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La Russie se fait plus présente en Syrie dans un contexte de lutte d'influence

Waleed Abou al-Khair au Caire

Des avions de chasse russes sur le tarmac de la base aérienne de Hmeimim, opérée par les Russes, dans la province syrienne de Latakia. [Photo extraite de la page Facebook de la base aérienne russe de Hmeimim]

Des avions de chasse russes sur le tarmac de la base aérienne de Hmeimim, opérée par les Russes, dans la province syrienne de Latakia. [Photo extraite de la page Facebook de la base aérienne russe de Hmeimim]

Le renforcement croissant, et de plus en plus public, de la présence militaire russe en Syrie est un signe clair de la lutte d'influence directe qui se joue entre la Russie et l'Iran, ont expliqué des spécialistes à Diyaruna.

Le 24 septembre, « des dizaines de journalistes » se sont rassemblés dans la campagne à l'ouest de Damas pour assister à la démonstration par un nouveau régiment de l'armée syrienne des compétences acquises au contact de conseillers militaires russes, a rapporté l'AFP.

De hauts gradés russes et syriens étaient également présents pour assister à cette session d'entraînement, au cours de laquelle les soldats ont simulé un d'assaut, ont tiré des salves de mortier et de roquettes, et ont procédé à des exercices de déminage et de premiers secours.

Lors d'une rare présentation des opérations militaires de Moscou en Syrie, des conseillers russes sont apparus devant les caméras tandis qu'avec l'aide d'un interprète arabe un conseiller russe apprenait aux troupes comment détecter et désamorcer des mines.

Des officiers russes et syriens accompagnent l'officier syrien Souhail al-Hassan lors de son inspection d'une unité militaire dans la province de Hama. [Photo extraite de la page Facebook de Liwa al-Qod]

Des officiers russes et syriens accompagnent l'officier syrien Souhail al-Hassan lors de son inspection d'une unité militaire dans la province de Hama. [Photo extraite de la page Facebook de Liwa al-Qod]

La police militaire russe en patrouille en Syrie. [Photo fournie par l'Observatoire syrien des droits de l'homme]

La police militaire russe en patrouille en Syrie. [Photo fournie par l'Observatoire syrien des droits de l'homme]

Parlant de ses troupes déployées en Syrie, la Russie les décrit souvent comme des « conseillers » militaires, alors même que ses forces et ses avions sont directement impliqués dans les combats.

Grâce au soutien militaire russe, les forces du régime syrien ont pu reprendre de vastes régions de Syrie aux mains de l'opposition et des combattants extrémistes depuis 2015, et elles contrôlent désormais près de 60 % du pays.

Les membres de cette nouvelle force d'élite, mise en place le 10 août, ont bénéficié de deux mois d'une formation militaire personnalisée avant d'apprendre à opérer en groupes importants.

Leurs commandants n'excluent pas la possibilité que ces troupes puissent se déployer dans Idlib, le dernier grand fief tenu par l'opposition, que le régime syrien s'est à plusieurs reprises engagé à reprendre, ainsi que l'ensemble du territoire syrien.

Présence militaire russe

Bien que l'intervention russe dans le conflit syrien ait débuté en 2015, la Russie disposait d'une présence militaire en Syrie bien avant, a rappelé l'avocat syrien Bashir al-Bassam.

Cela fait effectivement longtemps que la Russie dispose de bases et de conseillers militaires en Syrie, et qu'elle exerce une influence directe sur plusieurs unités et officiers de l'armée syrienne, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Depuis le déclenchement de la guerre en Syrie, la présence russe a pris différentes formes, a-t-il poursuivi, ce qui a eu une influence significative sur le cours des événements.

« L'intervention directe de la Russie dans cette guerre a commencé en envoyant des centaines de mercenaires russes participer aux opérations militaires en cours », a indiqué al-Bassam.

L'intervention militaire directe russe en Syrie n'a jamais été aussi claire, comme en témoigne la formation dévoilée publiquement qu'elle dispense aux unités de l'armée du régime syrien, a expliqué à Diyaruna le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah.

Les milices formées dans plusieurs régions ont combattu sous le commandement direct du commandement russe en Syrie, a-t-il souligné.

La base aérienne opérée par les Russes de Hmeimim dans la province syrienne de Latakia « bourdonne d'une activité permanente d'avions militaires qui effectuent des frappes en soutien aux forces terrestres du régime, notamment lors des combats à Idlib », a ajouté al-Abdoullah.

Cette base connaît actuellement des travaux d'extension qui devraient en doubler la capacité pour accueillir des chasseurs, a-t-il ajouté, soulignant que cela « montre la détermination de la Russie à maintenir sa présence militaire, et à le faire ouvertement ».

Lutte d'influence

Inviter les médias à couvrir la formation par l'armée russe d'un nouveau régiment syrien montre l'intense lutte d'influence à laquelle se livrent la Russie et l'Iran en Syrie, a expliqué à Diyaruna le politologue Abdoul Nabi Bakkar.

Chaque camp lutte pour imposer son influence sur le plus grand nombre d'unités de l'armée du régime syrien, a-t-il précisé.

On assiste à une présence renforcée de la police militaire russe sur le terrain, a-t-il noté, en particulier dans les régions contrôlées conjointement avec les forces iraniennes ou les milices affiliées au CGRI ou qui servent de tampon entre les deux camps.

Cette démonstration de force intervient dans un contexte de discours fréquents sur « la fin proche de la bataille pour Idlib », a conclu Bakkar, ce qui montre que la Russie semble déterminée à « dominer la région militairement et politiquement ».

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