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Les Irakiens rejettent la menace iranienne de bombardement des forces américaines en Irak

Faris al-Omran

Une photo prise le 20 juin 2018 montre une affiche de propagande de la milice irakienne pro-iranienne Kataib Hezbollah à Bagdad. Ce jour-là, la police irakienne a encerclé le quartier général de cette milice à Bagdad après un affrontement armé avec des policiers qui a fait trois blessés. [Ahmad al-Rubaye/AFP] 

Une photo prise le 20 juin 2018 montre une affiche de propagande de la milice irakienne pro-iranienne Kataib Hezbollah à Bagdad. Ce jour-là, la police irakienne a encerclé le quartier général de cette milice à Bagdad après un affrontement armé avec des policiers qui a fait trois blessés. [Ahmad al-Rubaye/AFP] 

Les menaces iraniennes de faire de l'Irak un champ de bataille pour y régler ses comptes se sont heurtées à un rejet catégorique de la part des citoyens et des parlementaires irakiens, qui ont expliqué à Diyaruna qu'ils exigent que l'Iran arrête ses ingérences dans les affaires irakiennes.

Lors d'un discours télévisé le 26 septembre, Iraj Masjidi, ambassadeur d'Iran en Irak et ancien général du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) ayant servi comme conseiller auprès du commandant de la force al-Qods Qassem Soleimani, avait menacé les États-Unis.

Si l'Iran est attaqué par les États-Unis, avait-il déclaré lors d'une interview sur la chaîne de télévision irakienne Dijlah TV, l'Iran bombardera les forces américaines là où elles se trouvent, y compris en Irak.

De plus, avait-il ajouté, la réponse iranienne à une telle attaque comprendra une réponse de « ceux qui aiment l'Iran », à l'instar des milices irakiennes épaulées par l'Iran qui combattent sous les auspices des Forces de mobilisation populaire, du Hezbollah ou des Houthis (Ansarallah).

Des combattants de Kataib al-Imam Ali, une milice irakienne épaulée par l'Iran, participent à un défilé militaire le 8 août 2015 à Najaf. [Haidar Hamdani/AFP] 

Des combattants de Kataib al-Imam Ali, une milice irakienne épaulée par l'Iran, participent à un défilé militaire le 8 août 2015 à Najaf. [Haidar Hamdani/AFP] 

La réponse irakienne à cette menace iranienne ne s'est pas faite attendre.

« Le territoire irakien est une ligne rouge », a déclaré le porte-parole du ministère irakien de la Défense, le major général Tahseen al-Khafaji, soulignant que l'Irak « ne permettra pas que les intérêts américains présents sur son sol soient visés ».

De plus, a-t-il expliqué, l'Irak « ne sera pas une plateforme de lancement pour des agressions contre les pays voisins ».

Le 3 octobre, le ministère irakien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre la menace proférée contre les forces américaines opérant sous autorité irakienne dans le cadre de la coalition internationale.

Ces forces ont dispensé des formations et des conseils aux soldats irakiens dans leur combat contre « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS).

Menaces iraniennes pour déstabiliser l'Irak

L'ancien vice-ministre irakien des Affaires étrangères Abdoul Kareem Hashim Moustafa a expliqué que l'Irak ne doit pas être utilisé comme « un corridor ou une base de lancement d'une quelconque agression visant les pays voisins ou les amis de l'Irak dans la région et dans le monde ».

Le député irakien Taha al-Lahibi a pour sa part indiqué qu'il « rejette catégoriquement » les propos de Masjidi, soulignant qu'avec des propos de ce type, l'Iran poursuit ses menaces dans le but de déstabiliser l'Irak et mettre en danger sa sécurité.

Le régime iranien prouve une nouvelle fois qu'il « respecte peu les normes diplomatiques et les conventions et les traités internationaux qui respectent la souveraineté des pays », a déclaré al-Lahibi à Diyaruna.

Il continue au lieu de cela à s'ingérer dans leurs affaires intérieures et leur droit à l'auto-détermination, a-t-il poursuivi, ajoutant que le régime iranien continue de « faire du tort aux Irakiens et mettre leurs vies en danger en violant leur souveraineté ».

La République islamique a tenté de faire de l'Irak « une scène de règlement de comptes et d'agression contre les pays de la région et leurs intérêts », a-t-il expliqué.

Les milices utilisées comme pions

Al-Lahibi a souligné que le soutien apporté par le CGRI aux milices irakiennes vise à alimenter les tensions en Irak et à plonger la région dans « les guerres, la violence et les conflits sectaires ».

« Les agents et les bras de l'Iran en Irak doivent bien se rendre compte qu'ils servent un régime qui tue le peuple irakien et qu'ils servent uniquement de carburant pour incendier le pays et la région », a-t-il continué.

« Leur défense de ce régime et de ses intérêts doit cesser », a-t-il ajouté.

Selon le politologue Alaa al-Nashou, les déclarations de Masjidi « prouvent que l'Iran ne voit pas l'Irak comme un pays indépendant qui prend ses propres décisions ».

Le régime iranien s'efforce depuis des années de saper la volonté et la souveraineté de l'Irak, et de tenter de contrôler ses décisions, a-t-il expliqué à Diyaruna.

La menace contre les forces américaines, les missions internationales et les intérêts en Irak et dans les pays voisins que représentent le CGRI et ses affiliés s'inscrit dans le cadre de la politique iranienne de « fabriquer le chaos », a déclaré al-Nashou.

Cela sert l'objectif du régime iranien visant à relâcher les pressions économiques sur l'Iran, a-t-il poursuivi.

Les Irakiens refusent l'ingérence iranienne

Al-Nashou a souligné les efforts iraniens visant à affaiblir l'Irak et impacter ses institutions, en particulier son appareil militaire et sécuritaire, tout en renforçant ses propres milices et en les encourageant à défier les décisions et les ordres du gouvernement.

« Les Irakiens ont toujours exprimé leur rejet et leur mécontentement face aux activités subversives de l'Iran et à ses tentatives incessantes de déstabiliser leur pays et de l'entraîner sur la voie de la guerre, des conflits et des troubles », a-t-il ajouté.

Le politologue Adel al-Ashram Ibn Ammar, président de l'Union al-Shimmar des intellectuels tribaux, a condamné toute violation visant à saper la souveraineté de l'Irak, et exprimé son rejet catégorique des dernières menaces iraniennes.

« Cela crée un dangereux précédent au niveau des relations diplomatiques », a-t-il déclaré à Diyaruna, ajoutant qu'il s'agit d'une « expression flagrante des efforts iraniens de détruire et de prendre le contrôle de l'Irak ».

« Les récentes manifestations irakiennes reflètent la colère publique contre l'intervention de l'Iran et de ses milices qui s'ingèrent dans la sécurité du pays, volent ses ressources et sèment le chaos et la destruction dans tout le pays », a-t-il ajouté.

Un habitant de Bagdad se faisant appeler Abou Ali a expliqué à Diyaruna qu'il soutenait les efforts de son gouvernement visant à défendre sa souveraineté et à empêcher toute ingérence dans ses affaires.

« Nous refusons les menaces iraniennes et soutenons toute action gouvernementale à cet égard », a-t-il ajouté.

Les Irakiens « en ont assez des ingérences iraniennes et ne veulent pas être impliqués dans des guerres par procuration, dont le prix se paie chèrement avec le sang des Irakiens, leur économie et leur avenir », a-t-il conclu.

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