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Droits de l'Homme

Les Irakiens exigent des réponses sur les « disparitions forcées »

Omar Ali à Bagdad

Une Irakienne porte une photo de son fils disparu, lors d'une manifestation organisée pour connaître le sort de milliers d'hommes portés disparus. [Photo diffusée sur l'internet]

Une Irakienne porte une photo de son fils disparu, lors d'une manifestation organisée pour connaître le sort de milliers d'hommes portés disparus. [Photo diffusée sur l'internet]

Le sort de milliers d'Irakiens victimes de « disparitions forcées » lors des combats pour la libération de leur pays de « l'État islamique en Irak et en Syrie » (EIIS) ces cinq dernières années reste à ce jour inconnu et leurs familles exigent des réponses.

Les autorités irakiennes sont incapables de donner des chiffres précis du nombre de personnes portées disparues, mais des sources politiques dans les provinces à majorité sunnite estiment qu'il pourrait y avoir plus de 12 000 personnes toujours portées disparues, parmi lesquelles des jeunes, des personnes âgées, des femmes et des enfants.

Les mêmes sources indiquent encore que la plupart de ces disparitions forcées sont le fait des factions armées appuyées par l'Iran au sein des Forces de mobilisation populaire (FMP).

Ces personnes ont disparu dans les régions d'al-Razaza, al-Saqlawiyah, al-Tharthar et al-Karma, dans la province de l'Anbar ; de Jurf al-Sakhr dans la province de Babel ; de Theraa Dijla et Abou Ghraib à Bagdad ; de Souleiman Bek, al-Siniyah, Samarra et al-Dor dans la province de Salaheddine ; et de plusieurs autres localités des provinces de Kirkouk, Ninive et Diyala, selon la coalition al-Qarar al-Iraqi dirigée par l'ancien vice-président Oussama al-Nujaifi.

La plupart des personnes portées disparues avaient fui pendant la guerre contre l'EIIS en 2015 et 2016 et, selon les témoignages de citoyens, avaient été arrêtées par les forces armées opérant en coordination avec les FMP, a indiqué la coalition dans un communiqué daté du 5 septembre.

La découverte le mois dernier de 31 corps non identifiés non loin de Jurf al-Sakhr a entraîné une certaine agitation chez les citoyens et fait renaître la crainte que nombre de ces personnes portées disparues aient déjà été abattues par des groupes armés hors-la-loi.

Des responsables politiques et des organisations de la société civile ont demandé qu'une enquête soit ouverte sur cette découverte et que ces corps ne soient pas brûlés avant que leur identité et les circonstances de leur mort puissent être déterminés.

Plusieurs signes pointent des prisons secrètes

Des informations des renseignements indiquent que les victimes de disparitions forcées sont détenues en des lieux échappant à l'autorité du gouvernement, a expliqué à Diyaruna le député de la province de Kirkouk Khalid al-Mafraji.

Elles sont détenues dans des prisons secrètes dans la ville de Jurf al-Sakhr, dans la province de Babel, dans la région de Sadr al-Qanat à Bagdad et dans le camp d'Ashraf de la province de Diyala, toutes contrôlées par les milices, a-t-il indiqué.

« Personne ne peut réfuter cette information, parce qu'il en existe de nombreuses preuves, notamment le fait que plusieurs de ces disparus de force ont été relâchés de ces prisons secrètes en échange d'argent, et que ce sont elles qui ont fourni ces informations et révélé les noms d'autres personnes disparues qui se trouvent encore dans ces prisons », a poursuivi al-Mafraji.

« Nous ne lançons pas des accusations au hasard ; nous avons des preuves et nous voulons que ces personnes soient libérées, ou au pire qu'elles soient jugées si des accusations pèsent sur elles », a-t-il ajouté.

Il a appelé le gouvernement et les partis politiques à parvenir à une solution à ce problème humanitaire afin que les souffrances « ne soient pas exacerbées au point que certains soient poussés vers l'extrémisme ».

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