des dernières résistantes du groupe à al-Baghouz, faisait partie des dizaines de milliers de personnes, pour l'essentiel des femmes et des enfants, qui avaient été évacuées par camions vers les camps administrés par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie.

Au total, ce sont quelque 12 000 étrangers, 4 000 femmes et 8 000 enfants, qui vivent maintenant dans ces camps, selon les autorités kurdes.

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1 COMMENTAIRE (S)
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Ils ne méritent pas de vivre. Par la Kaaba et par le droit de tous les honnêtes gens, ils méritent d'être exécutés ou assassinés, non pas avec des cordes, mais de la même façon ignoble, en étant brûlés vifs devant la population.

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